Il faudra patienter pour découvrir, plus tard cet automne, un nouveau roman de Kim Thúy, de Michel Tremblay, de Deni Ellis Béchard ou d’Alain Farah. Mais d’ici là, ce n’est vraiment pas le choix qui manque et il y en a pour tous les goûts. Voici donc un tour d’horizon de ce qui vous attend en librairie du côté québécois.

À surveiller

La ballade de Baby suivi de Sagesse de l’absurde
Heather O’Neill (trad. Dominique Fortier) (Alto)
Dans ce premier roman de Heather O’Neill, maintenant doté d’une traduction québécoise, Baby, 12 ans, vit à Montréal avec son jeune père Jules, un junkie. Ne possédant pas grand-chose, Baby et son père déménagent souvent, dans des appartements tous plus misérables les uns que les autres. Baby vit aussi parfois en famille d’accueil au gré des hospitalisations ou des désintoxications de son père. Brillante et rêveuse, cette jeune fille lumineuse éloigne autant qu’elle peut la dure réalité de son quotidien en s’accrochant à l’innocence de son enfance, tout en perdant peu à peu sa naïveté.

 

Les lois du jour et de la nuit
Emmanuelle Caron (Héliotrope)
Alors que son mari est parti à la guerre, Marguerite apprend qu’il a été fait prisonnier et elle retourne vivre avec son fils dans la forêt où elle a grandi, là où sa mère la terrorise, là où d’étranges personnages gravitent. Marguerite agira en protectrice pour son fils, alors qu’un géant rôde et qu’une histoire de vengeance se prépare. Son mari, pris quant à lui en Indochine, essaie de s’évader. Après Tous les âges me diront bienheureuse, Emmanuelle Caron échafaude un récit envoûtant dans lequel le mystère plane.

 

Le sommeil des loutres
Marie-Christine Chartier (Hurtubise)
Après la mort de son frère et un séjour en désintox, Jake, un acteur vedette de 21 ans, essaie de reprendre pied dans sa vie, de se reconstruire. Fuyant son ancienne vie, il devient plongeur dans une pizzéria — où travaille également Émilie, 18 ans, en peine d’amour. À part leur tristesse, ces deux êtres n’ont rien en commun. Tous les deux peu enclins à nouer des liens, ils finiront pourtant par se lier, et à s’entraider, voire à entrevoir de l’espoir. Comme dans L’allégorie des truites arc-en-ciel et Tout comme les tortues, l’auteure explore avec finesse l’amour et l’amitié.

 

Pleurer au fond des mascottes
Simon Boulerice (Québec Amérique)
C’est au tour du prolifique Simon Boulerice de signer un livre dans la collection « III », qui regroupe trois récits inspirés de la vie de l’auteur. Mais ce dernier peut également réinventer ses souvenirs. Avec Pleurer au fond des mascottes, Simon Boulerice réussit, comme à son habitude, à nous faire autant rire que pleurer avec cette histoire émouvante qui, en revisitant son enfance, tente de démystifier le sourire de Simon et sa légèreté, sa bonne humeur contagieuse, qui parfois cache peut-être autre chose… ou non!

 

 

L’œil de Jupiter
Tristan Malavoy (Boréal)
Après Le nid de pierres, Tristan Malavoy récidive pour un deuxième roman dans lequel il raconte l’histoire d’un homme qui traîne les douleurs de son passé. À 49 ans, Simon, professeur d’histoire au cégep, démissionne et part pour La Nouvelle-Orléans, où il essaiera de panser ses blessures au gré de la vie louisianaise, souvent endiablée. Il fera la rencontre de Ruth et apprendra notamment l’histoire de la ville. Faisant écho au passé, L’œil de Jupiter raconte aussi le récit d’une jeune Acadienne, arrivée à La Nouvelle-Orléans en 1792 pour se construire une nouvelle vie. Ce roman esquisse en parallèle le parcours d’un homme et la trajectoire d’une ville, les tempêtes de l’un et de l’autre.

