Un certain art de vivre de Dany Laferrière est une nouveauté chez Boréal qui rejoint les rayons des librairies ce mois de mars. L'écrivain haïtien-canadien de renommée internationale livrera en avril son œuvre autobiographique chez Bouquins, Autobiographie américaine. À plusieurs égards, ses écrits sont remarquables, à la fois pour leur engagement politique et social, ainsi que leur exploration des questions d'identité culturelle et de l'exil. L'importance de Dany Laferrière sur la scène littéraire fait qu'on parle de lui, et ce, même dans les livres de ses contemporains. Grâce à notre robot lecteur, plusieurs apparitions de son nom ont été dénichées, dont maintes anecdotes savoureuses.

1. La maison mère, Alexandre Soublière (Boréal)

« […] j’ai toujours été fasciné par l’anecdote qui veut qu’une dame, dans un café, ait demandé à Pablo Picasso de lui dessiner quelque chose. Après l’avoir fait, ce dernier lui aurait dit qu’elle pouvait l’acheter pour quelques milliers de dollars. La dame, étonnée, lui aurait répondu que le dessin n’avait pris que quelques minutes, comment pouvait-il valoir autant? Selon la légende, Picasso aurait répondu : ‘‘Mais non, madame, il m’a fallu quarante ans pour faire ce dessin.’’ Ça me rappelle toujours la fois où Dany Laferrière m’a raconté au Salon du livre qu’une lectrice lui avait dit : ‘‘En tout cas, la file est longue pour vous rencontrer, monsieur Laferrière, ça doit faire au moins une heure que j’attends.’’ Dany avait répondu : ‘‘C’est bien peu! Moi, ça fait dix ans que je vous attends!’’  »

2. Transmissions et transgressions dans les littératures de l’Amérique francophone, collectif (Perce-Neige) 

« […] Dany Laferrière s’écarte de la tradition des écrivains francophones engagés, ainsi que du cliché des écrivains ‘‘migrants’’ nostalgiques de leur lieu d’origine. Mais il ne reste pas moins fidèle aux lois de l’institution et du marché, s’inscrivant de la sorte dans une dynamique de continuité et de ruptures. ‘‘Un écrivain noir qui parle du racisme fait forcément de la provocation’’, déclare Dany Laferrière dans un entretien avec Francine Bordeleau. »

3. Le bal des absentes, Julie Boulanger et Amélie Paquet (La Mèche)

« Nous avions pourtant une grande complicité lorsque nous lisions ensemble quelques semaines plus tôt Pays sans chapeau de Dany Laferrière. J’adore le passage où un personnage raconte que c’est un Haïtien qui a marché sur la lune en premier. En le lisant en classe, je ne pouvais pas m’empêcher de rire aux éclats. Mes étudiant·e·s s’amusaient aussi. »

 

4. Il y a des histoires qui finissent bien, Helene Custeau (Saint-Jean)

« Après les avoir laissés s’échapper de sa vue, le poème d’Aragon chanté par Brassens s’incruste dans sa tête comme un ver de méninge. Elle l’emporte malgré elle quand elle retourne travailler à son manuscrit chez Anne-Marie. C’est une calamité. Cette foutue chanson l’empêche de se concentrer. Elle se fait couler un bain de mousse pour adopter un point de vue nouveau, celui de Dany Laferrière, qui passe son temps dans son bain. On ne doit pas voir les choses de la même manière lorsqu’on cogite dans l’eau chaude en se mettant dans la peau d’un écrivain consacré. »

5. Écrire pour vivre, Jean-Benoît Nadeau (Québec Amérique)

« C’est le romancier Dany Laferrière, un des maîtres dans le domaine de la publicité, qui disait qu’un livre est certes une œuvre d’art, mais aussi une marchandise. Laferrière était encore un immigrant récent au moment de la parution de son premier livre, Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer. Il avait fortement conscience qu’il jouait littéralement sa vie sur ce premier livre. Devant le premier photographe de presse, il est même allé jusqu’à se dévêtir – ce qui était tout à fait dans le ton, vu le sujet et le titre de son livre. Cela lui a assuré une certaine presse, d’autant plus qu’il est physiquement bien fait. Même si je ne suis pas certain que je me dévêtirais pour épater la galerie, je n’en pense pas moins : un bon auteur est un bon artiste et un bon vendeur de souliers. Si on veut vivre de son écriture, on ne peut pas penser autrement. »

