Renaud Plante, éditeur aux 400 coups, chez Mécanique générale et chez Somme toute, présente un livre qui l’a particulièrement marqué récemment : De l’utilité de l’ennui : Textes de balle, écrit par Andrew Forbes dans une traduction de Daniel Grenier et de William S. Messier aux Éditions de Ta Mère.

Je vais encore avoir l’air d’un nostalgique fini

Nommer notre dernier coup de cœur littéraire n’est jamais chose facile. On ne veut pas y aller pour le livre que tout le monde salue. Ce serait trop évident. On ne veut pas non plus citer notre dernière trouvaille plus marginale. Ça aurait l’air forcé. Et il serait évidemment mal vu de parler du brillant La vie d’artiste de Catherine Ocelot, livre que je viens tout juste d’éditer et qui est paru le 6 mars chez Mécanique générale. Ce serait gênant.

Avant d’être éditeur, je jouais au baseball. Ce n’est pas pour me vanter, mais j’étais pas pire pantoute. J’ai gagné le prix du joueur le plus utile à son équipe à plusieurs reprises, prix remis lors d’un grand souper spaghetti au centre sportif de Saint-Sauveur. Bien que le baseball ne fasse plus vraiment partie de ma vie, il m’arrive d’être nostalgique et de rester accroché devant un bon vieux match de baseball. Je ne connais plus autant les joueurs, mais la lenteur demeure.

C’est entre autres de cette lenteur qu’il est question dans le livre De l’utilité de l’ennui : Textes de balle d’Andrew Forbes. Un recueil empreint de nostalgie comprenant plusieurs courts récits et réflexions sur le baseball, sur l’impact qu’a ce sport sur notre vie, sur ses rituels, ses héros et les souvenirs auxquels il nous renvoie. Du premier achat d’un paquet de cartes aux films de baseball mettant en vedette Kevin Costner. À travers ses textes, Andrew Forbes y parle de son plaisir à partager ce sport avec sa fille. Et parce que j’ai tendance à être un brin nostalgique, ça me ramène au temps passé avec mon père, autant sur un terrain de baseball que dans les estrades du Stade olympique à philosopher sur la vie, à partager et surtout à parler de balle. Parce que le baseball, c’est la vie. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas. Dans un monde où nous sommes sollicités de tous bords tous côtés, il est rassurant de voir qu’il existe encore des lieux où il y a une place pour la réflexion, l’inactivité et l’ennui. Parce qu’au baseball, il faut prendre son temps. S’assurer que le prochain lancer sera le bon, et pour ça, il ne faut pas se presser. Il est temps de redonner à l’ennui ses lettres de noblesse. D’en faire redécouvrir l’utilité. Et ce livre y participe brillamment.

 

Mécanique générale publie des bandes dessinées singulières qui marquent les esprits, empreintes de sensibilité et d’humanité. Chez Somme toute, on présente différents points de vue sur la société, sous forme d’essais, de récits et de chroniques. Aux 400 coups, c’est la littérature jeunese qui est à l’honneur. 

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