 

Mon (jeune) amant français
Josée Blanchette (Druide)
La chroniqueuse du Devoir, qui a déjà publié des chroniques et des essais, se tourne cette fois du côté de la fiction. Le monde de Jeanne s’écroule lorsque son mari, un médecin, la quitte pour une jeune résidente. Bouleversée, Jeanne se réapproprie peu à peu sa vie, et son corps, aussi, s’adonnant notamment au swing. Elle fréquentera un Français plus jeune, ce qui la mènera sur le chemin de l’érotisme et de l’abandon. Elle apprendra à suivre ses pulsions et à lâcher prise.

 

 

École pour filles
Ariane Lessard (La Mèche)
Celle qui nous avait offert Feue et Zodiaque, un collectif qu’elle a codirigé, revient avec un roman choral qui se déroule dans un pensionnat pour filles, au cœur de la forêt. Les voix des pensionnaires s’entremêlent, ce qui crée un tableau dense — comme une mosaïque — de cette école hors du commun, qui semble appartenir à un autre temps et à un lieu indéfini. Féminisme, écologie, savoirs occultes, liberté et violence jalonnent ce roman singulier et sombre.

 

 

Bermudes
Claire Legendre (Leméac)
La narratrice débarque à Montréal après avoir quitté l’Europe, laissant son ancienne vie derrière elle et prévoyant de suivre les traces de Nicole Franzl, surnommée Franza, dans le but d’écrire sa biographie. Cette écrivaine autrichienne méconnue aurait passé les dix dernières années de sa vie au Canada, avant de disparaître dans le fleuve Saint-Laurent, sans que son corps ne soit jamais retrouvé. Tout en tentant d’emprunter les pas de la disparue, la biographe erre à la recherche d’elle-même, à travers des déceptions amoureuses et des deuils.

 

La dernière fois qu’on l’a vu, c’est au Perrette
Claude Champagne (Stanké)
Claude Champagne revisite l’enfance dans son nouveau roman, en mélangeant l’époque actuelle avec des souvenirs de la fin des années 70. En juin 1978, quatre amis sont heureux de l’arrivée de l’été. Mais un de leurs amis manque à l’appel et la dernière fois qu’ils l’ont vu, c’était au dépanneur du coin. Même si la police le cherche, les jeunes garçons décident de mener leur propre enquête. Quarante ans plus tard, les quatre comparses se retrouvent pour les funérailles de ce disparu dont le corps a été retrouvé, ce qui les replonge dans leur passé.

 

Faire les sucres
Fanny Britt (Le Cheval d’août)
Fanny Britt nous avait complètement charmés avec Les maisons. Voilà qu’elle revient avec un deuxième roman qui devrait tout autant nous plaire! Ce roman choral met en scène l’étiolement d’un couple et sonde notamment les privilèges, le succès et ce qui nous lie aux autres. Comme elle sait si bien le faire, la dramaturge et auteure dévoile les pensées profondes de ses personnages avec justesse, tendresse et sensibilité.

 

 

Des récits intimistes
Marité Villeneuve nous parle du parcours singulier de son frère Paul Villeneuve, lui aussi écrivain, dans son nouveau roman, Mon frère Paul (Del Busso Éditeur). Après avoir écrit Johnny Bungalow, ce dernier s’est retiré du monde, pendant plus de vingt ans. Pour son premier roman Chérie (Tête première), l’auteure Cynthia Massé présente un récit intimiste écrit par fragments. La compétition entre femmes, la féminité, le rapport au corps et les relations amoureuses sont des thèmes abordés. La narratrice se sent menacée par la femme qui était auparavant dans la vie de celui qu’elle aime. Après Deux semaines encore, Marielle Giguère s’inspire de ses expériences pour écrire sur les femmes qui vivent des fausses couches dans le roman Ci-gît Margot (L’instant même). Entre l’espoir que représente une grossesse et le traumatisme de perdre un bébé attendu, l’auteure oscille avec sensibilité dans les méandres de ce sujet délicat.

