La petite vie... cette série créée en 1993 par Claude Meunier célèbre en 2023 son trentième anniversaire avec une cinquième saison de six épisodes, diffusés en primeur sur ICI TOU.TV EXTRA. La société québécoise se reconnaît dans cette satire d'une famille québécoise de classe moyenne ouvrière haute en couleur. Dans les années 1990, son écriture aussi comique que stéréotypée lui a valu plusieurs citations cultes. En fouillant plusieurs livres d'ici, notre robot lecteur nous offre une bouffée de nostalgie avec dix citations! La lecture de l'étude de Michèle Nevert, La petite vie ou Les entrailles d'un peuple (XYZ), est un incontournable sur le sujet.

1. Granby au passé simple, Akim Gagnon (La Mèche)

« Le cynisme s’installa en moi. La seule façon de calmer toutes ces voix qui s’entrechoquaient dans ma tête fut de m’automédicamenter aux Reese’s. Le traitement se montra efficace, stoppant temporairement le feu qui me rongeait. Ça me ramenait à la case départ, soit celle qui me poussait à vouloir aider mon père pour mettre un frein à tout ça. Ce soir-là, pour être certain que Pop ne retournerait pas jouer au bingo sur la table, je sortis le matelas de ma chambre et j’insistai pour dormir avec lui dans le camping-salon. Nous écoutâmes plusieurs épisodes de La Petite Vie que mon père avait enregistrés sur une VHS. Nous nous endormîmes à peu près en même temps. Je ne pouvais pas donner de job à mon père, mais je pouvais au moins lui rappeler que moi, je ne le crisserais jamais dehors. »

2. Simone, Mélanie L’Hérault (Saint-Jean)

« Des éclats de voix me parviennent aussitôt. — Simone! Viens voir ça! me supplie une voix. — Tu m’emmerdes! J’ai pris ça chez Lululemon, tout fitte ensemble, se défend mollement ma mère, comme prise d’un doute. — Ben c’est ça le problème, Manu, t’as l’air de Lison dans La petite vie! s’étrangle Fredo. Me voyant arriver, ma tante m’attire vers elle. — Simone, ah non, t’es trop jeune pour avoir écouté ça, tu le googleras. Checke Manu! — Maman, voyons, t’as l’air d’une crotte au fromage, que je la gronde, plus choquée par ce que je vois qu’amusée. — Une crotte de fromage! Pouahhhhhh! éclate ma tante de plus belle. T’as vu, elle a même le bandeau! — Maman, franchement! »

3. J’ai fait un humain, Gabrielle Caron (Trécarré)

« Il est absolument immobile. Je sais ce que ça veut dire. Il essaie de contrôler un fou rire. Je me tourne vers lui. Il sent mon regard et me fait un petit non de la tête. ‘‘Arrête. On ne peut pas avoir un contact visuel, sinon j’explose.’’ J’apprendrai après qu’il n’a pas été capable de décrocher de la gigantesque moustache du deuxième père et de la permanente imposante de la troisième mère. Il avait l’impression de voir des personnages de La Petite Vie. Son rire interne m’a contaminée. Finie, la panique, bonjour, le fou rire. Nous passons tout le reste du film – qui m’a semblé durer quatre heures – à nous tenir la main et nous la serrer à des moments-clés. »

4. Jacques Duval, Jacques Duval (Québec Amérique)

« Les jeux de mots, les imitations et les blagues en général ont sur moi une très grande emprise et, par expérience, j’irais même jusqu’à dire que l’humour me tient lieu de thérapie. J’aime rire et j’atteins quelquefois un tel niveau de décibels en le faisant qu’il m’arrive d’effrayer mes petits-enfants. En raison d’une bronchite chronique, je peux même quelquefois rire à en perdre le souffle, si bien que je dois m’assurer d’avoir un Ventolin près de moi en regardant d’anciens épisodes de Seinfeld ou de La Petite Vie. Ce goût de rire ne date pas d’aujourd’hui. »

5. Splendeurs et misères de l’homme occidental, Pierre Gobeil (Hamac)

« A — Quand je t’ai fait part de notre projet, tout de suite tu as fait le lien avec une émission de télévision. Tu te souviens de ce que tu m’as dit? J — Oui. La petite vie. Bien sûr que je me rappelle. Le Popa et puis la Moman aussi, par association. A — Pourquoi c’est ce personnage qui t’est venu en premier? J — Je ne sais pas. Les poubelles, le sous-sol… Peut-être le sous-sol d’abord, comme dernier refuge de l’homme contemporain. Tu me disais que ton père avait son garage. Moi… (rires) moi, puisqu’il faudra bien que je parle de moi à un moment donné, tu sembles avoir décrété en partant que c’est mon atelier. A — Comme dernier retranchement? J — Alors que je n’avais pas vu ça comme ça auparavant. Quand on y pense, le sous-sol, le garage, l’atelier, ce ne sont là que les éléments d’un même thème : celui du refuge de celui qui est chassé de la maison, qui ne trouve plus sa place chez lui pas plus qu’il ne la trouve au travail ou dans sa famille. »

