Le compte est bon
Louis-Daniel Godin (La Peuplade)
Au fil d’un récit dont chaque phrase semble appeler la suivante dans une scansion rappelant les envolées déclamatoires du Mailloux de Hervé Bouchard, Godin tisse une symphonie d’émotion et d’ironie où chaque mot a son poids, offrant une exploration littéraire singulièrement centrifuge des variables à prendre en compte dans la résolution d’une étonnante équation de soi. Un premier roman avec de l’élan!

 

 

L’indésir
Joséphine Tassy (L’Iconoclaste)
La plume que vous découvrirez dans L’indésir de Joséphine Tassy, 25 ans seulement, collera à votre mémoire. On y suit Nuria, dont la mère est décédée, et qui tente de comprendre pourquoi cette femme a pu se faire aimer de tant de gens qui en font un éloge funèbre plein d’émotions, sans pourtant jamais réussir à connecter avec sa propre fille. Nuria, qui entretient un rapport distant avec l’existence, décidera de partir sur les traces que sa mère a laissées en allant à la rencontre de ses amis et amants rencontrés aux funérailles.

 

 

Les détectives du vivant
Renato Rodriguez-Lefebvre (La Mèche)
Ce roman férocement anarchiste met en scène un monde inquiétant où une organisation secrète, la Société des détectives du vivant (SDV), multiplie les coups d’éclat pour stimuler la littérature à tout prix. Sous le joug de ce terrorisme littéraire, la puissance créatrice de la littérature prend une tournure démoniaque. Un récit déjanté et drôle flirtant avec la dystopie et où rôdent Borgès, Kafka et Bolaño.

 

 

Les mascarades du Wisconsin
Thomas C. Spear (Hamac)
Un père dominateur et magnétique règne sur une famille nombreuse dans la petite ville de Bulle, aux États-Unis. Confronté à leur héritage commun et aux secrets paternels, son fils se promet de ne pas marcher dans les mêmes ornières. Une plongée audacieuse dans l’américanité des impératifs sociétaux qui font et défont les masculinités.

 

 

La pesée du cœur
Catherine Harton (Marchand de feuilles)
Immersion captivante dans l’intimité complexe de trois sœurs aux destins troublés et troublants. Marianne, désemparée à la mort de sa sœur Nathalie, guide un groupe d’anxieux pour surmonter ses propres tourments. Alice, artiste passionnée, découvre un journal des années 1940 qui résonne avec sa propre existence. Au fil de ce roman envoûtant, les sœurs se trouvent liées par un fil invisible dans une quête de guérison et de transformation où l’art et la nature font office de fées marraines.

 

 

 

La rumeur du ressac
Line Richard (VLB éditeur)
Line Richard succède à Joël Bégin comme lauréate du prix Robert-Cliche. La nouvelliste, qu’on avait lue dans Soudain le paysage, paru en 2018, offre ici un premier roman lumineux aux effluves d’épinettes et d’air salin, qui aborde la question du deuil et de la reconstruction avec une douceur affirmée. Elle nous entraîne aux côtés de Martin, veuf, et de sa fille, Léna, qui ont d’abord cherché la résilience en prenant la route pour y disperser les cendres de celle qui unissait leur famille et qui s’est enlevé la vie. Le père et la fille se retrouvent maintenant dans le Bas-Saint-Laurent, au cœur d’un quotidien tranquille qui épouse encore trop les mouvements que le départ de cette femme a creusés. La blessure de la perte peut-elle faire autrement que transformer les gens?

 

Paradise, Nevada
Dario Diofebi (Albin Michel)
Arrêtons-nous sur Paradise, Nevada, de Dario Diofebi, un roman présenté par l’éditeur comme étant à la croisée des univers de Tom Wolfe, David Foster Wallace et Jonathan Franzen; un immense roman américain, écrit en anglais par un natif de Rome, rien de moins. Ça raconte l’épopée de quatre jeunes en quête de sens, à la fois pleins de désillusions et d’espoir, dans les bas-fonds d’un Las Vegas de la démesure et des excès. Les casinos, certes, mais surtout tout ce qu’y se trame sur l’envers du décor. Il s’agit d’une critique de l’hyperlibéralisme et du consumérisme par un écrivain-né.

 

Dès que sa bouche fut pleine
Juliette Oury (Flammarion)
Osons. Et si on imaginait que les rapports qu’on entretient avec le sexe et la nourriture sont inversés? Dans le sens où partager un souper entre amis est impensable, car relevant de l’intime, mais où partager le lit entre copains ou se caresser entre collègues, ça, oui! C’est même conseillé. Dès que sa bouche fut pleine nous fait ainsi découvrir sous un nouvel angle possible le désir inavouable d’une femme pour la nourriture. En quête de libération, de compréhension d’elle-même, la protagoniste, qui sera entraînée au rayon pommes du Pornoprix, poussée par une envie insatiable de dégustations, verra son univers basculer.

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