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Une fille atypique (t. 1)

Une fille atypique était le livre qu’il me fallait pour bien amorcer l’année 2024 et le nouveau chapitre de ma vie. J’assume complètement l’attachement que je porte à ce manga qui encourage scrupuleusement la dualité entre les autistes, dont je fais partie, et les neurotypiques. Seijin Gesui est un mangaka amateur qui passe son quotidien à créer des œuvres et à livrer les journaux le matin avant l’aube, jusqu’à l’arrivée surprise d’une fan du nom de Megumi Saîto. Avec Megumi, on va comprendre une réalité où on opprime l’anormalité dans une société mangée par l’avanie et des manies qui la différencient de l’humain supposément fonctionnel. Si vous prenez le temps de lire l’histoire, vous allez forcément aimer l’introspection dont Seijin fait preuve. Ce manga, bien qu’il ait fait renaître certaines de mes blessures, me donne envie d’être l’idéaliste que j’étais à la maternelle.

Dessine bandé

Êtes-vous prêt.es à vous dilater la rate? C’est ce qui risque fortement d’arriver à la lecture de Dessine bandé, dont le titre à lui seul illustre parfaitement toute l’habilité d’Alex Lévesque (parce que c’était juste là, mais il fallait tout de même y penser). L’efficacité de la série de courts gags repose sur l’imagination sans borne de l’humoriste, lequel parvient à renouveler jeux de mots caustiques et chutes insolites. Une véritable intelligence comique teinte un dessin pourtant simple et des thèmes souvent (très) niaiseux. On y découvre avec délectation des cases bonus en principe accessibles sur Patreon.

Botanica drama

Qui connaît l’histoire de la genèse du monde? Le big bang, les astres et tout le tralala. Pour la majorité, c’est quelque chose de bien connu. Et si on vous disait que tous ces astres, depuis leur naissance, vivent une vie bien normale, mélangeant activités et travail au quotidien, est-ce que vous y croiriez? C’est avec cette prémisse loufoque que Thom nous accueille avec humour. On suit l’histoire d’un petit village sur Terre habité par des animaux de tout genre ainsi que par les deux personnages principaux, la Mort et la Vie. La particularité de ce village et, par la bande, de cette BD est l’absence de mots. L’expression clichée disant qu’une image vaut mille mots s’applique à merveille à cet ouvrage qui ne présente aucune bulle de texte, si ce ne sont celles pour les quelques onomatopées. Juste pour la sensibilité et la douceur du récit, il faut « lire » cette œuvre.

Résister et fleurir

Cette bande dessinée essayistique se base sur un cours offert par Jean-Félix Chénier, enseignant en science politique au Collège de Maisonneuve. Il présente, entre autres, une réflexion sur la dystopie de Ray-Mont Logistiques (activité 24/7 + passage de 1 000 camions et 100 wagons par jour + entreposage de 10 000 conteneurs à moins de 150 mètres des habitations) et l’utopie du Parc-Nature, deux projets qui visent un même secteur du quartier Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal. « Résister et fleurir » est le slogan de la mobilisation citoyenne, seule réelle résistance puisque les élu.es de Montréal font l’objet d’une poursuite de 373 millions de dollars. Les aquarelles de Yoakim Bélanger sont vibrantes, à l’image de l’énergie qui anime les résident.es. Le tout suscite l’envie d’imaginer d’autres façons de vivre.

Le fils de Pan

Fabrizio Dori est de retour avec son personnage haut en couleur, le satyre Eustis, perpétuellement aviné et égaré dans le monde des Hommes. Alors qu’il cherche à rejoindre la Cour du dieu Dionysos, la déesse de la lune lui confie le fils de Pan, un jeune dieu sur lequel il devra veiller. Or, Eustis a d’autres chats à fouetter que de s’occuper d’un bambin, divinité ou non! Pendant ce temps, en Italie, Zoé s’occupe de la succession de son père et découvre des carnets où il conte ses aventures avec son ami Eustis, un prétendu demi-dieu… Son père avait-il donc perdu l’esprit? Mêlant mythologie et monde moderne, Le fils de Pan est une pépite de lecture qui nous enchante grâce à la plume léchée, le trait coloré et l’humour absurde de son auteur.

