Après avoir exploré l’amour, l’amitié et la quête de soi dans ses livres (Tu peux toujours courir, La théorie du drap contour, Les petites tempêtes, Tu peux toujours rester et Le vacarme des possibles), l’animatrice, comédienne et écrivaine Valérie Chevalier replonge dans ces thèmes dans Rose des vents, un roman d’apprentissage dans lequel Rose apprendra à se connaître, découvrira l’ivresse d’un premier amour et s’entraînera à savourer le moment présent.

Vos précédents livres s’adressaient aux adultes. Rose des vents est votre premier roman qui se destine à un public plus jeune. Pourquoi avez-vous eu envie d’écrire sur l’adolescence et le passage à la vie adulte?
Je ne crois pas que c’était un choix délibéré, mais plutôt que cette histoire s’est imposée à moi. J’ai l’impression que le fait de perdre un parent à l’adolescence nous projette directement dans une vie d’adulte, mais que persistent tout de même des rêves et des illusions propres à la jeunesse. J’aimais l’idée d’explorer ce contraste, dans une période où notre corps change, notre personnalité se façonne et nos désirs aussi. Cela dit, je crois que même si le personnage est plus jeune, sa quête, elle, est universelle.

Dans Rose des vents, tout comme dans vos autres romans, vous parlez notamment d’amitié et d’amour. En quoi ces thèmes vous inspirent-ils?
Ils sont à la base de tout! L’humain a profondément besoin d’être en contact avec les autres, c’est dans sa nature. Je trouve passionnant d’observer de quelle façon il entre en relation, cultive ses liens et définit sa propre personnalité à travers ses rapports. La façon dont les gens évoluent en société nous en dit beaucoup sur eux.

Le séjour de Rose à Paris va lui permettre de se découvrir. Croyez-vous que les voyages permettent de se trouver, de se construire?
« Les voyages forment la jeunesse », disait Montaigne, un proverbe souvent repris et toujours actuel. Je suis d’avis que les voyages nous éloignent d’un milieu qui nous a façonnés et d’un entourage qui nous réconforte. Le dépaysement offre l’occasion de mieux définir qui nous sommes et ce que nous souhaitons réellement faire. Cette ouverture sur les autres nous enseigne autant sur le monde que sur nous-même. Je ne saurais encourager davantage tout le monde à voyager et à oser un déracinement, même temporaire. On n’en sort jamais indemne, mais généralement, c’est pour le mieux.

Après le décès de sa mère, Rose a établi une liste de choses à faire avant de mourir pour ne pas avoir de regrets. En tentant d’atteindre ses objectifs, elle va réaliser que la vie réserve toujours des surprises. Était-ce important pour vous de montrer qu’il faut vivre en laissant de la place à l’inattendu?
Absolument. Je soutiens qu’il faut avoir des rêves et des objectifs : ils nous poussent à croire, à travailler et à se dépasser, mais il faut aussi être ouverts à accueillir ce qui se présente en chemin! La vie n’est pas un film dont on choisit le scénario et qu’on tourne tel quel. Rien n’est fixe, et on a beau se faire tous les plans possibles, la vie risque fort de les défaire! Aussi bien s’écouter, et accepter qu’en cours de route, l’itinéraire va peut-être changer. Pas parce qu’on ne réussira pas à se rendre à destination, mais parce qu’il est possible qu’on veuille bifurquer, finalement! C’est un grand privilège d’avoir autant de choix et de pouvoir réévaluer nos désirs et nos besoins durant le processus. Il faut en profiter.

Même si l’âge de Rose semble celui de tous les possibles, cela vient parfois aussi avec beaucoup de choix. Ces nombreux horizons qui s’offrent à elle peuvent-ils être remplis de promesses tout en étant vertigineux?
Plus que jamais, j’ai l’impression que nous avons le choix, mais cet amoncellement de possibilités peut devenir handicapant. Pas facile d’être un adolescent aujourd’hui! Les jeunes ont le monde au bout des doigts, mais comment déterminer ce qu’ils veulent faire, alors qu’ils ne savent même pas encore totalement qui ils sont? C’est vertigineux d’avoir un éventail aussi vaste d’emplois potentiels, de partenaires de vie, de divertissements, de destinations… Je crois que la clé est d’avoir un bon réseau, et de se permettre d’explorer, et de se tromper! Et je crois qu’il n’y a pas d’âge pour s’offrir ces indulgences.

Photo : © Andréanne Gauthier

Publicité