Une semaine de grandes pertes pour la littérature québécoise. Après le décès de Marie-Claire Blais puis celui d’Abla Farhoud, voilà que François Hébert passe également l’arme à gauche. Décédé le 4 décembre, à 73 ans, l’éditeur et cofondateur de la maison d’édition indépendante Les Herbes rouges était reconnu pour sa curiosité et son regard exigeant et laissera derrière lui un apport immense à la poésie d'ici.

C’est à l’automne 1968, avec son frère Marcel, que François Hébert avait fondé la revue les herbes rouges. Dans les premiers numéros de la revue, déjà, on y retrouvait plusieurs auteurs de renom tels que Gaston Miron, Jacques Ferron et Paul-Marie Lapointe, mais aussi des noms jusqu’alors inconnus, qui ont formé la nouvelle garde de la poésie québécoise. Dix ans plus tard, le duo fonda la maison d’édition à qui il donna le même nom que la revue : « Depuis sa fondation par les frères Marcel et François Hébert, les éditions ont toujours tenu à leurs principes, dont celui de laisser toute la liberté aux mots et à leur pouvoir d’évocation », lisait-on sous la plume d’Isabelle Beaulieu dans un article consacré aux 50 ans de la maison, en 2018.

Roxane Desjardins, poète, coéditrice depuis 2017 et directrice générale de la maison Les Herbes rouges depuis 2021, expliquait lors de ce même article que ce qui caractérise les éditions Les Herbes rouges, c’est qu’elles favorisent la publication intégrale de l’œuvre d’auteurs. Cela ne signifie pas d’accepter systématiquement tous leurs manuscrits, mais bien d’accompagner les auteurs lorsqu’ils passent d’un genre littéraire à l’autre, explique-t-elle, de travailler de concert avec eux au bénéfice du texte. Elle qualifiait les auteurs qui y publiaient « d’écrivains à la démarche forte et singulière, qui ont en commun de ne jamais sacrifier le travail de la forme à leur propos ». Ce sont maintenant plus de 600 titres qui font honneur à leur catalogue.

François Hébert, lors de la nomination de madame Desjardins à la tête de la maison qu’il avait cofondée, s’était déclaré heureux de léguer Les Herbes rouges : « J’ai cherché longtemps la personne qui prendrait la relève. Je ne voulais pas que la maison d’édition disparaisse avec moi. Le travail sur les manuscrits, c’est fondamental. Roxane et moi, on collabore de la même façon que je le faisais avec mon frère Marcel. Ça s’est passé naturellement, Roxane a tout de suite gagné la confiance des auteur·e·s ». D’ailleurs, François Hébert sera resté éditeur jusqu’à ses derniers instants, comme il le souhaitait.

Nos plus sincères condoléances à tous ses proches, amis, auteurs et connaissances. Le legs de monsieur Hébert à la littérature québécoise est immense et nous l’en remercions.

Photo : © Hugo B. Lefort

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