Milo & les créatures du grand escalier

Milo et sa famille viennent d’emménager dans une maison vieillotte. À la demande de sa mère, Milo descend au sous-sol récupérer une chaussette appartenant à sa petite sœur. Commence alors une quête qui fera parcourir un monde souterrain énorme à Milo. Au cours de ce périple, il traversera divers environnements, rencontrera des ennemis effrayants et des monstres gentils, élucidera un labyrinthe, et j’en passe. J’ai adoré ce livre pour le style graphique de Ben Hatke, ses couleurs et ses dialogues brefs et efficaces. Toutefois, ce que j’ai préféré est l’impression d’être dans un jeu vidéo du genre Little Nightmares. À lire absolument si vous aimez les histoires un peu effrayantes et les morts-vivants sympathiques. Vivement une suite! Dès 9 ans.

Passages secrets : Trompe-l’œil

Axelle Lenoir raconte ici le désarroi qu’elle a vécu, enfant, lorsqu’il a bien fallu qu’elle aille à l’école. Teintées d’autodérision autant que d’une lucidité à fleur de peau, les anecdotes dépeintes par l’autrice témoignent de ces moments clés où les enfants perdent leurs repères et doivent se conformer à une certaine idée de la société. Incomprise mais refusant de s’effacer, l’autrice nous plonge dans un univers parallèle où évoluent autour d’elle ses parents extraterrestres, ses frères étranges et cette forêt qui la nargue. Revendiquant haut et fort ses nuances, l’Axelle Lenoir d’aujourd’hui se permet d’apparaître ici et là dans le texte, afin de commenter le passé à la lumière de son présent, donnant du rythme à une BD fraîche et mordante.

Dédé

Dédé est un personnage dont la finalité de sa vie m’a profondément ému. Après quelques biographies et un film, sans parler des documentaires, c’est par la voie de la bande dessinée qu’il reprend forme sous nos yeux. C’est avec un jeu de couleurs, de filigranes, de mises en page saisissantes, que le poète de l’image, Christian Quesnel, nous livre un portrait éblouissant du chanteur. Chaque case est une œuvre d’art. Son accès à des documents inédits et à des sources directes a permis de rendre cet objet unique et émouvant. Je suis ressorti de cette lecture pas mal ébranlé et avec une forte envie d’écouter les albums des Colocs. Un bon premier coup pour la première bande dessinée parue chez Libre Expression!

La fiancée

Dans cette bande dessinée, Éléonore Goldberg adapte librement Le Dibbouk, une pièce de théâtre écrite en 1917 par Shalom Anski à Vilna, et maintes fois reprise depuis. Son histoire raconte la vie de Léa, jeune habitante du village ukrainien aujourd’hui disparu de Brinytze. Enfant d’un père riche influent et d’une mère défunte, elle se voit forcée d’épouser un inconnu en raison de son ambition et de sa fortune. Amoureuse d’un autre soudainement décédé, Léa verra son destin être manipulé par les esprits et les croyances occupant la religion et la culture juive. Les illustrations prenantes de Goldberg nous font vivre une totale immersion dans la culture juive et ukrainienne de l’époque, créant un doux mélange d’espoir et de mélancolie.

Le nécromanchien

Deux artistes vont se livrer le duel d’une vie à travers leur œuvre respective. L’un est surdoué et opportuniste, l’autre est dévoué et torturé par son intégrité héroïque. Le premier peint des chats splendides et souverainement indifférents, l’autre va enfin trouver son filon le jour où on lui offre un chien. De l’amitié entre ce sympathique canidé et l’idéaliste en panne va jaillir la plus pure des inspirations. Matthias Arégui s’est ici surpassé dans la polyvalence de son style : réclame publicitaire accrocheuse pour ouvrir les chapitres, esthétique près de l’école Cornélius pour l’ensemble, influence occasionnelle du manga pour la composition et le mouvement, et œuvres mises en abyme aux accents impressionnistes.

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