Un essai pour penser la religion, un autre pour s’instruire sur un grand nombre de sujets.

Au moment où je rédige ces lignes, un vif débat divise l’opinion publique au Québec. Devrait-on ou non autoriser des salles de prière dans les écoles? Le ministre de l’Éducation, prenant appui sur la loi sur la laïcité, assure, avec de nombreux autres, qu’on ne peut absolument pas le permettre; de son côté, la Table de concertation des organismes musulmans (TCOM) juge, avec d’autres, cette décision irrecevable et envisage des recours juridiques pour tenter de l’annuler.

L’ouvrage que nous propose Guy Perkins (Les chimpanzés rêvent-ils d’un paradis des bananes?) retrace, sur nombre de questions relatives à la religion, à la croyance et à la laïcité, le parcours personnel d’un Québécois né en 1965 et nous invite à y réfléchir avec lui. Tout cela est d’une grande actualité et, il faut le souligner, empreint d’un humour bienvenu.

Croire, ne pas croire, être laïc
« Nous naissons tous athées », rappelle l’auteur. Puis la majorité des êtres humains deviennent des croyants d’une religion ou d’une autre, ou encore adhèrent à une secte ou à des croyances irrationnelles. Jouent dans ce parcours de nombreux facteurs, parmi lesquels notre besoin d’explications et nos biais cognitifs, combinés au hasard des lieux et des moments de notre naissance.

Perkins, né dans une famille très religieuse, deviendra un adulte qui renonce publiquement à sa religion, autrement dit : un apostat. Ce parcours est long, sinueux, prend souvent des détours inattendus (vers le paranormal, l’occultisme…), mais ce que raconte l’auteur est toujours passionnant et enrichissant.

Le livre se termine sur le récit de sa participation à un rassemblement d’athées à Washington en 2016 — un Reason Rally. Perkins y croise des célébrités du domaine — comme le magicien et sceptique James Randi, le vulgarisateur scientifique Bill Nye et même le Monstre en spaghettis volant, le désopilant dieu du pastafarisme!

Mais il constate aussi que l’athéisme est l’objet de très sévères contestations, voire de persécutions un peu partout dans le monde, y compris chez nos voisins du Sud, où se tient cette rencontre. C’est l’occasion pour lui de rappeler que « le Québec […] est un des rares endroits où l’athéisme peut s’exprimer sans trop de heurts »; mais il ajoute aussi qu’il serait « maladroit de tenir pour acquises les avancées que nous avons faites ».

Ce qui nous conduit aux dernières pages du livre, où il est justement question de la loi 21, de la laïcité et de l’école. Ce que dit Perkins résonne fort en ce moment, notamment contre « ceux qui jugent qu’elle va trop loin ».

Aux enseignantes et enseignants, il faut notamment rappeler, dit-il, que « certaines fonctions requièrent de laisser son identité au vestiaire ». Quant aux élèves, rappelons-nous que « s’il y a un endroit qui doit être exempt de tous signes religieux, c’est justement l’école. Pour bien des enfants, c’est peut-être le seul moment de la journée où rien ne leur rappellera la surveillance constante de leur Dieu ».

Un livre à lire absolument.

Une impressionnante somme de connaissances rendues accessibles
Il m’est impossible, en quelques paragraphes, de rendre minimalement justice à ce livre qui a pour titre Monde (t. 3) : Une odyssée au cœur des grandes conceptions philosophiques et scientifiques. Mais il m’était aussi impossible de ne pas vous en recommander chaudement la lecture en tentant de vous en donner le goût.

Il s’agit ici du troisième tome d’un monumental travail de vulgarisation de philosophie et de science (ce volume, comme les précédents, compte quelque 500 pages…) que propose Steeven Chapados, professeur de philosophie.

Voyez un peu de quoi il y est question cette fois.
On parle du monde, c’est-à-dire de la Terre, de la Nature et d’écologie; on traite de la liberté et de sa possibilité dans un monde régi par des lois, dont la gravitation et la relativité, restreinte et générale; on traite du langage, de son origine, de sa nature et de ses fonctions. Chaque fois, on convoque la philosophie et les sciences pertinentes pour réfléchir aux vastes questions abordées.

L’érudition de l’auteur impressionne, au moins autant que ses talents de pédagogue et de vulgarisateur, qui font que son propos reste accessible même quand il traite de questions très complexes. De plus, ce véritable passionné par le monde des idées parvient à transmettre son enthousiasme.

En préface à son livre, Jean Grondin, qui fut son professeur, écrit : « À ses lecteurs, je dirai seulement qu’ils ont beaucoup de chance de le lire. » Il a bien raison.

Vous apprendrez des tas de choses en lisant ce troisième tome de Monde, véritable condensé de culture générale, et je fais le pari que vous ne résisterez pas à l’envie de vous procurer les deux premiers.

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