Chroniques
Lueurs
Le meilleur ami de l’homme
Ce que peut l’essai
Une riche leçon d’éthique journalistique
Raconter les tabous
Quêtes dévoratrices
Le superpouvoir de l’imaginaire
Pour patienter jusqu’à Noël
La fin est-elle proche?
Chers voisins…
La fin est-elle proche?
Chers voisins…
Livrer passage aux racines
Les racines de l’eau
Les animaux et l’élargissement de la sphère éthique
Le bien commun
La marcheuse au bout de la nuit
La première fois que j’ai entendu le nom d’Ouanessa, c’était le 22 août 2012 et je marchais sur le boulevard René-Lévesque avec des dizaines de milliers d’autres. Après avoir tendu mon poème-affiche Jeanne au cœur de mai au député de Mercier Amir Khadir, ce dernier m’a répondu qu’il fallait absolument que je lise le poème Nous marchons d’Ouanessa… et son nom de famille s’est perdu dans la clameur, le député s’est éloigné, j’ai noté sur un exemplaire de mon poème le prénom de Ouanessa, en le faisant commencer par W, comme un épais qui se magasine une assurance chez Wawanesa. Au lancement de son dernier livre, je suis monté sur scène pour lire ce très beau poème que j’avais recopié à la main juste avant de partir de chez moi.
Au cœur du monde
C’est un vieux fantasme. Tout écrivain rêve d’épuiser un lieu, l’instant d’une journée. De décrire la vie qui s’y trouve sous tous ses angles, comme un kaléidoscope tournant sur lui-même à l’intérieur de sa pensée, captant la lumière et la diffractant en autant de prismes de visions. Le plus monumental achèvement, en ce sens, demeure Ulysse de l’écrivain irlandais James Joyce, un pavé de 800 pages qui, d’une couverture à l’autre, trace le portrait du 16 juin 1904, une journée comme les autres dans l’étang noir dublinois. Georges Perec, autre farceur notoire, s’installa un jour au Café de la Mairie, place Saint-Sulpice, pour prendre compulsivement en note tous les faits et gestes qu’il observait autour de lui. Sa Tentative d’épuisement d’un lieu parisien n’est pas une lecture agréable, mais expérimentale au sens fort du mot. La science de cet oulipien s’impose comme un art de la futilité élevé au rang d’expérience métaphysique.