C’est du côté de l’obscurité qu’on se tourne maintenant, aux tréfonds des tragédies, des crimes, des failles et des aspérités humaines. Même si la noirceur prime ici, la lecture, elle, sera enlevante et fascinante. Plongeons-nous dans cette sélection de suspenses, de thrillers, d’enquêtes et d’univers futuristes ou fantastiques qui nous feront errer loin de la réalité, tout en nous invitant à observer les êtres et l’existence à travers d’autres prismes.

À surveiller

Points de fuite (t. 1)
Martin Michaud (Libre Expression)
Martin Michaud délaisse son personnage Victor Lessard en amorçant une nouvelle trilogie, dont on a déjà hâte de lire la suite! Fidèle à son habitude, il nous entraîne dans une histoire au rythme effréné impossible à lâcher. Les Lavoie font des affaires avec les Lazarre, des trafiquants d’œuvres d’art contrefaites. Mais la disparition d’un des leurs (et d’un tableau) pousse les Lazarre à s’en prendre aux Lavoie. Après cet événement qui a bouleversé sa famille, Alice Lavoie devient policière afin de pouvoir protéger les siens. Cinq ans plus tard, sa petite sœur est enlevée, replongeant la famille dans la frayeur. Alice est prête à tout pour la retrouver, et c’est vers le clan des Lazarre qu’elle va évidemment diriger ses premiers soupçons. En librairie le 11 octobre

Un monde de curiosités
Louise Penny (trad. Paul Gagné) (Flammarion Québec)
Après le thriller État de terreur, coécrit avec Hillary Rodham Clinton, Louise Penny renoue avec son personnage fétiche, Armand Gamache. À Three Pines, l’arrivée de Fiona et Samuel inquiète Gamache et son collègue Jean-Guy Beauvoir parce que leur présence remémore aux policiers la première affaire qui a marqué leurs débuts : le meurtre de la mère de Fiona et Samuel, lorsqu’ils étaient enfants. Pourquoi sont-ils revenus? En plus de ce retour surprenant, une vieille lettre, écrite par un maçon, refait surface, dévoilant un lieu caché, emmuré dans une maison du village, rempli d’énigmes et d’histoires de vengeance, « un monde de curiosités » dans lequel il faudra plonger pour en débusquer les secrets.

Le poids des années
Guillaume Morrissette (Saint-Jean)
Dans ce polar captivant qui se déroule entre Shawinigan et Trois-Rivières, Guillaume Morrissette met en scène un nouveau duo d’enquêteurs, qui devront éplucher le passé d’un homme, fouiller dans sa vie pour élucider sa mort. Trois ans après avoir disparu, un professeur d’éducation physique, qui, à l’époque, venait de plaider coupable à des accusations d’attouchements sur de jeunes élèves, est retrouvé mort. On pense d’abord à un suicide, mais l’autopsie révèle autre chose. Sa mort est-elle en lien avec ses crimes? Ou faut-il chercher du côté de son entourage? L’homme fréquentait des gens louches, mais aussi des personnes en apparence beaucoup trop parfaites. En librairie le 3 octobre

Ce qu’on a semé
Michael Hjorth et Hans Rosenfeldt (trad. Rémi Cassaigne) (Actes Sud)
Se déroulant trois ans après les événements de Justice divine, ce roman enchevêtre trois trames, dont une dans laquelle on retrouve l’ex-profileur et psychologue Sebastien Bergman. Ce dernier est bouleversé par un patient qui le consulte pour un trauma lié au tsunami de 2004, ce qui le replonge dans de douloureux souvenirs, cette tragédie ayant tué sa femme et sa fille. L’unité criminelle enquête sur trois meurtres qui viennent de survenir en quelques jours. Mais rien ne relie les victimes, qui semblent être choisies au hasard, et aucun indice ne mène les enquêteurs sur une quelconque piste. Puis, un meurtrier décide de cesser de tuer des gens, parce qu’il deviendra bientôt un père. Mais ce n’est pas si aisé de changer de vie quand on traîne un si lourd passé. En librairie le 7 octobre

