Avec l’été qui s’achève, l’école qui reprend, les soirées qui s’estompent et le soleil qui subrepticement s’éloigne de nous, il y a un certain réconfort à aller chercher dans l’écho de la chaleur des presses et l’odeur caractéristique des livres fraîchement imprimés, porteurs des promesses de la plus attendue des saisons littéraires. Notre littérature, est-il besoin d’en faire mention, se porte merveilleusement bien. De nouvelles maisons d’édition continuent d’émerger, d’autres, désormais bien établies, prouvent année après année la pertinence de leur apport à l’édifice littéraire commun, d’autres encore parviennent à se renouveler tout en honorant les traditions ayant su les faire perdurer. Toutes, enfin, œuvrent de façon complémentaire à faire rayonner ce qui s’écrit ici et maintenant. Voici donc, livré pour vous, le meilleur de ce que la rentrée littéraire québécoise 2022 a à offrir.

À surveiller

Les marins ne savent pas nager
Dominique Scali (La Peuplade)
De retour dans le paysage littéraire avec une fresque maritime pleine de frasques empruntant à l’âge d’or du roman-feuilleton un rythme effréné, de multiples péripéties et une galerie de personnages aussi denses que savoureux, l’autrice d’À la recherche de New Babylon reprend le flambeau de l’aventure dans ce deuxième roman riche en bouillons et en remous. (Voir aussi la chronique ici.)

 

 

Le monde se repliera sur toi
Jean-Simon DesRochers (Boréal)
Au fil de ce roman à la trame complexe mais fluide, à la faune hétéroclite et imprévisible et au propos inquiétant, l’auteur de La canicule des pauvres propose une suite de microrécits s’imbriquant les uns dans les autres à la manière d’un jeu de dominos, le tout finissant par brosser un portrait aussi sombre que juste du monde au sein duquel tout un chacun évolue.

 

 

 

Perdre la tête
Heather O’Neill (trad. Dominique Fortier) (Alto)
Dans le Montréal du XIXe siècle, Marie Antoine et Sadie Arnett sont deux enfants unies par une amitié aussi indéfectible qu’inquiétante et qui finit par forcer la nécessité de leur séparation. Des années plus tard, au cœur de l’adolescence et tandis qu’elles évoluent de façon fort différente, de grands bouleversements agitent la ville et chacune y est pour quelque chose.

 

 

Correlieu
Sébastien La Rocque (Le Cheval d’août)
Cinq ans ont passé depuis Un parc pour les vivants, mais l’attente en aura valu la peine pour ce deuxième roman qui raconte avec humour et sensibilité le quotidien d’un vieil ébéniste et de sa jeune apprentie, entourés d’une bande de joyeux lurons bien décidés à ne pas laisser la modernité tordre le cou à leurs idéaux.

 

 

J’étais juste à côté
Patrick Nicol (Le Quartanier)
Trois ans après Les manifestations, celui dont les débuts littéraires remontent à 1993 publie un dixième roman où le conservatisme rampant du Québec contemporain sert de toile de fond au parcours de Pierre, un prof de cégep dont l’entourage et les fréquentations alimentent une réflexion sur la nostalgie, la culture, l’évolution des mœurs et l’émergence de nouvelles valeurs.

 

 

La vie virée vraie
Laurance Ouellet Tremblay (Le Quartanier)
Le troisième recueil très attendu de celle à qui nous devions déjà Était une bête et Salut Loup! est un temple d’ironie complice et de connivence désenchantée où la franchise des élans, la conscience de sa propre inconscience, l’espoir, la joie, le flegme et la majesté se fondent en une poésie réduite à l’essentiel qui laisse dans son sillage la délicate empreinte de confidences aussi lucides qu’impromptues.

 

 

La chute de Babylone
Guillaume Sylvestre (XYZ)
Pour son premier roman, le cinéaste Guillaume Sylvestre a choisi de jeter son dévolu sur une espèce particulièrement phagocyte du microcosme québécois contemporain : les snowbirds. Entre la déchéance morale d’une génération enlisée dans son confort et la décadence d’un monde ayant déjà bien amorcé son déclin, la révolte gronde chez les témoins navrés des outrances de l’aveuglement volontaire.

