À chaque édition de la revue Les libraires, nous vous proposons une sélection de livres qui se glissent facilement dans votre poche. Petit prix et petit format, certes, mais de grandes découvertes et de belles plumes!

Tous des loups
Ronald Lavallée, Fides, 368 p., 19,95$
Récompensé du prix Saint-Pacôme du roman policier en 2023, ce roman dépaysant s’avère « à la fois un polar haletant, un grand récit d’aventures et un hymne à la nature sauvage », selon le libraire André Bernier. En 1914, Matthew, un jeune policier idéaliste, rigoureux et téméraire, affecté dans le Nord canadien et confronté à l’intolérance et aux préjugés, perd peu à peu ses illusions. Dans ce village isolé et peu habité, ses collègues ne semblent guère enclins au travail, et certains semblent même fraterniser avec les trafiquants. Un meurtrier en cavale en profiterait pour se terrer dans les environs après avoir tué sa femme et son enfant. Matthew entreprend de le traquer, mais cette chasse à l’homme dans un environnement austère s’éternise et ébranle ses convictions.

La révolution d’Agnès
Jean-Michel Fortier, BQ, 184 p., 12,95$
« Voilà un titre de haute voltige, riche d’un humour mordant et d’une narration pétillante! », selon le libraire François-Alexandre Bourbeau. En 1969, un cuirassé, avec à son bord un équipage entièrement féminin, vient d’amarrer près du rocher Percé. Pourquoi ce bateau est-il là? C’est ce qu’aimerait bien savoir madame Sergerie, la logeuse d’Agnès, nouvelle venue dans la région. Et où est passé Steven Norton, l’amoureux de madame, qui a disparu de la maison? Quand Agnès et madame Sergerie comprennent ce qui se trame avec le navire, elles souhaitent faire partie de la mission. Avec une histoire déjantée, des personnages colorés, des plans rocambolesques et des secrets enfouis, ce roman étonnant et un brin fantaisiste aborde les luttes féministes de façon originale.

Jardin radio
Charlotte Biron, Le Quartanier, 136 p., 13,95$
À 24 ans, au moment où elle s’apprête à amorcer son doctorat, la narratrice apprend qu’elle a une tumeur à la mâchoire. Après plusieurs opérations pour l’enlever, puis reconstruire l’os, elle est en convalescence chez sa mère, seule et isolée du monde. Pendant que les jours se répètent, elle se sent improductive, en pause, puisqu’elle ne peut ni parler, ni lire, ni travailler, elle écoute donc la radio. Écrit par fragments, ce premier roman intime et émouvant esquisse la trame des voix, des sons et des bruits qui l’habitent, qui remplissent le silence, imposé par sa condition. Cette présence l’apaise, rompt la solitude et comble un vide. C’est aussi l’occasion de réfléchir aux contrecoups de la maladie, ainsi qu’au rapport au corps, à la fragilité, à la douleur, à la peur et au temps.

La Cité des nuages et des oiseaux
Anthony Doerr (trad. Marina Boraso), Le Livre de Poche, 808 p., 18,95$
Qu’est-ce qui relie Anna et Omeir, coincés dans le siège de Constantinople au XVe siècle, Zeno, un vieillard qui monte une pièce de théâtre avec des enfants, Seymour, un ado autiste qui rêve d’écoterrorisme, et Konstance, qui consulte la bibliothèque immersive du vaisseau spatial dans lequel elle vit, et qui se dirige vers une autre planète? La fabuleuse plongée à travers le temps qu’est La Cité des nuages et des oiseaux et qui entremêle les mythes aux enjeux actuels. Sa toile de fond est celle d’un manuscrit, porteur d’espoir et de sagesse, qui apparaît dans les mains d’une fillette lors du sac de Constantinople et qui laisse encore des traces, des siècles plus tard, en 2146, dans un vaisseau en partance pour un monde meilleur. Véritable hommage à la littérature, labyrinthe aux dédales fascinants, La Cité des nuages et des oiseaux, couronné du Grand Prix de littérature américaine, est à la fois une fresque historique et un roman aux allures dystopiques.