Des retours réjouissants
Un écrivain mort depuis peu visite sa petite-fille pendant qu’elle écrit, lui témoignant des conseils, la guidant dans la pratique de l’écriture : amalgamant fiction et réflexion sur la création littéraire, dans un propos à la fois drôle, ironique et inspirant, l’écrivain Alain Beaulieu nous charme avec son nouveau roman, Novembre avant la fin (Hamac). De son côté, Catherine Mavrikakis, qui nous avait ravis l’automne passé avec L’annexe, poursuit son œuvre remarquable avec L’absente de tous bouquets (Héliotrope). Ce récit intimiste et émouvant est celui d’une fille qui rend hommage à sa mère disparue et des mots qu’elle lui tend comme un bouquet, évoquant la renaissance, la douleur, le deuil et l’espoir. Dans Rayonnements (Leméac), Ying Chen s’inspire de l’histoire de Marie Curie et de sa fille Irène pour échafauder un récit sans jamais les nommer. Il sera question du parcours de ces deux femmes, deux scientifiques dont les découvertes sur le radium furent essentielles et dont le destin fut tragique. L’auteur de L’angoisse du paradis, Yann Fortier, propose un deuxième roman, Né pour être vivant (Marchand de feuilles), dans lequel un chanteur populaire connaît un succès planétaire. Se déroulant avant la période numérique et traitant notamment de célébrité, ce roman nous fait voyager à travers l’existence palpitante et rocambolesque d’une vedette du disco. Avec Méduse (Alto), Martine Desjardins aborde la honte du corps et la féminité, autant dans son pouvoir que dans ses déroutes. Celle qu’on surnomme Méduse connaît la cruauté des êtres, ceux de qui elle doit se cacher en raison de ses difformités. Elle devra s’affranchir de ces oppressions qu’elle subit.

Après sa première œuvre, Océans, le comédien James Hyndman récidive avec un second titre : Une vie d’adulte (XYZ). Écrit en fragments, ce livre intimiste ressemble à un journal personnel, rassemblant des observations et des réflexions sur le monde, la santé mentale, l’amour, l’ambition, la famille, etc. Au départ, Les Fourchettes, avant de devenir une série, et maintenant un livre (Hurtubise), c’était un blogue écrit par l’auteure et scénariste Sarah-Maude Beauchesne pendant sa vingtaine. Pour souligner ses 30 ans, l’auteure a sélectionné des textes issus de ce blogue, mettant en scène les aléas d’une jeune femme remplie de doutes, d’incertitudes, de contradictions et de questionnements, qui explore, entre autres, sa sensualité. Encore une fois, la populaire auteure sait nous émouvoir, avec finesse et sensibilité. L’écrivaine Christiane Lahaie quant à elle signe Zone 51 (Lévesque éditeur), un roman dans lequel une femme se remémore sa jeunesse, au début des années 90. Avec des amis, elle avait entrepris un voyage au Nevada, vers la Zone 51, dans l’espoir de rencontrer des extraterrestres. Même si la narratrice ne croyait pas en leur existence, ses amis, oui. C’est l’histoire de ce périple qui est ici racontée, un périple qui conduira à une disparition… Finalement, le comédien et auteur Patrice Godin revient avec la suite de son roman Sauvage, baby, intitulée Les chiens (Libre Expression). Vengeance et folie au menu de ce roman brutal et étouffant.

