À la rédaction, il nous arrive de découvrir des petits trésors de lecture sur le tard. Ces livres, qui ont accumulé injustement la poussière au coin du lit, méritent de prendre leur revanche. 

Une femme travaille au Jet Lite, un bar dans un aéroport, et est témoin des départs et des arrivées de tous les quidams en transit. Un jour, un homme s’assoit au comptoir et commande un verre. Ce sera le début d’une passion ardente qui s’impose sans compromis. L’écriture de Rondeau met le feu aux poudres et brûle tout ce qui n’existe pas assez fort. Avec une parole poétique assumée, l’auteure brise les frontières narratives pour aller jusqu’au centre du volcan.

Pour vivre l’amour qui les pulvérise, l’homme et la femme ordonneront un plan pour tuer la mère du premier qui empêche la fusion des amants. « Raconte-moi un souvenir à faire éclater à la mitraillette. » Désir, amour, meurtre, littérature, « tout devient envisageable » dans ce roman où le factice et la fadeur sont lancés aux chiens. C’est un roman où les mots rêvent sans cesse d’une métamorphose physique, d’une incarnation en chair et en os où la matérialité remplacerait leur besoin d’expliquer toute chose. C’est un livre qui se vit plus qu’il ne se lit, où l’œil transpose sa rétine dans les nerfs et la peau.

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