 

 

J’étais un héros
Sophie Bienvenu (Le Cheval d’août)
Dans cette langue vernaculaire qu’elle maîtrise parfaitement, Sophie Bienvenu revient avec un nouveau roman touchant, l’histoire d’un homme qui reçoit un diagnostic le plaçant devant la mort. Lui qui était pourtant un père héros soigneur de bobos, un pilote de course aux yeux de sa fille Gabrielle, comment a-t-il pu tout gâcher et lui préférer la bouteille? Au moins, avec ce chat trouvé qu’il trimballe sur son épaule, il croit avoir réussi pas trop mal. Qui sait, ne serait-il pas trop tard pour reprendre sa vie là où il l’a laissée, après tout? [JAP]

Fragile comme une bombe
Catherine Lavarenne (VLB éditeur)
Dans cette fable politique fortement ancrée dans l’actualité, un parti de gauche est porté au pouvoir et la ministre de la Culture doit composer avec une vague de dénonciations en lien avec le milieu littéraire. Avec nuance et brio, l’autrice de Quelques lieux de Constance prend ainsi le contre-pied de l’insidieuse culture du silence sévissant dans certaines sphères.

 

 

Eschatologie (l’effondrement)
Guillaume Lambert (Leméac)
L’emblématique blondinet de Like-moi! présente un deuxième roman où le narcissisme désabusé d’un misanthrope notoire est rudement mis à l’épreuve du moment que les occasions d’exercer sa misanthropie viennent à manquer. Armé d’une intelligence pénétrante et caustique, le narrateur fait la démonstration que l’envers de l’individualisme n’est autre que la solitude la plus crevante qui soit.

 

 

Du côté du roman
Si chaque rentrée apporte son lot de débuts littéraires fracassants, il fait aussi bon voir s’étoffer la production d’auteurs chevronnés, en milieu de parcours, fidèles au poste et en pleine possession de leurs moyens. La livraison romanesque de cet automne comporte également de nouveaux opus par des auteurs et autrices ayant su relever le difficile défi des attentes créées à la suite du succès de leur premier titre.

Sept ans après avoir fait le tour du monde avec Nirliit, Juliana Léveillé-Trudel publie enfin On a tout l’automne (La Peuplade), un roman campé au Nunavik où une jeune femme retrouve ce qui reste de l’innocence d’enfants rencontrés deux ans plus tôt et désormais devenus adolescents. Quelques mois à peine ont passé depuis Les ombres blanches, mais Dominique Fortier nous revient déjà avec Quand viendra l’aube (Alto), où la puissance des souvenirs et l’insondabilité des petits mystères nous entourant se déploient côte à côte avec Dickinson, Solnit et Villon, le tout sous la figure tutélaire du père disparu de l’autrice. Après avoir fourni à ses lecteurs un petit opus intitulé Impromptu en janvier dernier, Catherine Mavrikakis publie Niagara (Héliotrope), un roman s’inscrivant dans la foulée du récit L’absente de tous bouquets, où l’écrivaine poursuit l’évocation de la figure maternelle tout en témoignant du caractère passager de toute chose. Quatre ans ont passé depuis le recueil de nouvelles L’allumeuse et voici que Suzanne Myre effectue un retour au roman avec Le sanatorium des écrivains (L’instant même), un endroit où se trouve bien autre chose que la tuberculose. Forte du succès retentissant de ses romans précédents, Marie-Christine Chartier vise une fois de plus dans le mille avec En plein cœur de Saturne (Hurtubise), un titre où l’autrice met en scène Élise et Félix, un couple entre deux eaux devant peser le pour et le contre de la continuité de leur amour, au cours de l’une de ces pauses qui servent souvent de vestibule avant la véritable rupture. Après le Mexique, Cuba et Vegas, Amélie Dubois envoie Caroline, Katia et Vicky en Ontario dans Ce qui se passe au camping reste au camping! (Les Éditeurs réunis), où celles-ci joueront bien malgré elles aux survivalistes, le tout en plein Noël des campeurs. Jules Clara présente un deuxième roman avec Von Westmount (La Mèche), dont la protagoniste désespérée de son emploi dans un marché de Noël à Montréal finit par accepter de devenir la tutrice des enfants des Von Westmount, une richissime famille russe. Deux fois lauréate des Prix littéraires de Radio-Canada, Bianca Joubert, qui s’est fait remarquer en 2012 avec Le brodeur revient avec Couleur chair (Alto), où l’histoire de deux peuples historiquement malmenés sert de toile de fond à la remise en question de l’édification politique de la norme de la peau blanche. Brigitte Haentjens propose quant à elle Sombre est la nuit (Boréal), où la désintégration d’un couple de psychiatres soixante-huitards et des idéaux révolutionnaires les ayant portés est racontée sous forme de dialogue avec un psychanalyste. Lauréat du Prix littéraire des collégiens en 2010 grâce à son premier roman La foi du braconnier, l’artiste peintre Marc Séguin continue de bâtir une œuvre romanesque solide avec Un homme et ses chiens (Leméac), un sixième roman qui raconte les difficultés d’un jeune trentenaire à réconcilier les impératifs de l’amour et l’appel de la nature qui ne cesse de résonner en lui. Enfin, après Autopsie d’une femme plate et Diane demande un recomptage, Marie-Renée Lavoie publie Boires et déboires d’une déchicaneuse (XYZ) et nous livre le troisième et dernier volet des romans mettant en vedette le charismatique personnage de Diane, cette fois-ci plongée au cœur du dédale des ressources humaines d’une organisation l’ayant promue « responsable de la synergie des équipes ».

