De quoi ça parle?

« Mon nom est Brianna Jonnie. J’ai quatorze ans. »

En 2016, la jeune Ojibwe Brianna, lucide malgré son jeune âge, envoie au chef de la police de Winnipeg, à l’attention notamment du premier ministre du Manitoba, une lettre afin d’expliquer qui elle est, pourquoi elle a peur de prendre l’autobus, pourquoi les façons de faire actuellement — des politiques, de la communauté et des médias — concernant des filles autochtones disparues la poussent à croire qu’elle n’a pas le même traitement que les autres. « Agir ainsi me fait croire que MA VIE n’a aucune importance », écrit-elle dans cet ouvrage qui reprend cette lettre et la met en images. En fait, Brianna leur démontre tout simplement qu’il est possible de faire mieux, qu’il faut faire mieux.

Avec sa lettre, elle glisse une photo d’elle. Pour qu’on ne l’oublie pas si elle venait à disparaître. Car le tout ne serait jamais son propre choix, affirme-t-elle pour bien faire comprendre que toutes ces femmes disparues, elles ne l’ont pas souhaité et qu’il faut les retrouver. « Dites-leur que j’avais des buts, des rêves, des ambitions, ainsi qu’un avenir prometteur », les intime-t-elle, afin d’aller au-delà des préjugés. « Donnez des détails qui m’humanisent, et qui ne font pas seulement référence à la couleur de mes cheveux, à ma taille ou à mes origines ethniques », continue celle qui aime la natation, fait du bénévolat, est une amie, une cousine, une étudiante. Et pas seulement une Autochtone.

Dans cet ouvrage coup-de-poing, comme tous ceux de cette collection d’ailleurs, la parole est prise par celles qui n’ont pas été assez entendues. Les illustrations, en teintes de gris et parsemées de rouge, ajoutent à la stigmatisation, encore de nos jours, des populations autochtones. Un riche dossier en fin d’ouvrage explique qui sont les auteurs de l’ouvrage, reproduit la lettre originale envoyée dans son intégralité et explique en quoi la disparition et le meurtre de filles autochtones sont un problème qui relève des droits de la personne. L’ouvrage idéal pour mieux voir la situation.

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Illustration : © Neal Shannacappo

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