Claudia Larochelle est l'une des journalistes littéraires et culturelles les plus connues du grand public, notamment car elle fut l'animatrice de l'émission Lire, sur les ondes d'ARTV. On peut notamment l'entendre à la radio de Radio-Canada, la voir à la barre de l'émission télé Claudia à la page, la lire sur Avenues.ca et dans Elle Québec, en plus de découvrir, à chaque édition de la revue Les libraires, avec qui elle s'entretient. Mais Claudia Larochelle, c'est aussi une auteure de talent. D'abord pour les adultes, avec Les bonnes filles plantent des fleurs au printemps, et ensuite pour les jeunes, avec le coloré et émotif personnage qu'est la doudou, maintenant décliné en huit volets, en jeux de société, en casse-tête et même en réel peluche! À l'occasion de la sortie de La doudou qui avait attrapé des poux, Claudia Larochelle nous parle de cette série phare.

La doudou qui avait attrapé des poux, Maira ChiodiVotre série de livres mettant en scène la doudou permet aux enfants d’aborder des sujets du quotidien qui les touchent particulièrement : le lavage de la doudou, la peur, les émotions, les bisous et maintenant la gestion des poux. En quoi, selon vous, les livres peuvent-ils être un outil de communication efficace entre parent et enfant?
Le livre contribue à renforcer les liens entre le parent et l’enfant. Les études tendent à le prouver et c’est plein de bon sens quand on y pense. Le livre est aussi le prétexte parfait pour aborder certains sujets avec nos petits dans le confort d’un salon ou d’une chambre, en toute intimité, et sortir de l’histoire et de la fiction pour explorer les méandres de la vie réelle. C’est souvent dans ces moments que les enfants se confient le plus, dans ces dispositions plus confortables favorisant les confessions et le partage.

Vous travaillez actuellement avec Sardine Productions à l’adaptation télévisuelle des livres de la série La doudou pour en faire une série de 52 épisodes, de 7 minutes chacun. Que pouvez-vous nous dire de plus sur le projet?
C’est encore assez préliminaire, mais je peux quand même vous assurer que Doudou restera ce qu’elle est, avec sa nature fantaisiste, sa couleur, son humour, ses peurs et obsessions, dont celle pour le chocolat de Madame Lenoir, son amitié avec Jeanne, la chatte Artémise, etc. Il s’agira du même univers avec lequel on a habitué les familles québécoises depuis la création de Doudou en 2015, or, désormais, ça prendra vie sous nos yeux, en animation à l’écran. Si on m’avait dit que je « ferais » un jour du dessin animé, je ne l’aurais pas cru…

Comment est né dans votre imaginaire le personnage de la doudou? Et qu’en retiennent les enfants lorsque vous les rencontrez dans les salons ou festivals et qu’ils vous partagent leurs impressions?
Doudou est née dans la petite enfance de ma fille, alors que j’étais dans les premières semaines de grossesse de mon fils. Le jour du lancement du premier album, La doudou qui ne sentait pas bon, j’avais des nausées démentielles… C’est donc d’abord un projet de maman. Je cherchais à insuffler de la lumière dans ma création alors que j’étais dans l’écriture de livres pour adultes beaucoup plus sombres. Très tôt dans l’élaboration du projet j’ai eu envie de travailler avec l’illustratrice brésilienne Maira Chiodi qui a saisi mon projet avec ses nuances et son ironie. On n’a même pas besoin de se parler. Les enfants, eux, ils adorent me parler de leur propre doudou. Leur présence m’a manquée durant la pandémie. Quant aux parents, ils sont bien d’accord pour dire qu’un doudou, ça ne sent pas toujours bon, et entre nous, le courant passe aussi…

Votre travail de chroniqueuse et critique littéraire vous amène à lire énormément et à couvrir la littérature québécoise. Comment se sent-on lorsque vient le temps de passer « de l’autre côté du miroir », soit d’écrire soi-même pour la jeunesse et pour les adultes?
Il s’agit de deux postures bien distinctes que j’aime tout autant et avec lesquelles j’ai l’habitude de jongler depuis longtemps. Quand je m’entretiens avec des écrivains et des écrivaines, je pense que je suis à même de comprendre leur réalité qui est aussi la mienne. Il y a une sorte de confiance mutuelle qui s’établit plus facilement dans nos rapports. Bien sûr, à cause de cette proximité, je ne peux pas « critiquer » mes pairs du Québec, je ne me décris donc jamais comme une « critique ». De toute façon, d’autres le font bien mieux que moi par chez nous. Je suis chroniqueuse ou intervieweuse avec les auteurs et autrices d’ici et je conserve mes critiques pour les livres étrangers.

Photo : © Carl Lessard

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