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Chroniques

Ce qui naît, ce qui meurt

Étienne Dufresne dans les oreilles, je marche vers le traversier, puis Chloé Jara-Buto se faufile dans l’écho du fleuve, les glaces filent vite, et tout à coup Vincent Paul, je me fais bercer par les réverbérations de cette musique qui s’invente aujourd’hui, qui fourmille au creux de petits studios ou de sous-sols en manque de lumière. Semaine après semaine, j’écoute Le char de marge, repère de CISM, la radio du campus de l’Université de Montréal, qui arpente les palmarès de la musique alternative et émergente. Moment de découvertes, de coups de cœur qui m’accompagneront souvent toute l’année, cela constitue aussi un moment d’incompréhension devant certaines propositions — je me sens vieux, je me sens déconnecté, je me sens dépourvu. Je me sens vivant, surtout.

Lueurs

Lire les vivants

Pépites retrouvées

En cette époque faste où sont publiés plus de 6 000 titres annuellement dans toute la francophonie, la grande majorité d’entre eux peinent à jouir d’une visibilité médiatique, surtout lors de la surabondante rentrée littéraire automnale. Il arrive malheureusement que de formidables titres échappent à notre attention. Question de remédier à la situation, revenons sur ces pépites automnales à ne pas manquer.

La brèche

« Plus je vieillis et plus je trouve qu’on ne peut vivre qu’avec des êtres qui vous libèrent, qui vous aiment d’une affection aussi légère à porter que forte à éprouver. » Cette phrase, écrite par Albert Camus dans une lettre à René Char, je pourrais la dire à toutes ces personnes que je considère comme mes amies et amis.

Ce que peut l’essai

Il est impossible pour moi de ne pas vous communiquer ma joie de tenir cette chronique. Étant amoureux de ce genre littéraire et de cette revue, je suis pleinement conscient de ma chance. Porter des idées et des livres dans l’espace public est toujours un privilège. Cependant, au moment d’écrire ces quelques lignes, ce sont les difficultés que j’entrevois.

La beauté du détail

L’adage veut que le diable soit dans les détails. Or si le mal et le vice empruntent de minuscules chemins pour libérer leur venin, la beauté, la joie et la vertu trouvent elles aussi d’étroits circuits pour nous enchanter.

Raconter les tabous

Combien de gens hésitent à ouvrir ce livre? L’innommable tabou qu’est l’inceste effraie. À tous, je dis de lire ce livre. Pour contrer la stratégie d’évitement qui consiste à ne pas parler de viol d’enfants, mais surtout parce que ce récit est tout sauf rébarbatif et lourd. D’une saisissante beauté, Triste tigre évite ce que Neige Sinno craignait le plus, soit d’être lue à cause du sujet de son livre et non de sa qualité littéraire.

Les livres enthousiasmants

Pour certains d’entre nous, la lecture a toujours été facile. C’est un moment apaisant, qui permet à notre cerveau de décrocher du quotidien, de la réalité, une activité légère. Pour d’autres toutefois, la lecture est quelque chose d’ardu, qui les confronte à leurs difficultés. Il faut dire que c’est un processus complexe, qui passe du décodage des lettres à la création de sens, et plusieurs étapes peuvent être compliquées. C’est pourquoi plusieurs enfants éprouvent des difficultés croissantes en grandissant alors que les textes deviennent plus longs, et qu’ils s’en détournent. Mais les livres costauds avec du souffle sont parfois ceux qui nous font rester dans la littérature, qui nous permettent de ressentir toute sa force. Le genre de récit qui se lit d’ailleurs bien à voix haute!

Le superpouvoir de l’imaginaire

Quand on compare la littérature jeunesse à la littérature adulte, on peut se demander si les adultes ont quelque part perdu leur capacité à s’émerveiller et à croire tout simplement qu’il existe un réel différent et peut-être un peu plus magique que celui de leur quotidien.

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La maison. Le lieu du confort et de la sécurité. Un endroit peuplé de souvenirs; le nid douillet qui accueille famille et amis. Ce...