À lire aussi
Daddy, Antoine Charbonneau-Demers (VLB éditeur)
Pardonnez-nous, Seigneur, Denis Monette (Logiques)
Le livre inachevé de l’orgueil des rats : Grand Hall, René-Daniel Dubois (Leméac)
Que serions-nous sans le secours de ce qui n’existe pas, Simone Chaput (Leméac)
Le dessinateur, Sergio Kokis (Lévesque éditeur)

Des romans historiques
L’auteure Maryse Rouy offre deux romans historiques cet automne : Toute la chaleur du Nord (Druide) et À l’Hôtel des pays d’en haut (Hurtubise). Le premier s’inspire du wagon-école, qui avait jadis permis de donner accès à l’éducation aux régions éloignées du Nord canadien. En 1933, l’épouse d’un professeur, qui est atteint de tuberculose, le remplace pendant son absence, même si cela ne fait pas l’affaire de tous. Au menu du second roman : rivalités, histoires amoureuses, festivités et… disparition d’un policier montréalais. En 1925, à l’aube de la période des fêtes, la fille des propriétaires de l’Hôtel des pays d’en haut à Sainte-Agathe-des-Monts, est de retour à l’hôtel après un séjour à Montréal et voilà qu’elle se trouve liée à cette affaire de disparition, tout comme son amie journaliste. Après les trois tomes de la série William et Eva, Mélanie Calvé propose le roman Anaïs (Fides), retraçant la vie d’une jeune fille qui sera bouleversée à cause d’un terrible événement. Jean-Pierre Charland, quant à lui, est de retour avec le premier tome d’une nouvelle série, La pension Caron (t. 1) : Mademoiselle Précile (Hurtubise). En 1937, après avoir perdu son emploi à Ottawa, Louis s’installe à Montréal dans une pension de famille gérée par la veuve Caron et où demeure Précile, sa fille célibataire de 30 ans. De son côté, Éliane Saint-Pierre relate le parcours d’une femme tenace dans Un nouveau départ pour Geneviève (Les Éditeurs réunis). En 1964, à Montréal, Geneviève perd son emploi d’infirmière à l’usine, mais il n’est pas évident de se retrouver un travail à 45 ans… Divorcée et éloignée de sa fille, elle devra trouver sa place.

Dans Trahisons (t. 1) : La brochure de Pauline Gélinas (Québec Amérique), un homme âgé raconte à son arrière-petite-fille l’histoire de leur famille, issue d’immigrants pauvres arrivés d’Europe au début du XXe siècle. C’est aussi le récit d’une trahison dont ont été victimes ces gens qui espéraient une vie meilleure, trahison qui a eu des répercussions de génération en génération. Pour sa part, Dominique Hudson campe son histoire dans les années 60 et 70 à La Havane et dans Little Havana, un quartier de Miami où vivent des immigrants illégaux cubains. À cette époque des grands cabarets, trois générations de danseuses sont dépeintes dans Casa de la danza (Libre Expression). En 1878, à l’époque des défricheurs, un homme rêve de cultiver sa propre terre et fera la rencontre d’une femme avec qui il aimerait construire son avenir. Mais les embûches seront nombreuses. C’est à découvrir dans La terre de l’espoir (JCL) de Rachel Bégin.

À lire aussi
La faute des autres (t. 3) : La révolte, Josée Ouimet (Hurtubise)
Du côté des Laurentides (t. 3) : La maison du docteur, Louise Tremblay d’Essiambre (Guy Saint-Jean Éditeur)
Les Irlandais de Grosse-Île (t. 3) : Le mémorial, Christiane Duquette (Les Éditeurs réunis)
Les jolis deuils (t. 3) : Horizons bleus, Marjolaine Bouchard (Les Éditeurs réunis)
Shinobi (t. 1) : La naissance d’un Ninja, Francine Tremblay (Fides)
Shawinigan Falls dans l’univers de la saline, Louise Lacoursière (Libre Expression)
La vie à bout de bras (t. 2) : La trahison de Simone, Claude Coulombe (JCL)
Au pied du grand chêne (t. 1) : Méfiance et intolérance, Louise Caron (JCL)