6. La poudre aux yeux, Joseph Elfassi (Stanké)

« Le Québec, pour lui, c’est Jean Leloup et Le Dôme, cet Algérien fou au lyrisme faisant chanter les foules les plus hétéroclites. C’est la voix grave de Leonard Cohen enveloppant le cœur des gens enivrés par une caresse délicate, jouissive et meurtrière. C’est Léa Pool, Dany Laferrière et ses sourires tristes, c’est le militantisme presque naïf des Cowboys fringants, c’est le rap québécois, bien au-delà de D-Natural, découvert grâce à l’humour irrésistible de Louis-José Houde, c’est Manu Militari, mais c’est surtout Alaclair Ensemble, Brown, Dead Obies. Le métissage continu de langues complexes et de belles idées. »

7. Caroline St-Hilaire : Se faire entendre, Geneviève Lefebvre (Libre Expression)

« La première fois que Dany Laferrière, un grand ami de Maka [Kotto], est venu souper à la maison, je pensais qu’il fallait que je lise toute la bibliothèque! Jamais une fille n’a autant regretté de ne pas avoir lu toute La Pléiade dans sa vie! J’avais tort. Dany, comme Maka, ne se place pas au-dessus des autres. Ces deux-là ne sont pas condescendants, ils sont généreux. »

 

8. Un vent fou s’est levé dans ma tête, Lise Vaillancourt et Carole Fréchette (Leméac)

« Un jour, je participais à une table ronde où on avait demandé à Dany Laferrière si, en tant qu’écrivain migrant, il avait le sentiment d’écrire dans la marge. Tu conviendras que ce n’est pas le genre de question qu’un écrivain se pose en tant que tel; est-ce que j’écris dans la marge ou non? On écrit, un point c’est tout. Il y avait également Abla et Stanley Péan à cette table ronde. J’étais assise à côté de Dany. La question, me semblait-il, l’avait blessé. Il a répondu que quand on écrit, on se met au centre. Qu’on ne peut pas écrire dans la marge, parce qu’on n’est pas dans une marge quand on écrit. On était dans les années quatre-vingt-dix. »

9. De Groulx à Laferrière : Un parcours de la race dans la littérature québécoise, Corrie Scott (XYZ)

« […] Dany Laferrière, dans Je suis un écrivain japonais, cultive une vision insolente, comique et floue des notions raciales qui mobilise avant tout la littérarité de la race. Christian Desmeules résume éloquemment l’intrigue du roman : Un écrivain noir vivant à Montréal, qui a un don certain pour trouver des titres accrocheurs à ses romans, en imagine un qui dépasse tous les autres (Je suis un écrivain japonais), le lance tout de suite à son éditeur parisien qui s’emballe et lui concède une petite avance. Le consulat du Japon a mystérieusement vent de l’affaire, on s’agite à Tokyo où on s’indigne, on dépêche même une équipe de tournage pour le suivre à la trace. Mais l’écrivain, lui, reste immobile, le roman ne dépasse jamais l’étape cruciale du titre. Le roman ne s’écrit pas, mais il existe quand même, happé par les forces centripètes du grand cirque ordinaire. »

10. Désordre et désirs, Catherine Voyer-Léger (Hamac)

« Quelques heures avant ce tournage, je dînais avec Dany Laferrière croisé, par hasard, dans un congrès. Pendant qu’on discutait de mon premier livre, il m’a dit, sur un ton qui ne blâmait rien : ‘‘Vous prendrez goût à faire parler de vous.’’ Ma réponse, une question rhétorique et ironique : ‘‘Vous croyez?’’ (Il y a des limites, tout de même, à faire du déni par rapport à soi-même.) J’aime les rideaux, mais je ne les ferme pas beaucoup quand vient la possibilité de me raconter. En même temps, certains auront la décence d’admettre que dans le quotidien, je les écoute… C’est une forme d’équilibre. Dans la présence de l’autre, j’écoute. Dans la solitude, je m’écris. Le danger, c’est de densifier sa solitude pour en venir à s’écouter écrire. »

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