Placoter avec Bernard Lavallée est assurément inspirant. Celui qui a remporté en juin dernier le volet Grand public du prix Hubert-Reeves a mis la biodiversité alimentaire au cœur de sa vie. Entrevue avec un passionné passionnant!

Tout jeune, Bernard Lavallée nourrissait sa curiosité dans les documentaires diffusés à la télé ainsi que dans les livres. Avide de connaissances, il recevait chaque mois sa revue Les Débrouillards qu’il prenait plaisir à découvrir. Aujourd’hui encore, ses nombreuses lectures sont davantage en lien avec son travail. « Chaque fois que je fais une chronique, pour la télé ou pour mon blogue, je fais des recherches et je valide mes informations. Je suis d’abord un scientifique; je n’affirme jamais rien sans l’avoir vérifié. » Lit-il pour le plaisir, aussi? De la fiction, peut-être? « Je suis un lecteur de vacances, donc pas beaucoup. Moins que je ne voudrais, en tout cas. » Il apprécie la littérature de la communauté LGTBQ+ d’ici et d’ailleurs. Si c’est avec Simon Boulerice qu’il a redécouvert la fiction, il nomme aussi Antoine Charbonneau-Demers, pour lequel il a eu un vrai coup de cœur, ainsi que Kevin Lambert et Jonathan Bécotte.

Que son livre À la découverte de la biodiversité alimentaire, publié aux Éditions La Presse, ait remporté le prix Hubert-Reeves n’est pas étonnant. En effet, l’ouvrage est un exemple parfait de vulgarisation scientifique, avec ses « bulles de Bernard », ses explications concises et ses exemples précis, le tout agrémenté d’anecdotes teintées d’humour. Sans compter le graphisme éclaté et les superbes illustrations aux couleurs vives de Simon L’Archevêque, son allié de toujours, qui accompagnent judicieusement la lecture. Comment parvient-il à vulgariser aussi bien? « Avec patience! Quand je me relis, je repère les concepts principaux et je les décortique, les simplifie, j’analyse chaque élément. J’en retire les informations essentielles et je les réécris en ajoutant des exemples. Ce n’est pas simple, parce que ce faisant, je dois synthétiser ma pensée et donc, laisser tomber d’autres infos pour que ça reste fluide et compréhensible. » Pari réussi, Bernard! Si son livre est truffé d’infos, il est surtout à la portée de tous. Ainsi, l’auteur nous invite à réfléchir aux aliments que nous mettons dans notre assiette, à leur provenance et à leur incidence sur l’écosystème. Il démontre comment certains aliments ont disparu au profit de d’autres et combien ces disparitions sont inquiétantes.

D’ailleurs, comment vit-on avec l’écoanxiété ambiante? « D’abord, c’est normal de l’être. Je pense qu’il faut valider ces émotions qui sont là, les vivre et ne pas s’accabler davantage quand on a un creux. Quand ça va mieux, cependant, on peut essayer d’en faire plus. C’est profondément injuste que ce fardeau repose sur nos seules épaules. » Il préfère ne pas se lancer dans cette direction, mais en somme, c’est à nos gouvernements d’agir et de faire en sorte que ce soit facile pour tout le monde d’être écolo.

Écrire pour que ça bouge
Lorsque je lui fais remarquer qu’il est sans doute l’un des premiers à avoir traité de gestes pratiques à faire au quotidien en faveur de l’environnement, notamment avec son premier livre, Sauver la planète un geste à la fois, paru en 2015, il me répond, magnanime, qu’il s’est inspiré de Laure Waridel avec L’envers de l’assiette, paru en 2003 et d’Élise Desaulniers, avec Je mange avec ma tête, en 2011. Le sien, cependant, a davantage un côté plus pratique, plus visuel, aussi. Déjà, on sent sa touche plus accessible. Suivra par la suite N’avalez pas tout ce qu’on vous dit, dans lequel il nous invite à faire preuve de prudence face à la multitude d’informations plus ou moins contradictoires dont nous sommes assaillis à propos de l’alimentation. Et le prochain livre? Bernard Lavallée a peut-être l’ombre d’une idée, mais ce ne sera assurément pas pour tout de suite. En attendant, on peut le croiser à la télé, notamment à l’émission Moi j’mange sur Télé-Québec, apprécier ses textes sur son blogue Le nutritionniste urbain ou son balado On s’appelle et on déjeune, qu’il anime avec Catherine Lefebvre, aussi nutritionniste.

Mais Bernard Lavallée a plus d’une corde à son arc. En pleine pandémie, désœuvré, il a décidé, avec Simon L’Archevêque, de faciliter l’accès du grand public aux semences ancestrales et de donner une plus grande visibilité au travail des artisans semenciers du Québec. Ainsi, ils ont créé des petites boîtes de semences ancestrales, accompagnées d’un livre explicatif. Et mon petit doigt me dit que ça ne fait que commencer… Ça vous inspire? C’est ici.

Et gagner le prix Hubert-Reeves, qu’est-ce que ça fait? « C’est tout un honneur! D’être reconnu par mes pairs, c’est hyper touchant. On n’a pas idée combien c’est difficile d’écrire pour informer, tout en étant drôle et léger. Toute mon admiration aux personnes qui font ce métier! »

Rappelons que le prix Hubert-Reeves salue la qualité et l’excellence d’un ouvrage de vulgarisation scientifique. Le prix Coup de cœur jeunesse du prix Hubert-Reeves a été décerné cette année à Fabrice Boulanger, pour son roman M.I.A. : Ma réalité augmentée, avec qui nous avons fait également une entrevue que vous pouvez découvrir ici.

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Photo : © Julie Artacho

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