Des premiers romans
Dans son premier roman (Et soudain Maureen, Leméac), Marianne L’Espérance sonde notamment la violence des êtres. Maureen, 10 ans, bat un jeune garçon avec une telle violence que cela le rendra sourd. Tara devient alors amie avec Maureen, mais cette amitié s’étiolera au fil des ans. Vingt ans plus tard, Maureen vit à San Francisco, tandis que Tara enseigne au secondaire et retourne vivre chez ses parents dans leur ancienne petite ville de banlieue. Ce déménagement, qui se veut temporaire, ravive des souvenirs et suscite chez Tara l’envie de renouer avec Maureen. L’auteure Elisabeth Massicolli, quant à elle, propose un premier roman mordant, La bouche pleine (Québec Amérique). Anxieuse, Camille tente d’oublier ses malheurs et de panser son cœur meurtri. Elle essaie d’esquiver les coups durs, parfois trop nombreux, et de reprendre pied dans sa vie. De son côté, Catherine Cloutier-Charette dépeint les troubles de santé mentale dans un premier roman émouvant, Civière 41 (Libre Expression). Entre les visites à l’urgence, les envies de mourir et les relations compliquées, la dépression et la maladie — elle recevra un diagnostic de bipolarité — teintent toute la vie de Flavie. Mais à travers son quotidien pas toujours rose, elle tentera de se retrouver et de se reconstruire.

Après avoir publié un recueil de poésie, Stainless, Hugo Beauchemin-Lachapelle signe un premier roman empreint d’humour et d’esprit sportif (La surface de jeu, La Mèche). Claude et ses amis découvrent un manuel d’entretien des patinoires et des zambonis. Mais cet ouvrage révèlerait un énorme secret, soit l’existence d’un complot au sein de la LNH! Ils enquêtent alors sur cette histoire, voulant à tout prix connaître la vérité. Pour sa part, Virginie Chaloux-Gendron interroge la peur qu’entraîne la naissance d’un enfant dans son premier roman Fais de beaux rêves (Boréal). L’amour d’une mère pour son enfant est tellement immense que la narratrice appréhende de le perdre et, pour éloigner cette crainte, elle jongle avec l’impensable et s’imagine toutes les possibilités de l’indicible qui pourraient survenir (accident, maladie, étouffement, kidnapping, etc.). Elle tente de cette manière de ne pas sombrer.

À lire aussi
Souvenir de Night, Mathieu Rolland (Boréal)
Petits géants, Pier Courville (Hamac)
La mort d’un commis de dépanneur, Jean-François Aubé (Lévesque éditeur)
Furie, Myriam Vincent (Poètes de brousse)

Lire le théâtre
Pour sa pièce Pétrole (Atelier 10), le dramaturge François Archambault s’est inspiré du reportage Loosing Earth de Nathaniel Rich, publié en août 2018 dans le New York Times Magazine. En 1980, Jarvis obtient un nouveau poste où il doit évaluer la faisabilité d’une transition énergétique qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Pendant ses recherches, il découvre les travaux des Alchimistes, un groupe de scientifiques indépendants qui prédit pour la planète de graves conséquences causées par les changements climatiques. Jarvis essaie de persuader l’industrie pétrolière de l’urgence d’agir pour sauver le monde. Mais ce combat est loin d’être facile…

Mishka Lavigne, quant à elle, présente sa nouvelle pièce, Copeaux (L’Interligne), mettant en scène une relation amoureuse qui s’étiole et ce qui reste après une séparation. Née de sa résidence au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, la pièce Okinum d’Émilie Monnet (Les Herbes rouges) traite entre autres de maladie, d’identité, de guérison et de la nature. Olivier Morin et Guillaume Tremblay (Épopée nord, L’assassinat du président) récidivent avec une nouvelle pièce corrosive et humoristique, Le clone est triste (Ta Mère), qui se déroule dans un futur pas si lointain. Alors que les baby-boomers ont disparu et que le clonage est interdit, un homme ordinaire découvre qu’il est malheureusement un clone.