Livrer passage aux racines

Pendant six ans, j’aurai signé cette chronique sur les littératures de l’imaginaire dans Les libraires, revue que j’estime tout particulièrement. Ce n’est donc pas sans émotion que je rédige cet ultime texte dans ces pages aimées, longuement fréquentées (et que je continuerai à lire avec assiduité). Je propose de vous emporter une dernière fois en direction de territoires de légendes, au creux de l’un de mes espaces de prédilection. Vers des « ouvrages clairières », récits où la forêt et les lacs déploient leurs bourrasques souveraines. Rebienvenue dans les bois pendant que le loup n’y est pas. Quoique…

Les racines de l’eau

Chacun connaît des familles aux relations tortueuses. Parfois, il s’agit de la nôtre. Car les rapports filiaux peuvent être complexes en raison de la proximité qu’ils exigent. Pour l’auteur américain Michael McDowell, la généalogie est captivante, porteuse d’un puissant potentiel fantastique… et horrifique. L’écrivain renommé, à qui l’on doit Beetlejuice, a ainsi publié en 1983 les six tomes de Blackwater, saga familiale dont Alto propose ce printemps-été une toute première traduction française signée Yoko Lacour et Hélène Charrier.

Les animaux et l’élargissement de la sphère éthique

Aux États-Unis, vers 1750, le fait de posséder des esclaves ne troublait pas grand monde. Mais en 1850, la chose était devenue très controversée et, au début du XXe siècle, l'esclavage était une pratique absolument inadmissible, pour à peu près tout le monde.

Le bien commun

En Occident, vivre pendant toute une année en réduisant au maximum son empreinte écologique est un pari à la portée de nombreuses personnes, qu'on soit de la campagne ou de la ville. Le défi frise néanmoins l'utopie — et pour certains esprits défaitistes, la folie — quand on habite dans une mégapole où surconsommation rime avec pollution, quand nos moeurs laissent des traces nuisibles, indélébiles et souvent invisibles. C'est pourtant le pari fou qu'ont décidé de relever un New-Yorkais et sa petite famille. Un pari réussi.

La marcheuse au bout de la nuit

La première fois que j’ai entendu le nom d’Ouanessa, c’était le 22 août 2012 et je marchais sur le boulevard René-Lévesque avec des dizaines de milliers d’autres. Après avoir tendu mon poème-affiche Jeanne au cœur de mai au député de Mercier Amir Khadir, ce dernier m’a répondu qu’il fallait absolument que je lise le poème Nous marchons d’Ouanessa… et son nom de famille s’est perdu dans la clameur, le député s’est éloigné, j’ai noté sur un exemplaire de mon poème le prénom de Ouanessa, en le faisant commencer par W, comme un épais qui se magasine une assurance chez Wawanesa. Au lancement de son dernier livre, je suis monté sur scène pour lire ce très beau poème que j’avais recopié à la main juste avant de partir de chez moi.

Au cœur du monde

C’est un vieux fantasme. Tout écrivain rêve d’épuiser un lieu, l’instant d’une journée. De décrire la vie qui s’y trouve sous tous ses angles, comme un kaléidoscope tournant sur lui-même à l’intérieur de sa pensée, captant la lumière et la diffractant en autant de prismes de visions. Le plus monumental achèvement, en ce sens, demeure Ulysse de l’écrivain irlandais James Joyce, un pavé de 800 pages qui, d’une couverture à l’autre, trace le portrait du 16 juin 1904, une journée comme les autres dans l’étang noir dublinois. Georges Perec, autre farceur notoire, s’installa un jour au Café de la Mairie, place Saint-Sulpice, pour prendre compulsivement en note tous les faits et gestes qu’il observait autour de lui. Sa Tentative d’épuisement d’un lieu parisien n’est pas une lecture agréable, mais expérimentale au sens fort du mot. La science de cet oulipien s’impose comme un art de la futilité élevé au rang d’expérience métaphysique.

Cézanne et ses pays

Marie-Hélène Lafon, née en 1962 à Aurillac dans le Cantal et dont la plume inspirée, délicate et si précise a renouvelé au début du XXIe siècle la littérature du terroir et dont les magnifiques romans, depuis Le Soir du chien en 2001, fleurent la France d’en bas, pour reprendre l’expression de Raffarin qui fut premier ministre sous Chirac, quitte un temps le domaine romanesque pour s’intéresser à l’un des plus importants peintres français, l’Aixois que (et qui) rejeta Paris, Paul Cézanne.

Pouvoir lire

Avez-vous déjà acheté un livre numérique via le site leslibraires.ca? Si tel est le cas, vous avez possiblement considéré que c’était la croix et la bannière. Heureusement, ce temps est maintenant révolu.

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