Il nous arrive parfois de découvrir des petits trésors de lecture sur le tard. Ces livres, qui ont accumulé injustement la poussière au coin du lit, méritent de prendre leur revanche.

La Grande Guerre 14-18, la supposée « der des ders ». Source qui n’en finit plus d’inspirer de grandes œuvres aux angles de traitement si divers… Là s’inscrit Le soldat désaccordé de Gilles Marchand, à qui les libraires français ont accordé il y a peu leur Prix des libraires 2023.

Son narrateur est un poilu jamais nommé, qui a perdu la main gauche dès l’automne 1914. Cependant, incapable d’abandonner ses camarades (et certes encore naïf), il devient camionneur et cantinier, question de continuer à aider. Mais, après, comment s’en sortir et affronter le retour à la vie civile? Notre homme se fait enquêteur, à l’emploi de familles cherchant un fils, un frère, un mari disparu. En 1925, une veuve demande à le voir, elle cherche toujours son fils Émile, dont le portrait se bâtit peu à peu, au fil des ans et des contacts qu’il retrace. La mère est loin d’avoir tout dit : son fils, à l’âme de poète, était follement amoureux d’une jeune Alsacienne à qui il écrivait tous les jours depuis les tranchées, jeune fille dont la mère nie même l’idylle avec son Émile. Il devient donc essentiel de la retrouver elle aussi pour comprendre…

Cette quête éperdue, le narrateur la fait sienne et la raconte dans une langue à la fois vive et poétique, qui sait émouvoir et même faire sourire. Vraiment, un roman à lire!

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