Des personnages en quête identitaire
Une travailleuse sociale et une neuropsychologue s’intéressent à un génie, qui vit maintenant dans la rue et qui est psychotique. Les deux femmes souhaitent comprendre ce qui a mené cet homme surdoué à sombrer dans la folie et dans l’itinérance. Marie-Anne Legault raconte cette histoire dans La traque du Phénix (Québec Amérique). Après Vous n’êtes probablement personne, Marie-Jeanne Bérard revient avec un deuxième roman, Mars (Tête première). Flirtant avec le conte et le réalisme magique, ce livre révèle l’histoire d’Anaïs qui se cherche au point où elle aimerait ne plus être elle-même. Le mois de mars sera l’occasion pour elle d’affronter les démons qui la tenaillent et d’apprendre à être, justement. Après Dans la cage et Quelque chose en moi choisit le coup de poing, Mathieu Leroux signe le roman Avec un poignard (Héliotrope), qui traite du deuil et de la complexité des relations, ainsi que de la brutalité et du désœuvrement qui grondent parfois en nous. Un homme meurtri et désillusionné part à Las Vegas pour oublier. Il s’étourdit en multipliant les rencontres et en consommant. Des mois plus tard, il tentera de se reconstruire à Berlin. Écrit par fragments, le livre Parenthèse suisse (Triptyque) de Jules Clara — une première œuvre qui mélange fiction et autofiction — relate une parenthèse dans la vie d’une jeune femme, un long séjour à Fribourg, en banlieue de Lausanne. Cet exil sera l’occasion de se trouver, de définir son identité à travers cette nouvelle aventure et des rencontres.

À lire aussi
À la foire, Maud Chayer (Annika Parance Éditeur)
La fois où… les tortues m’ont appris à respirer, Amélie Dubois (Les Éditeurs réunis)

Des nouvelles
André Carpentier s’intéresse au destin des marginaux malmenés par la vie dans le recueil de nouvelles Le cri du poisson et autres esquisses (Leméac). Ceux-ci essaient tant bien que mal d’améliorer leur sort. C’est à la fois sombre, drôle et touchant. Le poète et traducteur Francis Catalano présente un premier recueil de nouvelles, Qu’il fasse ce temps (Druide), lequel comprend sept textes sur les variations du temps, cet élément parfois si intangible. De son côté, Raphaëlle B. Adam propose un recueil composé de dix-sept nouvelles (Servitude, Triptyque), lesquelles se passent à Riverbrooke, une petite ville en apparence banale, mais où des histoires inquiétantes se déroulent. Chez Annika Parance Éditeur, dans la collection « Sauvage », le titre Présents composés de Juan Joseph Ollu regroupe cinq nouvelles qui s’articulent autour de personnages de rebelles, des gens qui ont soif de liberté et d’absolu — des ambitions qui ne s’avèrent pas toujours simples. D’un regard lucide et acéré, Josip Novakovich écrit sur l’exil, le déracinement et le rêve américain dans les nouvelles de Café Sarajevo (Hashtag).

À lire aussi
Présages, Lisanne Rheault-Leblanc (Del Busso Éditeur)

Des histoires familiales et des souvenirs d’enfance
Après la mort de sa femme, Émile vit seul avec son fils sur leur ferme familiale. Une domestique se joindra à eux, une femme mystérieuse qui souhaite créer des liens. Mais le fils n’appréciera pas d’emblée cette nouvelle venue, même si son père souhaiterait leur union. C’est ainsi que Brigitte Pilote ausculte notamment les désirs ainsi que le poids des traditions et de l’héritage dans La femme qui rit (Seuil). Louise Desjardins campe son nouveau roman, La fille de la famille (Boréal), dans les années 60 et 70. C’est à travers le regard d’une jeune fille que l’histoire de cette famille est racontée. Elle deviendra une jeune femme éprise de liberté dont on suivra l’émancipation et le parcours singulier. Les petits et les grands drames d’une famille se dévoilent dans Filibuste de Frédérique Côté (Le Cheval d’août) : les femmes d’une famille, une mère et ses trois filles, sont bouleversées par un événement tragique impliquant le père.

