Deux beaux livres qui vous feront naviguer, rêver et apprendre.

J’écris cette chronique en pleine canicule, et c’est sans doute en raison de la chaleur étouffante que j’ai été attiré par deux ouvrages dans lesquels l’eau occupe une grande place.

Des baleines blanches nous parlent
Le premier est de Boucar Diouf, que tout le monde connaît comme animateur à Radio-Canada, comme scientifique et comme vulgarisateur.

M. Diouf, on le sait peut-être moins, écrit aussi des contes pour adultes ou adolescents. Trois ont déjà paru. En voici un : Le brunissement des baleines blanches.

« Lorsqu’elle se réveilla, Gobi ne put reconnaître l’endroit où elle se trouvait. Comme par miracle, elle flottait maintenant dans un bassin vitré, parmi d’autres spécimens de faune marine. »

Gobi est cette baleine blanche dont vous avez fait la connaissance quelques pages auparavant. Avec elle, vous avez appris bien des choses sur le monde marin et sur ceux que les baleines appellent les « voyeurs » (les êtres humains). Vous en avez aussi appris sur les menaces que ces voyeurs font peser sur ce monde depuis longtemps, notamment par la pêche et la pollution, ce monde que vous apprenez à découvrir et à aimer.

La pauvre Gobi faisait un long et périlleux voyage durant lequel elle s’est blessée en heurtant un récif. Elle s’est alors échouée sur la côte.

Où allait-elle? Pour quelles raisons faisait-elle ce voyage? Où est-elle à présent? Quel est ce lieu étrange? Qui l’a amenée où elle se trouve? Pourquoi l’a-t-on sauvée et qu’attend-on d’elle? Que va-t-il lui arriver?

Je ne vous révélerai rien de cette belle histoire et de ses nombreux rebondissements : vous découvrirez tout cela en la lisant.

Mais ce qu’il me faut vous dire, c’est que ce conte est aussi un essai, un très bel essai, avec tout ce qui fait la qualité du genre. On y apprend donc des tas de choses, souvent surprenantes, et le jeu est mené de main de maître par Boucar, dont on connaît les talents de pédagogue.

L’histoire, qui vous tiendra en haleine, a bien entendu pour toile de fond la grave et urgente question écologique. Elle est ici abordée de manière sensible et avec tout ce qu’il faut de doigté pour que le lecteur la saisisse et s’en inspire, mais sans le conduire à l’anxiété ou à l’inaction.

On trouvera à la fin de l’ouvrage un dossier documentaire bienvenu et très didactique dans lequel on apprendra, par exemple, ce qu’est la méthode de dressage qui porte le nom de son inventeur, le docteur Pavlov, un des personnages du conte (ce nom me disait quelque chose…), quelles explications donnent les scientifiques à ce troublant et triste phénomène d’échouage des baleines et de dauphins qui se produit parfois; et bien d’autres choses encore.

Bref, voici un livre instructif, ludique et utile, dont il me faut en outre souligner la grande beauté des illustrations de François Thisdale, qui à elles seules valent déjà le détour.

Dieureudieuf, Góor gi Diouf! (C’est du wolof et c’est entre Boucar et moi et nos amis sénégalais…)

Notre pays de rivières
Nous sommes tous et toutes capables de nommer plusieurs cours d’eau et rivières du Québec, à commencer, bien entendu, par notre majestueux Saint-Laurent : c’est que notre histoire, économique et culturelle, et nos vies sont depuis toujours intimement liées à ce qu’on appelle parfois l’« or bleu ».

Mais à combien estimeriez-vous le nombre de rivières qu’on trouve au Québec? En avant-propos du beau livre qu’il leur consacre (Un pays de rivières), Normand Cazelais vous donne la surprenante réponse : plus de 4 500! C’est énorme. À tel point qu’il y en a même 300 qui ne sont pas baptisées! Cazelais est bien placé pour le savoir : il a été durant des années commissaire à la Commission de toponymie du Québec.

Avec ce livre, ce géographe, journaliste et professeur vous fait découvrir trente-deux rivières réparties sur tout notre territoire et retenues parce qu’elles sont particulièrement significatives pour « la géographie, l’histoire et l’organisation socioéconomique du Québec ». Beaucoup d’entre elles sont très connues (la Chaudière, la Rouge, la Lièvre…), d’autres peut-être un peu moins (l’Harricana, les Filles de la Gaspésie…).

Après une introduction plus théorique portant sur l’importance civilisationnelle et culturelle des rivières, ici comme ailleurs, l’ouvrage décline ses trente-deux chapitres consacrés chacun à une rivière. On aura une idée de leur contenu sur l’exemple de celui consacré à la Richelieu.

On donne d’abord des informations factuelles de base. Les voici, s’agissant de la Richelieu : longueur : 113 km; source : lac Champlain; débit moyen : 337 m3/s; dénivellation totale : 29 m; bassin versant : 23 698 km2.

Ensuite, on la décrit et on en parle à travers l’histoire de la région qu’elle traverse. On évoque alors notamment le fort de Chambly et le régiment de Carignan-Salières, la révolte des patriotes et un épisode de bravoure se déroulant sur le « bac à Roberge », à Saint-Antoine-sur-Richelieu… On décrit aussi des lieux (le chenal du Moine, les îles de Sorel…) et même un arbre rare (parfois appelé noyer tendre), qu’on pourra croiser à Saint-Ours.

On visite en somme une région par son fleuve et on ne la voit alors plus tout à fait de la même manière, même si on pensait bien la connaître.

Et vous vous promènerez ainsi, avec Cazelais, dans toute la province en visitant 32 de ses rivières.

Cette fois encore, l’iconographie (photographies et cartes) de ce livre, en couleurs, est superbe.

Voici un livre aussi beau qu’instructif que vous pourrez laisser traîner sur la table de votre salon : vos invités vous en sauront gré.

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