6. Mademoiselle Samedi soir, Heather O’Neill (Alto)

« Une femme âgée, vêtue d’une robe de chambre orange, est sortie de l’immeuble. Ses cheveux blancs étaient fixés dans tous les sens avec des bobépines. Elle s’est mise à marcher vers nous avec sa canne. — Oui, madame*, a dit Raphaël farouchement. Est-ce que je peux vous aider? Je peux vous aider? Ce n’est pas un spectacle. Si c’était un spectacle, je vendrais des billets et vous ne pourriez pas vous les permettre. Alors retournez regarder La petite vie. — Je vais rater La petite vie! me suis-je exclamée, toujours couchée par terre. Je te déteste. Dire que j’ai déjà gagné un concours de beauté. — Et voilà. C’est reparti. »

7. Couple en thérapie, Geneviève Cloutier (De Mortagne)

« L’avantage de travailler de la maison, c’est qu’on peut plus facilement réorganiser notre journée, et comme c’est pédagogique pour les enfants, on n’aura pas à se soucier de leurs cours. Trois petits symboles qui indiquent une ellipse, un saut dans le temps. Symbole féminin, symbole lucifer, symbole masculin. — Creton, j’ai reçu un courriel de confirmation pour notre rendez-vous avec des renseignements sur notre thérapeute. — ‘‘Creton’’, t’es sérieuse? J’ai-tu l’air de Lison dans La petite vie?! s’offusque Greg. — Je fais des efforts pour satisfaire ton besoin de surnom cute. — Chéri, mon amour, ça te tente pas? — Ben là, tant qu’à avoir attendu quinze ans avant de t’en donner un, j’essaie d’être un peu originale! — Cherche encore, Mel. »

8. Le téléroman québécois : Entre modernité et postmodernité, Renée Legris (Septentrion)

« Sur plusieurs décennies, les téléséries de sketches comiques, présentées à CBFT et TVA, n’ont cessé de conquérir un large auditoire. Ce genre téléromanesque atteint un sommet d’audience avec le comique burlesque de La Petite Vie (1994, 1996) de Claude Meunier, où popa et moman sont entourés de personnages loufoques et vivent des situations à caractère obsessionnel symbolisé par les ‘‘vidanges’’, dont il faut que popa débarrasse la maison. Outre les répliques, le jeu des comédiens et la mise en scène des personnages, les vêtements créent un effet de comique dans la mesure où la mère est jouée par un comédien, bien maquillé, mais qui garde les traits d’un homme. Les costumes des personnages permettent d’identifier les rôles féminins et masculins et en définissent le caractère humoristique ou bouffon. »

9. Le bonheur est passé par ici, Francine Ruel (Libre Expression)

« — Il va devoir cuisiner un pâté chinois! — Pourquoi un pâté chinois? — Parce qu’il paraît que tous les Québécois savent faire ça. Mais ce que les spécialistes ne savent pas, c’est qu’Armand n’a jamais cuisiné de sa vie! C’est à peine s’il sait faire bouillir de l’eau. On a ri à s’étouffer devant le ridicule de la situation. J’essayais d’imaginer Armand devant son plat de pâté chinois. Il allait sûrement ressembler à notre Thérèse nationale dans La Petite Vie et mélanger tous les ingrédients et les étages. Pourtant, c’est simple : steak, blé d’Inde, patates. — Il y a quelques années, Armand voulait faire un voyage et il m’a demandé de lui suggérer un endroit où il n’était jamais allé. Je lui ai dit: ‘‘La cuisine, chéri! Ça, c’est une contrée qui t’est totalement inconnue et où tu n’as jamais mis les pieds!’’ »

10. Chick Lit : La consoeurie qui boit le champagne (t. 1), Amélie Dubois (Les Éditeurs réunis)

« — Salut, belle jeune fille! — Ah! le charming qui m’appelle, je suis chanceuse! — D’autant plus chanceuse que ce charming s’ennuie de toi et il veut te voir… Pour tout le week-end cette fois-ci! — C’est long, tout un week-end! — Lièvre-du-Loup, c’est à mi-chemin ça? dit-il. — Ha ha ha! Lièvre-du-Loup, c’était dans un épisode de La Petite Vie ça, hein? — Exact! Personne ne comprend quand je fais cette blague, d’habitude! J’analyse rapidement la situation géographique et je finis par accepter en me disant que cela ne représente qu’environ trois heures trente de route. »


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