À lire aussi
Monsieur le Président, Danielle Pouliot (Sémaphore)

Un peu de romance
Lili, qui célébrera bientôt ses 30 ans, saisit l’occasion de la fermeture du café qu’elle fréquente pour y ouvrir une pâtisserie, un rêve d’enfance. Mais ce projet n’est pas de tout repos, et la voilà complètement absorbée dans ce nouveau défi, ce qui laisse peu de temps à une vie amoureuse. À lire dans La petite pâtisserie de Lili de Marie-Claude Martel (Les Éditeurs réunis). Une jeune nutritionniste se retrouve à Kigawôgan, où elle devra s’intégrer à la communauté autochtone et où un homme fera chavirer son cœur. Une nouvelle vie attend cette jeune femme dans Au cœur de nous (t. 1) : Le feu de Kigawôgan de Marie-France David (Québec Amérique).

Inspirante poésie
Après Quai 31 et Je ne sais pas penser ma mort, Marisol Drouin dévoile un premier recueil de poésie, Lola et les filles à vendre (La Peuplade), dans lequel elle explore les difficultés d’être une femme, sous plusieurs facettes de la vie : la création, l’amour, la liberté, etc. La poète Laura Doyle Péan publie son premier livre, Cœur yoyo (Mémoire d’encrier), où une jeune femme apprivoise sa nouvelle vie après la séparation avec son amoureuse. Ce n’est toutefois pas l’histoire d’une peine d’amour, selon l’auteure, mais plutôt l’histoire d’un apprentissage, comme un rite de passage : celui de l’amour et du deuil. Aux éditions David, Paul Savoie propose Ce matin, un recueil qui sonde notamment le désir, l’attente et l’émerveillement, lors d’un matin lumineux qui incite à l’introspection et à la contemplation. Chez le même éditeur, Hélène Leclerc revient avec un recueil de haïkus, La route des oiseaux de mer, dans lequel figurent les saisons ainsi que le fleuve Saint-Laurent. Du côté de L’Hexagone, Daniel Leblanc-Poirier conclut un triptyque avec le recueil Mélasse, qui s’attarde au désir, au couple et aux rapports humains, tandis que Michel Gay explore le réel et le surréalisme, entre autres, dans Images et reliefs du cœur arrêté. Traduit par Jonathan Lamy, le recueil bilingue (français-anglais) de la poète Rachel McCrum, Le premier coup de clairon pour réveiller les femmes immorales (Mémoire d’encrier), offre une poésie féministe et engagée qui appelle à la solidarité ainsi qu’au mouvement. Dans son recueil D’une caresse patentée (Triptyque), Louise Marois brosse le portrait de son père pour tenter de le saisir, de le comprendre, ce qui l’amènera peut-être à mieux se connaître aussi. Après Casse-gueules, Émilie Turmel livre un deuxième recueil, Vanités (Poètes de brousse), dans lequel elle s’intéresse à l’acte d’écrire et à la place de la femme dans cette démarche.

Avec Apesanteur (Perce-Neige), Paul Bossé témoigne de l’état de notre planète, comme s’il l’observait du cosmos. Alex Thibodeau sonde quant à elle l’amitié et ses frontières, ses jeux et ses abus, en plongeant dans l’enfance (Infantia, Le lézard amoureux). Après douze ans d’absence, Tania Langlais revient avec un recueil qui explore le temps et la mort en revisitant la dernière journée de la vie de Virginia Woolf (Pendant que Perceval tombait, Les Herbes rouges). Pour son premier recueil, Le mouvement des couleuvres (Du passage), Gabrielle Roberge aborde les thèmes de la nature et de la maternité notamment en témoignant du quotidien d’une jeune femme vivant à la campagne avec ses enfants. Pour sa part, Sébastien Lamarre propose une poésie en prose avec L’effet funambule (La Grenouillère). De leur côté, Timothée-William Lapointe et Baron Marc-André Lévesque signent Verdunland (Ta Mère), un recueil qui met en scène un Verdun fantasmé. Dans Le cœur-accordéon (Du Noroît), de Mireille Cliche, une année se déroule avec ses deuils et ses pertes, mais également des espoirs et des joies. Finalement, Nos banlieues (Les Écrits des Forges), troisième recueil de Marie-Hélène Sarrasin, parlent de ces lieux où les gens semblent suivre la parade, essayant tant bien que mal de trouver un équilibre entre les apparences et leurs rêves.

