Des ados, une légende et un drame, avec en toile de fond une nature sauvage, enfiévrée… La bande dessinée Parfois les lacs brûlent, parue chez Front Froid, offre un univers riche et foisonnant, tout en nuances, d’émotions comme de couleurs. Rencontre avec une autrice portée par un vent venu d’Abitibi.  

Vous avez remporté trois prix cette année pour votre BD : le Prix des libraires, le Prix du livre jeunesse du Salon du livre de Trois-Rivières ainsi que le prix Réal-Fillion. Comment vivez-vous ce bonheur?
C’est très émouvant! Je ne pensais pas que cette histoire allait rejoindre un si grand public lorsque je l’ai écrite, et de la voir maintenant récompensée, notamment pour le Prix des libraires du Québec, est d’autant plus incroyable. Tout cela m’inspire beaucoup à continuer à écrire d’autres histoires.

Vous disiez que toute jeune, vous rêviez d’affirmer que vous êtes une bédéiste. C’est fait! Bravo! Quelles sont vos influences, vos inspirations? Vous avez des mentors?
Merci! Mes inspirations proviennent de plusieurs sources : livres, illustrations, musique, voyages… La nature et le fantastique m’inspirent particulièrement.

Vous avez assurément un talent naturel pour l’illustration, ainsi que pour construire un scénario de BD. Avez-vous suivi une formation particulière?
J’ai complété une technique en dessin animé au cégep du Vieux Montréal, puis un baccalauréat en design graphique à l’UQAM avec une spécialisation en illustration. J’ai également eu la chance de participer à un stage/mentorat chez les éditions Front Froid en création de bandes dessinées. Mes études cinématographiques, ainsi qu’en graphisme ont grandement façonné ma manière d’illustrer et de composer des images.

Que trouve-t-on dans votre atelier? Comment dessinez-vous? À l’aide d’une tablette graphique, de logiciels professionnels ou de façon traditionnelle, avec des crayons et du papier?
Mon procédé créatif implique un mélange de médiums traditionnels et numériques. Lorsque je suis en recherche d’idées, j’aime travailler sur papier. Je fais également toutes mes esquisses sur papier afin de trouver un trait que je trouve un peu plus vivant. Pour mes illustrations finales, j’utilise cependant ma tablette graphique. Je travaille depuis quelques années avec l’iPad, ce qui me permet de réaliser mes illustrations finales d’un peu partout.

Dans votre BD, il y a beaucoup de silences, des cases où la narration se tait et l’image parle. On s’extasie devant cette nature grandiose, on entend les branches craquer et on craint les flammes qui se rapprochent. On ressent la gratitude et toute l’estime que vous éprouvez pour l’Abitibi. Quelle place a la nature dans votre vie? Habitez-vous encore la région?
J’ai quitté l’Abitibi-Témiscamingue afin de venir faire mes études à Montréal, et j’y suis depuis. Mais je retourne souvent à ma terre natale pour, entre autres, profiter de la nature et me ressourcer.

La richesse de votre BD, c’est entre autres dans ces interactions et ces conversations entre les quatre amis, qui sonnent très juste. J’y vois une sorte d’hommage, cette fois-ci à l’adolescence. Je me trompe?
C’est une période qui, je crois, a marqué la grande majorité des gens. Dans Parfois les lacs brûlent, je voulais explorer les différents liens qu’un groupe d’ados peut tisser. Les relations ne sont pas toutes similaires et souvent très complexes. Ayant grandi dans un milieu relativement petit, j’ai passé tout mon secondaire à voir les mêmes personnes, certaines qui étaient même dans ma classe depuis le préscolaire. Cette proximité de relation rend parfois certains liens plus faciles à faire, et d’autres, plus difficiles à éviter.

Le personnage de Lenard est un peu paumé; il n’a pas accès aux mêmes privilèges que ses amis, dont les parents sont plus aisés financièrement. C’était important pour vous de refléter cette réalité?
Différents sujets sont inclus dans ma bande dessinée, sans être mentionnés explicitement. Je pense que ces détails aident à créer des personnages un peu plus vrais, tout en apportant des pistes de conversation autre que le sujet principal du livre.

Cette idée de lac qui brûle, d’où ça vous vient?
Elle est née à la suite d’un rêve que j’ai eu il y a de cela plusieurs années. Je l’avais noté dans un carnet, au cas où cette idée pourrait m’inspirer pour une illustration, une histoire… Et puis finalement, c’est devenu une bande dessinée!

Vous avez illustré quelques romans pour enfants, dont Quincaillerie Miville, pour lequel vous avez reçu cet hiver le Prix des libraires, que vous avez partagé avec Alexandre Côté-Fournier. Vous avez d’autres projets, en duo ou en solo, à venir? On ne voudrait pas mettre de pression, surtout (mais un petit peu quand même!).
Héhé! Il y a beaucoup de projets en chantier en ce moment. Un de ceux-ci, qui me tient occupée tous les mois, est l’écriture et l’illustration d’une série mensuelle de BD dans le magazine Curium, nommée Pointe-Obscure. Je travaille également comme illustratrice sur plusieurs livres : albums, romans, romans graphiques… Ce sera à surveiller dans les prochaines années!

On est heureux de l’apprendre, si?

Publicité