La mer un peu plus bas sifflait doucement. On la voyait pleine de
lune et de velours, souple et lisse comme une bête.

– Albert Camus, La mort heureuse

Entre sel et écume, entre vagues et chimères, l’eau enivre ou inquiète, selon ce qu’elle revêt comme manteau pour celui qui y pose les yeux. Avec ses personnages « jetés sur la crinière des océans immenses à la poursuite d’îles en dérive », pour reprendre à nouveau les propos de Camus, la faune l’habitant (comme ils fascinent, ces monstres marins!), ou les embarcations qui la chevauchent, la mer comme les rivières ont de quoi fasciner l’esprit littéraire.

Dans les pages qui suivent, vous voguerez aux côtés de pirates, de baleines, de marins, de sirènes et de pêcheurs. Vous découvrirez comment les auteurs placent au centre de leur création la thématique du fleuve ou des mers, vous apprendrez que la vie de gardien de phare en est une de solitude. Vous plongerez sous l’eau pour en arpenter les profondeurs et les secrets et vous entendrez peut-être, vous aussi, cet appel du large.

Dans ce dossier

Emmanuel Poinot : S’éprendre d’une île

Nous sommes à la fois dans le passé sur une plateforme pétrolière au milieu de l’océan et dans le présent, celui qu’arbore l’immuabilité des heures campées dans un phare où la vaste mer se laisse contempler. Chevauchant cette vie faite d’eau qui se fait tantôt calme, tantôt tourmente, Sven, un être flegmatique, mais aussi très friable, devra faire avec le courant. Dans son livre La nuit funambule, l’écrivain Emmanuel Poinot nous donne à voir, furies et amours, tous les temps de la marée. Gonflées d’amertume, mais également bénies par des vents favorables, les vagues altières charrient toujours ce qu’il faut pour qu’advienne au lendemain des jours troubles un horizon de lueurs aperçues.

Pour les voiliers qui n’existent pas

Durant près de cinquante ans (1967-2015), au gré de quatorze romans, Jacques Poulin a creusé en Amérique le lit du fleuve-écrivain.

Moby Dick ou je n’irai pas à la mer

Moby Dick. Je lis ce nom et le vent souffle, le crachin frappe mon visage, la mer est mauvaise. Bravant la houle, Quiequeg se tient au bout de la baleinière, son harpon prêt à frapper la bête, le monstre, la masse d’île, le mythique cachalot blanc. Je lève les yeux de la page. Le calme revient.

L’ivresse du large

Pirates, chiens de mer, corsaires, flibustiers, boucaniers, conquistadors et autant d’autres navigateurs ont sillonné sans relâche les eaux du globe et l’imagination des gens qui rêvent. Pas de surprise, donc, que l’univers de la piraterie se retrouve dans les films (Pirates des Caraïbes, Peter Pan, L’île au trésor), les jeux vidéo (Sea of Thieves, Uncharted 4, Skull and Bones), les jeux de société (Jamaica, Sea of Clouds, Libertalia)… et les livres! Embarquez-vous pour un périple livresque enlevant, bercé par le grand air salin, le cri des mouettes, l’odeur de l’écume, le tintement des doublons et l’haleine des ouragans! Et un relent distant de foie de morue…

Vagues d’inspiration

Ils sont plusieurs auteurs à se laisser porter par l’aspect romanesque des eaux. Découvrez-en ici quelques-uns qui ont placé ce thème au cœur de leur création.