L'initiative Les libraires conseillent répond à la demande des lecteurs avides de suggestions. Chaque mois, un comité formé d’une quinzaine de libraires établit, après moult discussions passionnées et passionnantes, une sélection de cinq livres. Essais, BD, romans jeunesse ou pour adultes, d’ici comme d’ailleurs, ces cinq livres sont mis de l’avant dans les librairies membres de notre réseau. Cette initiative est une belle occasion de promouvoir des livres jugés particulièrement remarquables, ainsi que de valoriser le rôle primordial de votre libraire. Voici la sélection de septembre.


Wollstonecraft
Sarah Berthiaume (Ta Mère)

La dramaturge Sarah Berthiaume fusionne habilement l’histoire du monstre de Frankenstein avec celle de sa vraie créatrice, Mary Shelley. Cette pièce aborde le capitalisme, le féminisme et les attentes inégales envers les œuvres des femmes par rapport à celles des hommes. On y parle de deuil, de la déshumanisation du système de santé et de la fameuse intelligence artificielle. Il est déchirant d’assister, impuissant.es, aux conversations de Marie avec les professionnel.les de la santé après ses fausses couches. On ressent sa détresse au plus profond de nous et on ne peut s’empêcher de se remémorer nos propres expériences. On sourcille également devant le projet du conjoint de Marie, Perceval, et de sa poésie écrite par un algorithme, qui fait écho à de nombreux questionnements soulevés dans les dernières années. L’œuvre est parfaitement rythmée, un choix parfait pour s’initier à la lecture du théâtre ou pour en redécouvrir le plaisir.
Émilie Carpentier, Librairie La maison des feuilles (Montréal)

 


Le compte est bon
Louis-Daniel Godin (La Peuplade)

Adopté à cinq jours de vie, un enfant nommé Louis-Daniel cherche à régler ses comptes avec ce qu’il conceptualise comme une dette envers ceux et celles qui ont concouru au cours des choses telles qu’il les connaît, voire envers la vie elle-même et ses multiples soubresauts aussi indéchiffrables, fortuits et prodigieux qu’aléatoires. Enfilade d’anecdotes dont le potentiel de signifiance est proportionnel à l’importance qu’on daigne leur accorder, voici un livre particulièrement hors du commun, à la fois décompte monomaniaque, hommage sensible à la famille, délire comptable, jeu de chasse à la phrase, pouponnière à souvenirs et mémorial de l’enfance. Un premier roman au souffle impressionnant, au rythme effervescent, à l’humour ahurissant, bref : un feu roulant qui vous laissera béat d’admiration!
Philippe Fortin, Librairie Marie-Laura (Jonquière)

 


Les détectives du vivant
Renato Rodriguez-Lefebvre (La Mèche)

Premier roman de Renato Rodriguez-Lefebvre (si tant est qu’il s’agisse bel et bien de son véritable nom…), ce petit livre étonnant met en scène le banal premier venu, un quidam appelé à devenir, bien malgré lui quoique de la manière la plus obéissante et résignée qui soit l’instrument de la terrible SDV, une organisation tentaculaire aux ramifications insoupçonnées ayant peu ou prou fomenté tout ce que le monde semble avoir connu de malheurs, de cataclysmes, de révolutions et d’attentats, le tout dans le simple et unique but de favoriser l’émergence d’une littérature digne de ce nom. Totalitarisme organisationnel, donc, anarchisme intellectuel et dévotion aveugle à la cause littéraire sont les ingrédients de base de ce parfait petit manuel d’abdication de soi. Les ordres sont les ordres!
Philippe Fortin, Librairie Marie-Laura (Jonquière)

 


Le tiroir des bas tout seuls
Orbie (Les 400 coups)

Qui n’a jamais perdu – inexplicablement – un bas dans sa propre maison? C’est la prémisse du plus récent livre d’Orbie. Madeleine et Louis, après une corvée de linge à plier, réalisent qu’il y a un tiroir tout entier dédié aux bas orphelins à la maison. Les enfants questionnent leur père, mais ne sont pas satisfaits des explications qu’ils reçoivent. Ils mèneront alors l’enquête pour élucider le mystère : où vont les bas qui disparaissent? Orbie nous a habitués à des livres drôles, intelligents et truffés de détails. Les dialogues plairont aux petits, mais aussi à leurs parents qui risquent de rire aux éclats plus d’une fois pendant leur lecture.
Jacinthe Crête, Librairie Monet (Montréal)

 


Le dessin trop mignon
Roxane Brouillard et Cathon (Fonfon)

Voilà une histoire vraiment rigolote qui peut certainement apaiser le stress de la rentrée scolaire! Pour pallier son ennui profond durant le cours de maths, Martin illustre un dessin si mignon qu’il statufie son prof, ainsi que tous les adultes qui y jettent un regard. C’est alors que la fête commence pour les enfants comme pour les lecteurs. Roxane Brouillard et Cathon, l’une par ses mots, l’autre par ses illustrations, ont tout mis en place pour exprimer la liesse d’une joie libérée. En résulte un album éclaté, irrévérencieux et qui incite à laisser libre cours à l’imagination!
Chantal Fontaine, Librairie Moderne (Saint-Jean-sur-Richelieu)