La mer de la tranquillité
Emily St. John Mandel (trad. Gérard de Chergé) (Alto)
Après Station Eleven et L’hôtel de verre, l’écrivaine Emily St. John Mandel échafaude un autre roman envoûtant, s’échelonnant sur plusieurs époques et même dans le futur. En 2401, la chronologie de l’univers pourrait être bouleversée par des recherches sur la théorie de la simulation. Comment expliquer l’anomalie qui semble se produire de la même façon à différents moments? Travaillant pour l’Institut du temps qui s’assure de la cohésion temporelle de l’univers, un homme retourne dans le passé pour interroger ceux qui ont vu ce mystérieux phénomène. Cette œuvre singulière et audacieuse creuse avec brio plusieurs thèmes, comme la mort, la pandémie, le voyage dans le temps et la perception de la réalité. En librairie le 17 octobre

De grands noms
Le nouveau roman d’espionnage de Lionel Noël, intitulé Septembre avant l’apocalypse (Alire), se déroule dans les semaines qui ont précédé les attentats du 11 septembre 2001. Terrorisme, conflits internationaux et secrets politiques sont au menu de cette histoire enlevante. Un célèbre reporter de guerre reçoit de l’information privilégiée de la part d’un membre de l’armée américaine à propos d’une agence clandestine aux États-Unis. Alors que le journaliste croit détenir un scoop, sa source est tuée lors d’une explosion au Québec qui élimine des personnes œuvrant justement dans cette agence. Mais des survivants sous protection pourraient peut-être l’aider dans son enquête… Pour sa part, Roy Braverman, un des pseudonymes de l’écrivain Patrick Manoukian, aussi connu sous le nom de Ian Manook, élabore une histoire de vengeance qui entraîne dans son sillage le meurtre de trois enfants. C’est dans le passé des grands-pères de ces victimes que la clé de l’enquête pourrait se trouver. À lire dans Le premier fils (Hugo Thriller).

Martine Latulippe, qu’on connaît surtout pour sa littérature jeunesse, fait une incursion du côté noir avec le recueil de nouvelles Ma maison, et ce qu’il y a dedans (Druide), dans lequel elle ausculte les moments qui peuvent faire tout basculer. Que se passe-t-il derrière les portes closes des maisons de gens ordinaires? C’est dans leur quotidien que nous plongent ces dix-huit nouvelles qui parlent de solitude, ainsi que d’accidents ou d’incidents qui pourraient être banals, mais qui ne le sont pas. Finalement, Laurent Binet propose un polar historique épistolaire avec Perspective(s) (Grasset). Au XVIe siècle, en 1557, à Florence, un peintre qui travaillait sur une fresque depuis onze ans a été tué près de celle-ci. C’est l’homme à tout faire du duc qui est chargé de l’enquête alors que des tensions politiques règnent en Europe, notamment entre la France et l’Espagne. L’art — qui peut aussi être politique — est au cœur de cette affaire.

À lire aussi
Okavango, Caryl Férey (Gallimard)
De sang et d’acier, Harald Gilbers (Calmann-Lévy)
Le fils du père, Víctor del Árbol (Actes Sud)
Sur tes traces, Harlan Coben (Belfond)

 

Des suspenses et des thrillers haletants
Avec Au nom de nos sœurs (Albin Michel), Cristina Alger signe un suspense psychologique prenant sur la corruption et les drames familiaux. De retour dans sa ville natale pour régler la succession de son père après son décès, une agente du FBI collabore à une enquête sur le meurtre de deux jeunes femmes. Mais au fil de cette affaire, elle découvre que son père pourrait être le principal suspect. Et pour ajouter à ses malheurs, elle continue d’être hantée par de terribles souvenirs, dont celui de la mort de sa mère, assassinée alors qu’elle avait 7 ans. David Baldacci publie quant à lui Une minute avant minuit (Talent), qui met également en scène une agente du FBI, Atlee. Trente ans après l’enlèvement de sa sœur jumelle, Atlee ne sait toujours pas ce qui est vraiment arrivé à sa sœur, disparue lorsqu’elle avait 6 ans, pendant une fête familiale. Quand elle commet une bourde au travail et que son patron la pousse à prendre des vacances, Atlee en profite pour retourner dans sa ville natale afin de fouiller cette histoire du passé qui la ronge. Va-t-elle enfin découvrir la vérité sur cette nuit-là?

