Notre histoire se situe à des milliers et des milliers de kilomètres de Montréal, au fin fond de l’Occitanie. C’est ici que commence une étrange et merveilleuse aventure…

Chapitre 1 : La naissance d’un nouveau héros!
C’est à l’aube des années 1990, face à son poste de télévision, que le jeune et vaillant Tony Valente fit une rencontre déterminante qui allait l’entraîner dans une incroyable quête, bouleversant ainsi son destin à tout jamais. C’est donc au travers de Son Goku et du dessin animé Dragon Ball que Tony se familiarisa pour la première fois avec la création du génial Akira Toriyama. Puis, dans un second temps, il se procura la version papier de l’œuvre originelle, sans vraiment comprendre qu’il avait un manga entre les mains. Contrairement à la BD franco-belge dont il est habitué et friand (Astérix en tête de liste), les mangas sont publiés en noir et blanc. Qu’à cela ne tienne, Tony entreprend d’en colorier les cases, puis d’en recopier les dessins de Goku avant d’aller jusqu’à créer ses propres personnages et histoires annexes, pour ensuite les intégrer à l’univers de Dragon Ball.

Chapitre 2 : L’ultime choix de Tony
Place à une ellipse temporelle. Après une décennie passée à signer les illustrations de bandes dessinées scénarisées par d’autres, pour un succès somme toute relatif, lassitude et frustration auraient pu s’emparer du cœur de notre héros. Ne pas gagner d’argent est une chose, mais fournir autant d’efforts pour ne pas être lu en est une autre. Et surtout, Tony ambitionne de développer son propre récit fantastique au travers d’un format plus apte à véhiculer les émotions. Plutôt que de baisser les bras, notre héros au sang bouillant les leva, paumes tendues vers le ciel, accompagné d’un ultime cri du cœur : « Je veux faire un mangaaaa! »

Chapitre 3 : La mandale du titan
C’est à Montréal, où il vit depuis 2010, que notre stakhanoviste perfectionne son art au rythme des SCRITCH SCRITCH de la plume qui gratte le papier et de la musique rap jouée à fond pour le maintenir éveillé. Car son quotidien est loin d’être une sinécure. L’auteur s’impose une discipline de fer digne d’un athlète de haut niveau. Ne buvant pas d’alcool, travaillant aux aurores, ce dernier entretient son imagination comme un sportif entretient ses muscles. Quitte à passer jusqu’à 17 heures par jour plongé dans ses planches! Il compare même le rythme effréné de son activité à « un marathon qu’il faudrait courir à la vitesse d’un sprint » (voir son entrevue dans Le Devoir). Au même titre que certains athlètes assurent les parties de leurs corps constituant leur gagne-pain, les jambes de Lionel Messi par exemple, Tony, lui, a fait assurer sa main!

Illustration tirée de Radiant (t. 1) (Ankama) : © Tony Valente

Chapitre 4 : Radieux Radiant
Bien que l’activité de mangaka semble harassante, cela fait à présent 10 ans, 18 tomes et un généreux artbook que Tony s’éclate à développer et à enrichir son univers, invitant ainsi de plus en plus de lecteurs à l’explorer. Et il n’est pas prêt de s’arrêter étant donné qu’il a encore énormément de choses à raconter. Selon lui, la série devrait atteindre les 30 tomes. Et comme si cela n’était pas suffisant, le bougre a décidé d’enrichir son univers à l’aide d’histoires dérivées à paraître en 2024, Fabula Fantasia et Cyfandir Chronicles.

Chapitre 5 : Le nouvel explorateur
En plus d’être un dessinateur hors pair doublé d’un excellent conteur, Tony Valente est malgré lui une sorte d’explorateur. En effet, il a été là où aucun autre mangaka francophone n’a été avant lui. Il a été le premier à atteindre la barre du million d’exemplaires vendus dans son pays natal. Le premier à être publié au japon. Le premier à avoir été traduit en 22 langues et distribué dans 30 pays. Le premier dont un studio d’animation japonais a adapté l’œuvre en série. Au-delà de ce palmarès étourdissant, la consécration ultime vient du fait qu’il a été encensé par ses pairs nippons, dont Yusuke Murata, le brillantissime dessinateur de Eyeshield 21 et One-punch Man, qui est du propre aveu de Tony Valente, son ultime référence en matière de dessin. Prouvant ainsi qu’au final, bien que lui conférant un certain charme et autres subtilités, la qualité d’un manga ne se définit pas par son pays d’origine. Et bien que Tony Valente ne soit pas le genre d’homme à accepter facilement les compliments, on peut objectivement affirmer haut et fort qu’il peut s’asseoir à la même table que les cadors du genre.

Chapitre 6 : Le fantasia qui nous façonne
Ces faits d’armes impressionnants ne semblent pas lui monter à la tête et le détourner de son objectif principal, à savoir se faire plaisir en faisant voyager le lecteur à travers le Pharénos (le monde de Radiant) et surtout leurs émotions. Tony maîtrise parfaitement les codes du shonen, tout en ayant la clairvoyance de s’en éloigner quand il le faut. Dans un genre où les affrontements, la quête de puissance et la compétition nourrissent le récit, Tony, lui, a choisi de mettre l’ego de côté au profit de l’art et de la narration. En effet, il prend le temps de développer la galerie hétéroclite de personnages peuplant son univers aussi bien dans leur passé que leur personnalité sans condamner ni justifier les agissements des uns et des autres, même de ceux qui, a priori, endossent des rôles antagonistes. L’auteur laisse ainsi la liberté au lecteur d’interpréter les agissements et motivations de chacun, tout en l’invitant à s’interroger sur ce qui définit un être humain de valeur.

Chapitre Seth : Le dénouement et la suite…
Tony le dit lui-même, il a insufflé beaucoup de sa personnalité à celle de son héros, Seth. Et comme tout héros de shonen qui se respecte, son développement va de pair avec la rencontre d’un mentor l’aidant à mieux comprendre et maîtriser son pouvoir. Bien que la quête de Tony soit loin d’être achevée, il a très largement dépassé le statut de disciple. Au même titre qu’il a été influencé par Maître Toriyama et d’autres, Tony a inconsciemment enfoncé des portes et pavé la route pour une nouvelle génération de mangakas francophones.

Ganbare Tony-Yama sensei!

Illustration tirée de Radiant (t. 7) (Ankama) : © Tony Valente

Photo : © Luc Vidal

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