Toutes les nouvelles ne sont pas heureuses dans l’univers littéraire. Ces derniers mois, quelques auteurs se sont éteints. Et bien que l’on ne puisse en faire une quelconque comparaison, un éditeur et un distributeur vont eux aussi disparaître.

Tout récemment, nous apprenions le décès de l’auteur canadien Brian Brett. Également poète, éditeur et journaliste, Brian Brett a publié près d’une quarantaine de livres, majoritairement de la poésie. En 2016, le Writers’ Trust of Canada l’a récompensé du Matt Cohen Lifetime Award pour l’ensemble de son œuvre. Il a également remporté le Writers’ Trust Nonfiction Prize pour son livre Trauma Farm : A Rebel History of Rural Life, traduit chez Leméac en 2023. Le même éditeur avait auparavant publié Vacarme pour musique en 2008.

L’auteur et poète Émile Martel s’est éteint à l’âge de 82 ans en novembre dernier. Celui qui fut président de l’Académie des lettres du Québec pendant une dizaine d’années laisse un grand vide dans le cœur des académiciens. Respecté par ses pairs, Émile Martel a défendu la liberté d’expression de multiples façons. Professeur de langues et de littérature, diplomate, traducteur et auteur, il a remporté un Prix du Gouverneur général en 1995 grâce à son livre Pour orchestre et pour homme seul.

Plus tôt en 2023, la poétesse américaine Louise Glück s’est éteinte à l’âge de 80 ans. Lauréate du prix Nobel de la littérature en 2020, Louise Glück a publié plus d’une dizaine de recueils de poésie, dont The Wild Iris, pour lequel elle a été récompensée du prix Pulitzer. Peu traduite avant qu’elle remporte le Nobel, son œuvre fait peu à peu son chemin en francophonie. D’ailleurs, 2024 a débuté avec la parution chez Gallimard d’un recueil bilingue de trois titres incluant L’iris sauvage, Meadowlands et Averno.

C’est à la toute fin de 2023 que fut annoncée la fin des opérations pour la maison d’édition Les Heures bleues. Fondée en 1995 par Serge Théroux, Gilles Pellerin et Marie Taillon, la maison a changé de mains une première fois en 1999, puis une deuxième en 2016, avec Pierre Desautels aux commandes. Depuis sa création, Les Heures bleues a publié plus d’une centaine de titres de toutes sortes, touchant de la poésie à la science, de la littérature jeunesse aux essais. La récente collection « Les 27 », dont les 27 scènes marquantes du cinéma québécois, de Michel Coulombe, paru en août dernier, se déployait en plusieurs sujets, notamment l’évolution, la mort et les chansons au Québec. On se rappellera également quelques-uns de ses abécédaires, dont Abécédaire horrifiant et gluant et Abécédaire des monstres. Seul employé à temps plein, M. Desautels n’a pas déniché de relève et s’est contraint à mettre la clé sous la porte. Un triste événement, vraiment.

Enfin, le distributeur Agence du Livre (ADL) a annoncé qu’il fermerait lui aussi ses portes en juin prochain. Situé à Sherbrooke, ADL distribue entre autres les éditions Kimane, Circonflexe, L’Élan vert, White Star et Nimrod. Il s’était déjà départi des éditions Quatre Fleuves, acquises par Hachette et de quelques autres éditeurs québécois et étrangers, tels que 123 Soleil, La Plume D’or, Lo-Ély et Place des Victoires. Ces éditeurs trouveront sans doute un autre distributeur, bien sûr, mais c’est tout un entrepôt qui se vide, et des dizaines d’employés qui se retrouvent sans emploi. Décision difficile, à laquelle les propriétaires ont dû se résoudre, et qui s’explique par plus d’un facteur.

On salue bien bas les gens qui vivent ces épreuves, à l’ombre des regards.

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