En Norvège, à Longyearbyen, deux femmes sont retrouvées mortes à une très grande distance l’une de l’autre : la première semble avoir été attaquée par un ours et la deuxième est retrouvée sur une plage déserte. Un élément pourrait relier ces deux agressions à première vue complètement distinctes : les victimes avaient en commun de se passionner pour la biologie marine. Cette affaire intrigante se retrouvera entre les mains d’un policier et d’un journaliste de guerre dans Personne ne meurt à Longyearbyen de Morgan Audic (Albin Michel). Après L’île des âmes et L’illusion du mal, on retrouve Piergiorgio Pulixi avec Le chant des innocents (Gallmeister), un roman qui sonde les zones grises du bien et du mal, de la justice ainsi que de la vengeance. Alors que des adolescents commettent des crimes violents, l’inspectrice Brusca demande l’aide officieuse du commissaire Strega — alors que ce dernier est suspendu — pour résoudre cette enquête qui semble liée à un secret que partagent les jeunes.

À lire aussi
La nuit n’est jamais complète, Niko Tackian (Calmann-Lévy)
Cible : Alex Cross, James Patterson (JC Lattès)
Les noces funestes, Jonathan Kellerman (Seuil)
Le secret de Marie-Madeleine, Glenn Cooper (City)
Black Summer, M. W. Craven (L’Archipel)
Sur tes pas, Claire Allan (L’Archipel)
En eaux troubles, Mindy Mejia (Mazarine)
Rapt, Christian Ricard (Éditions Pierre Tisseyre)

 

Des personnages sont de retour…
L’écrivaine Donna Leon récidive avec une nouvelle enquête du commissaire Brunetti dans Le don du mensonge (Calmann-Lévy), qui explore la multiplication des pratiques frauduleuses en Italie pendant la pandémie. Une amie d’enfance de Brunetti soupçonne son gendre de mettre sa famille en danger en étant mêlé à des histoires louches. C’est en secret que Brunetti s’intéressera à cette affaire aux ramifications complexes. Quant à lui, le commissaire Charitos, né sous la plume de Pétros Markaris, revient pour une troisième aventure. Cette fois, à Athènes en 2019, il enquête sur les meurtres de deux investisseurs étrangers, quand un troisième assassinat survient. Alors que le pays souffre d’une crise économique, ces crimes bouleversent encore davantage les sphères politique et financière. Le crime, c’est l’argent (Cambourakis) témoigne de la corruption et du fossé entre les riches et les pauvres, des inégalités qui donnent parfois le goût de se venger.

Ouragans tropicaux de Leonardo Padura (Métailié) entrecroise deux époques, soit 1910 et 2016. Pour éclairer le présent, il faudra fouiller dans le passé, remonter à une période où une guerre de proxénètes faisait rage. Cette nouvelle enquête de l’inspecteur Mario Conde ne sera pas de tout repos, surtout que La Havane est en liesse avec la visite de Barack Obama, des Rolling Stones et d’un défilé Chanel! La troisième enquête avec l’inspecteur Jeppe Kørner et sa collègue Anette Werne, qu’on peut découvrir dans Le passé doit mourir de Katrine Engberg (Fleuve), s’articule autour de la disparition d’Oscar, 15 ans, qui a laissé une lettre étrange derrière lui. Si cette lettre donne l’impression d’une fugue, les enquêteurs, eux, ne penchent pas vers cette hypothèse. Ils devront faire vite pour découvrir ce qui s’est passé et déterrer des secrets s’ils veulent retrouver le jeune homme.

À lire aussi
Les meurtres d’obsidienne : Une enquête de DreadfulWater, Thomas King (Alire)
Hors-jeu : Une enquête de Gaétan Tanguay, Mikaël Archambault (De Mortagne)
La poupée, Yrsa Sigurðardóttir (Actes Sud)
Ne réveille pas l’ours qui dort : Une enquête de Jana Berzelius, Emelie Schepp (HarperCollins)

 

Quand les apparences sont trompeuses…
Dans une banlieue londonienne tranquille, le nouveau couple arrivé, rapidement pris en grippe par les habitants, est pointé du doigt lorsqu’un crime est commis dans le quartier. Même si les voisins aimeraient bien leur faire porter le chapeau, ce ne sont pas nécessairement eux, les coupables. C’est un suspense à découvrir dans Bien sous tous rapports de Louise Candlish (Sonatine). Dans Délits mineurs (Les Presses de la Cité), Malin Persson Giolito dépeint la spirale de la violence et la dérive que peuvent vivre des jeunes en perte de repères. Dans la banlieue de Stockholm, Billy, 14 ans, qui trempe dans des affaires louches et la drogue, est blessé par balles. L’inspecteur soupçonne son meilleur ami d’être derrière cette agression armée, mais ce dernier accuse plutôt un caïd du coin.