À lire aussi
Au gré des Perséides, Mélissa Perron (Hurtubise)
Deux jambes qui pendent comme un onze, Frédéric Parrot (Québec Amérique)

Baptêmes
Tout comme dans le monde scolaire, chaque rentrée voit de nouvelles jambes fouler la cour d’école et se mêler au groupe, emportant avec elles de nouvelles démarches, portant de nouvelles voix, tissant de nouveaux liens. Que ces débuts soient tardifs ou précoces, discrets ou tonitruants, il convient de saluer ces baptêmes littéraires, dont seule la postérité nous révélera leur véritable amplitude.

Chargée d’enseignement en médecine à l’Université Laval, Claudia Turgeon fait paraître La libellule (Hurtubise), où elle aborde la délicate et douloureuse question du deuil périnatal avec douceur et sobriété. Sophie Montminy effectue une plongée dans l’univers d’une rédactrice pour un grand magazine de mode en publiant Imparfaite (Québec Amérique), dont les thématiques très contemporaines font s’amalgamer l’obsession de l’image, l’ambition des jeunes professionnels et l’insatiable quête du succès. La comédienne Eve Lemieux frappe un grand coup avec Mercure plein la gueule (XYZ), roman sombre qui présente l’envers et la facticité des vies menées devant les caméras et partageant une certaine parenté avec Sports et divertissements de Baril Guérard. Enfin, Benjamin Gagnon Chainey raconte une virée menée à un train d’enfer qui finit par mal tourner avec Candy (Héliotrope), où une drag queen et son amant perdront quelques plumes en route vers la gloire. (Voir aussi l’article ici sur les primo-romanciers.)

À lire aussi
L’histoire secrète d’Arthur Fauve, Virginie Roy (Hugo & Cie)
La vie fabuleuse des gens fabuleux, David Cloutier (La maison en feu)
L’Iroko, Mélissa Lavergne (Québec Amérique)
Dans la lumière de notre ignorance, Marianne Marquis-Gravel (Leméac)

Récits et nouvelles
À l’orée de la fiction, on retrouve l’art du récit littéraire, où se perçoit le plus souvent la part la plus intime de ceux qui écrivent. Les recueils de nouvelles, que d’aucuns considèrent parfois à tort l’antichambre du roman, sont eux aussi très révélateurs des capacités et de la polyvalence de leurs créateurs, cette forme permettant l’exploration de nombreux filons au sein d’un même livre.

Pour le plus grand bonheur de ses nombreux fervents, l’inextinguible Gilles Archambault, plus de vingt livres après avoir reçu le prix Athanase-David pour l’ensemble de son œuvre en 1981, remet encore une fois la vieillesse et les choses en perspective dans Mes débuts dans l’éternité (Boréal), recueil de courts récits dans la veine de ceux de Sourire en coin ou d’Il se fait tard. Pratiquement deux décennies après La héronnière, Lise Tremblay revient finalement à la nouvelle avec Rang de la Dérive (Boréal), dont les cinq histoires racontent, d’un point de vue féminin, l’imminence de la fin, l’effritement de l’amour et le douloureux mais nécessaire apprentissage du déclin de tout un chacun. Sans enfants mais néanmoins désireuse de léguer quelque chose d’elle, Antonine Maillet s’adresse directement à ses personnages, de la Sagouine à Pélagie en passant par mère Jeanne de Valois dans Mon testament (Leméac), rassemblant une dizaine de récits où la grande dame de Bouctouche distribue son héritage. Avec Trois ans sur un banc (Québec Amérique), Jean-François Beauchemin présente enfin les plus savoureuses, touchantes ou étonnantes histoires qu’il a pu glaner auprès de passants au cours de journées passées assis sur un banc de parc. Fanie Demeule poursuit sur sa lancée avec Je suis celle qui veut sauver sa peau (Hamac), un sixième ouvrage pour celle qui s’est fait connaître en 2016 avec Déterrer les os et à qui nous devons aussi le récit Bagels, paru l’automne dernier. Il s’agit cette fois d’un recueil de nouvelles.

