Rétablir le chaos grâce à la lecture

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Il n’y a rien comme se plonger dans un bon livre. Les lecteurs attendent avec impatience de rentrer à la maison pour retrouver un livre qui les passionne, pour en découvrir la fin, rejoindre un personnage haut en couleur et décrocher de leur quotidien. En plus du pur bonheur que la lecture représente, on lui attribue plusieurs bienfaits.

La lecture donne accès à la connaissance, à la découverte. Lire, c’est pouvoir déchiffrer le monde, c’est être plus ouvert à ce qui nous entoure. « La littérature offre donc d’abord une “éducation sensible”, elle définit une nouvelle attention à la vie humaine ordinaire, avec la perception de ses détails, ses nuances, ses subtilités et ses différences », pouvons-nous lire dans Les livres prennent soin de nous de Régine Detambel, écrivaine, kinésithérapeute et formatrice en bibliothérapie créative. En scrutant l’âme humaine par le biais de la lecture, nous apprenons l’empathie. Les personnages sont des êtres de papier, certes, mais ils peuvent tout de même nous en dévoiler beaucoup sur les comportements humains, nous amener à mieux comprendre les autres et le monde dans lequel nous vivons.

Échapper à la solitude
La fiction permet aussi de se sentir moins seul. Il y a certains personnages qui deviennent nos amis, qui nous habitent. Par exemple, dans le roman Extrêmement fort et incroyablement près de Jonathan Safran Foer, nous nous attachons à Oskar, âgé de 9 ans, un surdoué très sensible, qui parcourt New York pour résoudre l’énigme d’une clé que lui a laissée son père, décédé dans les attentats du World Trade Center. Nous suivons son aventure. Nous nous préoccupons de son sort, nous nous identifions à lui. Nous n’avons pas envie que l’histoire se termine, parce que la fin signifie de devoir le quitter.

Certains livres inspirent, amènent à se réinventer. Pensons à Wild de Cheryl Strayed; le périple de cette femme qui marche pour affronter les fantômes de son passé et se retrouver. Ou, dans le même sens, la longue traversée en mer de Mylène Paquette, en solitaire, dans Dépasser l’horizon. Des récits plus grands que nature comme ceux-là nous poussent à nous dépasser parce que nous ne pouvons qu’admirer la détermination, la persévérance et la force de ces personnes, qui ont accompli l’inconcevable. L’être humain a besoin de rêver.

Vertus thérapeutiques
Il y a aussi ce que nous pouvons appeler des feel good books, des livres qui nous font du bien, qui nous décrochent un sourire. Ce sont des livres parfaits pour chasser les idées noires, la tristesse ou le stress, pour mettre un baume sur l’âme. Par exemple, Je suis là de Christine Eddie, tout comme Les carnets de Douglas et Parapluies, s’avèrent des romans éblouissants, qui restent longtemps dans la tête et le cœur. Ces univers poétiques, empreints d’une tendresse émouvante et d’une grande humanité, contribuent à donner espoir, à voir la beauté et la fragilité du monde.

Les livres arrivent à nous consoler, à nous apaiser. « Le fait de croire en des choses irréelles nous aide à supporter la vie réelle », révèle l’écrivaine Nancy Huston dans L’espèce fabulatrice. Régine Detambel abonde dans le même sens : « Les livres soignent. Ils ont le pouvoir de nous apaiser par l’ordre de leur syntaxe, le rythme et la musicalité de leurs phrases, le toucher sensuel de leur papier… Les récits et les romans ont ce pouvoir étonnant, dans le mouvement de la lecture, d’arracher à soi-même et à sa douleur, en proposant des fictions enveloppantes et du sens toujours renouvelé. » Lire permet de s’extraire du rythme effréné de la vie, de se retrouver : « la lecture est là pour vous réinsuffler du souffle, du désir et du sens », réitère Régine Detambel. Ou encore : « l’ordre du récit répare le chaos de la vie. » La littérature donne un sens à la vie, donc.

Source intarissable
Une personne qui découvre le plaisir incroyable de la lecture devient un lecteur insatiable pour la vie, recherchant alors encore et encore ce moment de fulgurance, de magie, que produit la rencontre d’une œuvre remarquable. Impossible de s’ennuyer avec l’infini que propose l’imaginaire. Après tout, la littérature est le lieu de tous les possibles.

 

Pour poursuivre la réflexion :

Les livres prennent soin de nous de Régine Detambel (Actes Sud)
Remèdes littéraires. Se soigner par les livres d’Ella Berthoud et Susan Elderkin (JC Lattès)
Éloge de la lecture. La construction de soi de Michèle Petit (Belin)
Bibliothérapie. Lire, c’est guérir de Marc-Alain Ouaknin (Points)
L’espèce fabulatrice de Nancy Huston (Babel)

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