Le scénariste Hubert Quentin a été arnaqué par un courtier qui lui a dérobé beaucoup d’argent. Mortifié de s’être fait avoir, il se met à élaborer divers scénarios dans lesquels il pourrait se débarrasser de cet homme qui l’a berné. Ce dernier étant introuvable, un enquêteur de la SQ s’intéresse de près à Hubert et aux autres victimes de l’escroc. Qu’est-il vraiment arrivé au voleur? Et le scénariste écrit-il sa propre histoire ou invente-t-il un scénario? Il faudra démêler le vrai du faux dans Le scénariste d’Yves D. Poirier (Fides).

À lire aussi
Terrifiante berceuse, R. H. Herron (Marabout)

Des histoires de disparition…
La romancière Alafair Burke offre un autre livre captivant avec Sans passé (Les Presses de la Cité). Depuis quinze ans, Hope — qui n’est pas son vrai nom — est amnésique; elle ignore qui elle est vraiment. Après un déménagement imprévu, elle disparaît. Sa meilleure amie, une avocate, demande la collaboration d’une policière pour la retrouver. Le passé de cette dernière ainsi que celui de Hope pourraient être liés à cette affaire qui entremêle des meurtres échelonnés sur près de vingt ans ainsi qu’un possible tueur en série… De son côté, Armelle Carbonel présente Enigma (Fayard). Une journaliste et cinéaste s’intéresse à un mystérieux bâtiment, un orphelinat, dont les pensionnaires ont tous disparu de façon inexpliquée en 1950. Ses recherches sur cette étrange histoire mettront sa vie en danger.

À lire aussi
Emily a disparu, Catherine Steadman (Les Escales)
Les vignes des huguenots, Sophie Pelham (Sud Ouest)

 

Quelques titres de science-fiction et de littératures de l’imaginaire
Situé dans le futur, ou du moins dans un présent différent du nôtre si ce n’est dans le futur, le nouveau roman de Josée Marcotte (Femmes d’Apocalypses, L’instant même) esquisse le portrait de figures féminines de l’Histoire et de la mythologie. Ces dernières immortelles sont enfermées dans des cages et prisonnières de leurs souffrances, exposées aux regards des visiteurs, comme dans un musée — la narration est d’ailleurs comme celle d’un guide. Est-ce que certains vont finir par s’inquiéter de leur sort? Une œuvre originale qui témoigne de la place des femmes et de leur douleur. Ces femmes souvent oubliées ou effacées par l’Histoire sont rappelées ici à la mémoire.

Bernard Werber campe aussi son nouveau roman dans un futur proche, après une guerre nucléaire, dans Le temps des chimères (Albin Michel). Une brillante scientifique s’intéresse à de nouveaux paradigmes pour la survie de l’humanité, convaincue que la solution se trouve dans un changement de forme. Elle crée donc des êtres qui sont à moitié humains et à moitié animaux grâce à trois espèces différentes qui pourront vivre autrement. Aussi, un nouveau titre paraîtra dans la collection « VLB imaginaire », Le pacte de minuit de C. L. Polk (VLB éditeur). Dans ce roman de fantasy, les femmes perdent leur pouvoir magique lorsqu’elles se marient, contrairement aux hommes. Voilà pourquoi Beatrice pratique de la magie en secret et tente d’échapper au mariage afin de conserver son pouvoir. Mais sa famille a besoin d’un mariage avantageux pour se sortir du pétrin. Un grimoire pourrait peut-être sauver Beatrice, mais une autre sorcière met la main dessus avant elle. Finalement, Raphaëlle B. Adam mélange les genres dans son premier roman, Venefica (Tête première), qui met en scène une quête de soi flirtant avec une histoire fantastique et horrifique. Catopsis refuse le mode de vie qu’on lui impose. Elle fait partie des toxines, des chasseresses anthropophages, qui tuent leurs proies grâce à leur sève paralysante. Même si elle ne veut pas chasser, sa nature la rattrape, l’empêchant d’être elle-même. Arrivera-t-elle à s’émanciper malgré le carcan dans lequel elle est prise?

À lire aussi
Les perles noires, Natasha Beaulieu (Alire)
Jour zéro, C. Robert Cargill (Albin Michel)
Le premier jour de paix, Elisa Beiram (Atalante)

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