À lire aussi
Corps imaginaires, Claudine Potvin (Lévesque éditeur)
Disparaître, Jacques Lemaire (Sémaphore)

De la diversité
Le corpus littéraire québécois s’enrichit chaque année de la contribution d’auteurs et d’autrices d’origines et d’ascendances variées apportant un éclairage original et unique sur les réalités qui sont les leurs dans un monde qui nous est malgré tout commun. Quiconque se targue d’apprécier la littérature faite chez nous se devrait de prendre également en considération les œuvres issues de la diversité, aussi constitutives de notre identité que purent l’être celles de Kerouac pour les Américains.

Pour son quatrième roman, La musique déréglée du monde (Druide), l’algérien Karim Akouche a choisi de mêler différentes époques et géographies pour mieux toucher à l’universel en relatant l’histoire de Sol, enfant de la guerre initié à la poésie par un vieil écrivain qui finira par unir son destin à celui d’un groupe de saltimbanques. D’origine roumaine, Felicia Mihali dresse, avec La bigame (Hashtag), un parallèle intéressant entre l’identité hybride d’une femme migrante et le choix que celle-ci aura à faire entre l’amour d’un mari et celui d’un amant. Né en France de parents coréens, Philippe Yong raconte avec Hors-sol (Mémoire d’encrier) l’histoire d’Alvare, agronome portugais exilé en France et effectuant un détour par Montréal avant d’aboutir en Islande pour réaliser un rêve, non sans être sans cesse taraudé par son absence d’enracinement. Enfin, la Sénégalaise Ayavi Lake fait paraître La Sarzène (VLB éditeur), roman de filiation et de transmission suivant la trajectoire de Fatou Mbaye et surtout de sa fille, Coumba Fleur, férue de Gérald Godin, mais néanmoins désireuse d’en apprendre davantage sur ses origines.

À lire aussi
Rien de beau sur la guerre, Maï Nguyen et Patrick Froehlich (Du passage)
Ayiti : Chants de liberté!, Joujou Turenne (Planète rebelle)

Vers libres
La poésie québécoise contemporaine est dans une forme splendide. En dépit de la disparition récente d’une maison d’édition importante ayant formidablement participé à son essor, à sa mise en valeur, voire à sa démocratisation (R.I.P. L’Écrou…), le genre lui-même se porte plutôt bien, comme peut en témoigner l’avalanche de nouveaux recueils publiés cet automne.

Lauréate du Prix des libraires en 2020 pour Le tendon et l’os, Anne-Marie Desmeules revient cette saison avec Envies (Le Quartanier) et dépeint la voracité, la véhémence, mais aussi toute la vulnérabilité de celles à qui la vie n’a pas fait de cadeaux. Virginie Fauve lance La poussière nous cerne parce qu’elle nous ressemble (Le lézard amoureux), un premier recueil sous le signe de la remise en question des prémisses identitaires et féministes fondant l’identité de la poète, dans une quête d’authenticité où les référents sont aussi multiples que potentiellement tronqués. La poésie crue et sans complaisance de Sébastien Émond s’épanouit en puisant dans les références gore et les films de série B avec Je m’endors au creux d’un meurtre (Hashtag), un troisième recueil pour le poète de Chibougamau. Aidée pour ce faire des photographies de l’artiste Kéven Tremblay, Vanessa Bell réapparaît cet automne avec l’intrigant Monuments (Le Noroît), récit poétique de voyages entre la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve pimenté d’aventures et de désirs. Louise Warren se fait pédagogue avec Vivaces (Le Noroît), un curieux petit coffret d’une centaine de cartes comprenant les mots les plus récurrents tirés des livres de la poète et destiné à être utilisé en tant qu’atelier mobile de lecture et d’écriture.

Moins d’un après Nous ne sommes pas des fées, correspondance poétique avec Ouanessa Younsi, Louise Dupré revient avec Exercices de joie (Le Noroît), au sein duquel la poète s’efforce d’opposer la puissance de la poésie au désenchantement du monde. De la même façon, avec dire (Prise de parole), la Franco-Canadienne Andrée Lacelle s’imprègne, dans un premier temps, de la force d’enchantement de l’écriture avant de discuter, dans un deuxième temps, de création, de poésie et d’histoire avec la grande Nicole Brossard. Plus de quatre ans après Désinhibée, Emmanuelle Riendeau propose quant à elle Domaine du Repos (Le Noroît). Marc Alexandre Oho Bambe explore la portée de la parole poétique et l’habitabilité de la poésie dans La vie poème (Mémoire d’encrier). Marie-Élaine Guay signe un quatrième recueil avec le tendrement violent La sortie est une lame sur laquelle je me jette (Poètes de brousse). Virginie Savard touche aux innombrables petites morts qui passent inaperçues dans une célébration de ce qui périt avec Les deuils transparents (Triptyque). Enfin, Alexandre Morneau-Palardy cherche à sortir élégamment des carcans de la masculinité dans Résoudre (L’Hexagone).