À lire aussi
Le ciel n’est pas une bâche, Bianca Côté (Les Écrits des Forges)
Les amours industrielles, Maxime Cayer (Les Écrits des Forges)
Florence, jusqu’au bout du bleu, Mélina Bernier (Du Noroît)
Passer l’hiver, Kateri Lemmens (Du Noroît)
Kukaï, collectif (Éditions David)
Friselis sur l’onde, May Bery, Jacques Boulerice et Madeleine Guys (Triptyque)
Les jardins de linge sale, Laurence Gagné (Le lézard amoureux)
Mythe, Mykalle Bielinski (Du passage)
Notre-Dame du Grand-Guignol, Sébastien Émond (Hashtag)
Les noces de la plus grosse femme au monde et de l’homme-serpent, Louis-Philippe Hébert (La Grenouillère)
Bienvenue les profondeurs, Étienne Prud’homme (Omri)
Ramages, Laurence Langlois (Omri)
Vie nouvelle, Michaël Trahan (Le Quartanier)
Nature morte au couteau, Anne-Marie Desmeules (Le Quartanier)

Des œuvres hybrides
Dans un livre atypique intitulé Carrousel encyclopédique des grandes vérités de la vie moderne (La Peuplade), Marc-Antoine K. Phaneuf énumère des phrases philosophiques et ludiques qui pourraient ressembler à de grandes vérités, mais qui sont plutôt souvent fausses. Accumulées pendant plus de dix ans, ces observations réelles ou non jouent avec les mots, le langage et l’inattendu. Voilà un drôle d’inventaire, une originale collection d’aphorismes un brin décalés, qui font sourire. Dans la collection « Paroles » chez Planète rebelle, comprenant un livre et un balado audio, La ruée vers l’autre : Histoires de traversée de la conteuse Mafane présente quatre récits abordant les thèmes de la migration, de la fuite et de la rencontre de l’autre, autant d’histoires qui retracent l’humanité des êtres.

Des collectifs
Quinze auteures, dont Caroline Allard, Fanie Demeule, Corinne Larochelle, Geneviève Lefebvre, Véronique Marcotte et Suzanne Myre, participent au collectif Projet P (Québec Amérique), un recueil dirigé par Karine Glorieux qui s’attarde à des histoires de pénis, des récits parfois drôles, parfois douloureux, parfois amoureux. Sous la direction de l’écrivaine Chrystine Brouillet, qui signe également une nouvelle, l’ouvrage Ponts (Druide) rassemble des textes de Marie-Eve Bourassa, Claudine Bourbonnais, Benoît Bouthillette, R. J. Ellory, Claude A. Garneau, David Goudreault, François Lévesque, Tristan Malavoy, Martin Michaud, Ariane Moffatt, Marie-Ève Sévigny et Johanne Seymour. Les treize nouvelles s’inspirent des œuvres de la série « Ponts » de l’artiste montréalais James Kennedy. Les structures d’acier se déclinent ici dans diverses représentations. Dix auteurs — Raphaëlle B. Adam, Marie-Jeanne Bérard, Camille Deslauriers, Marie-Pier Lafontaine, Hélène Laforest, François Lévesque, Anya Nousri, Patrick Senécal, Olivier Sylvestre et Lysandre Trudeau — explorent la méchanceté qui peut se manifester chez les femmes. À lire dans le collectif Cruelles (Tête première), dirigé par Fanie Demeule et Krystel Bertrand.

À lire aussi
Histoires de mamans, Josée Bournival, Catherine Girard-Audet et Nadia Lakhdari (Goélette)

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