De quoi ça parle?
La journaliste Tatiana Polevoy s’est penchée sur le phénomène médiatique que fut le magazine Urbania, à l’occasion de ses vingt ans d’existence. Elle a souhaité saisir l’essence, évanescente, de cette chose devenue un incontournable culturel qui joue sur la fine ligne entre le bon goût et le quétaine. Un magazine qui a osé aller mettre son nez autant dans un cours de danse de set carré que dans un sauna gai, autant chez un collectionneur de trains miniatures que dans le hall d’un hôtel bondé de filles prêtes à tout pour frencher un joueur de hockey. À chacun de ses reportages, Urbania déboulonnait des mythes, par le truchement de l’humour ou du cynisme. Voilà ce que rappelle Polevoy.

Des débuts du magazine (on apprend qu’au lancement, le premier venu fut Jean Leloup, à la grande surprise des créateurs eux-mêmes, et que le nom « Urbania » a été choisi car l’un des cocréateurs avait, quelques années auparavant, fait imprimer 12000 cartes professionnelles avec ce vocable dessus et qu’il s’agissait d’une bonne occasion pour les récupérer) jusqu’à Urbania télé, on plonge dans un monde éclaté et audacieux, « plus proche de la salle de rédaction de Radio Enfer que de celle de Scoop, mettons », y lit-on.

La grande qualité de cet ouvrage réside notamment dans le fait que la journaliste nous remet directement dans le contexte, à la fois social, idéologique et culturel de plusieurs moments clés de l’histoire d’Urbania. Par exemple, pour asseoir le contexte du baptême, elle rappelle qu’il a eu lieu au moment de l’heure de gloire de « c’est quoi ton ASV? » et de Richard Martineau au Voir (oui, les temps ont changé!). Tatiana Polevoy a également fait ses devoirs : elle a construit l’ouvrage grâce à, notamment, plus de quatre-vingts entrevues menées avec d’anciens rédacteurs en chef, des collaborateurs réguliers, des membres de l’équipe et des lecteurs assidus. Plusieurs témoignages sont aussi savoureux… qu’étonnants!

Ce livre de 300 pages est d’une grande richesse visuelle : on y retrouve plusieurs couvertures chouchous, des images tirées des reportages de l’époque et des personnes en tenue d’Ève et d’Adam (bien entendu, car il y en avait toujours une ici ou là dans Urbania). Des photos qui ont fait jaser à leur parution, et qui le font encore aujourd’hui, mais pas pour les mêmes raisons. Le ton est aussi irrévérencieux qu’il l’était dans le magazine et qu’il l’est encore sur le Web : les éclats de rire sont assurés.

 

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