À lire aussi
Dans la lumière de la traverse, François Baril Pelletier (L’Interligne)
Minou, Maude-Éloïse Brault (Hamac)
Poids lourd, Daniel Bélanger (Les Herbes rouges)

Le goût d’antan
Le roman historique est particulièrement prisé au Québec. Ses adeptes sont nombreux et constituent un lectorat dont la fidélité n’a souvent d’égale que la longévité. Se déclinant la plupart du temps en séries comptant au moins trois tomes, voire beaucoup plus, ces histoires de famille servent souvent de prétexte à l’évocation de pans importants mais oubliés de notre histoire commune, par-delà le terroir, la romance ou la fratrie.

Révélée par la série La promesse des Gélinas, France Lorrain revient cet automne avec le troisième et dernier tome de La route du tabac (Saint-Jean), où se scellera le destin de la famille Veilleux. Le prolifique Jean-Pierre Charland se lance dans une nouvelle série qui flirte cette fois-ci non pas avec le roman policier ou post-apocalyptique, mais bien avec la science-fiction! Avec Passe-temps, dont le premier tome s’intitule Le temps et l’oubli (Hurtubise), l’auteur des Portes de Québec ouvre la porte aux voyages dans le temps. Josée Ouimet amorce elle aussi une nouvelle série avec Les temps maudits, premier volume de L’inconnu du presbytère (Hurtubise), dans lequel Honorine Bergeron, une jeune veuve reniée par sa belle-famille, croise la route de John Surratt, un fugitif américain ayant possiblement quelque chose à voir avec la mort d’Abraham Lincoln. Les nombreux férus de l’œuvre de Marie-Bernadette Dupuy seront ravis d’apprendre que celle-ci reprend le personnage d’Abigaël pour le début d’un nouveau cycle avec Les voix du passé (JCL), qui se déroule cinq ans après les événements du sixième tome de la série Abigaël, messagère des anges. Claude Coulombe conclut la trilogie du Chant des bruants avec Les alliances improbables (JCL), où Jeanne revient enfin au pays, veuve, enceinte et incertaine de ce qu’elle fera de l’enfant à naître, tandis que sa sœur Angèle s’amourache tranquillement de son voisin tout en travaillant au magasin général. Marjolaine Bouchard parle d’amour et d’écriture dans La rêveuse de Deux-Rives (Les Éditeurs réunis), où la jeune Alice Vézina devra choisir entre trois prétendants tout en tâchant de réaliser son rêve de devenir écrivaine dans le Québec des années 1930. Lucy-France Dutremble offre la deuxième partie de La femme de l’éclusier (Saint-Jean), où le courage et la résilience des personnages féminins seront une fois de plus mis à l’honneur. Emmanuel Aquin entame un vaste projet romanesque avec Le goût du loin (Leméac), premier volet de la Saga de Mégantic, où sera raconté à rebours l’héritage des Morrison, dont un lointain descendant débarque à Lac-Mégantic le 5 juillet 2013 avec sous le bras un manuscrit qui finira dans les flammes et qui relatait l’histoire de ses ancêtres. La Franco-Canadienne Françoise Enguehard nous entraîne sur la côte nord-ouest de Terre-Neuve avec Le Maître de Conche (Prise de parole), qui met en scène les premières années de l’établissement d’un groupe de pionniers au début du XIXe siècle. Louise Caron, que la série Au pied du grand chêne a fait connaître au grand public, décrit les langueurs de l’attente dans Les aurores fragiles (JCL), où la belle Hélène apprend de son fiancé que leur mariage devra être reporté d’un an. Plus de cinq ans après Le patriote errant, Francine Ouellette met le point final à l’impressionnante saga Feu avec Wabassee (Libre Expression), sixième et dernier tome de cette série qui se pose en véritable histoire de l’occupation du territoire québécois, sur des centaines d’années. Enfin, Stéphanie Martin propose une incursion dans les univers particuliers des pêcheurs madelinots et des familles colonisatrices de l’Abitibi avec Les grandes traversées (Saint-Jean), un roman basé sur des faits réels où la solidarité, la persévérance et l’amour serviront de phares à ceux que les injustices de la vie ont esquintés.

À lire aussi
Rosalie, Mélanie Calvé (Fides)

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