Fille de samouraï
Etsu Inagaki Sugimoto (trad. René de Cérenville), Bartillat, 332 p., 26,95$
Impossible de ne pas ressentir le poids des traditions en lisant l’autobiographie d’Etsu Sugimoto. Elle y raconte les splendeurs et lourdeurs d’être fille de samouraï dans un Japon en pleine transition. De l’époque féodale à la restauration de Meiji, elle vécut une éducation extrêmement stricte sans bénéficier des avantages que son statut social apportait normalement aux garçons. Sans pathos ni nostalgie, elle présente ses souvenirs comme nombre de petits tableaux et scènes du quotidien. Au cœur de la campagne japonaise ou du tumulte des jours de fête, on s’introduit chez cette famille qui tente de concilier ses coutumes ancestrales avec la vie moderne. Etsu a dû quitter son pays pour les États-Unis avant de livrer ce brillant témoignage, d’une étonnante justesse, sur la condition des femmes de son milieu. Les éditions Bartillat proposent la réédition de ses mémoires, publiés d’abord en 1925, qui s’imposent aujourd’hui comme un classique de la littérature féministe. Alexandra Guimont / Librairie Gallimard (Montréal)

Le syndrome du spaghetti
Marie Vareille, Pocket jeunesse, 346 p., 15,95$
« Notre existence aurait pu être tranquille, droite et linéaire comme un spaghetti cru, mais la vie fait des destins tout tracés ce que la cuisson fait aux spaghettis : elle les emmêle, parfois elle les rompt sans prévenir et parfois elle entrelace des destinées qui n’auraient jamais dû se croiser. » Athlète de basket, Léa, 16 ans, rêve de pratiquer son sport professionnellement. Son père, qui l’entraîne, voit grand pour elle également. Mais ce dernier meurt subitement emportant avec lui tous les espoirs de Léa. En plus d’apprivoiser la vie sans lui, Léa doit faire le deuil de ses rêves sportifs en apprenant qu’elle est atteinte elle aussi du syndrome de Marfan, comme son père. Alors que son monde s’écroule, elle rencontre Anthony, 17 ans, qui entrevoit de son côté peu d’horizons devant lui. Même s’ils n’ont de prime abord aucun point en commun, sauf la passion du basket, ils vont nouer une relation, ce qui aidera Léa à se reconstruire. Dès 14 ans

La semeuse de vents (t. 1) : La respiration du ciel
Mélodie Joseph, Folio, 384 p., 18,95$
Dans ce premier tome d’afro-fantasy féministe écrit par une Québécoise native de la Martinique, nous suivons la destinée d’Olive, 10 ans, qui part à la recherche de ses origines. Par chance, elle détient un caractère résolu, lui permettant de ne pas courber l’échine devant les enfants de l’orphelinat où elle aboutit. Parce qu’elle vient d’une contrée inconnue, la fillette est souvent rejetée, mais nouera des liens avec Astra, une enfant également en marge. Elles croiseront ensuite la route de Béryl, une capitaine d’aéronef qui n’a pas froid aux yeux. Olive découvrira qu’elle possède un pouvoir et, peu à peu, s’exercera à le contrôler. Si les littératures de l’imaginaire mettent en scène des mondes inusités, elles peuvent établir des parallèles avec notre propre Histoire, ouvrant la voie à de nouvelles projections. En choisissant délibérément de placer une héroïne au teint mat au centre de la quête, l’autrice Mélodie Joseph veut corriger l’occultation des figures féminines des récits fondateurs et donner une visibilité aux peuples noirs à qui on a voulu enlever toute forme de déterminisme. Un roman fort à l’écriture maîtrisée, dont la suite (tout comme initialement ce titre) est publiée au Québec chez VLB éditeur. En librairie le 17 avril

Publicité