Michelin
Michel-Maxime Legault (Éditions du Quartz)
À la fois tendre et cinglant, ce monologue introspectif sonde les intrications de l’identité, de la santé mentale, de la classe sociale, de la filiation et de la masculinité. L’évocation d’une enfance dans une ferme en Montérégie offre une perspective à la fois amusante et perspicace sur une famille aussi chaotique que magnanime. Michelin, alter ego fantasmé du narrateur, fait figure de double hypothétique, version inexplorée de lui-même dont il lui faudra se libérer pour embrasser pleinement une identité que la quarantaine semble avoir fragilisée, voire remise en question. Délicieusement désinvolte, alliant un humour teinté d’autodérision et juste ce qu’il faut de tendresse mélancolique, Michel-Maxime Legault explore avec éloquence les complexités du chemin qui mène vers soi. Excellent.
Philippe Fortin, Librairie Marie-Laura (Jonquière)
Reine Babette et la Grande Tricoteuse
Rémy Simard (La Pastèque)
Rémy Simard nous revient avec un deuxième tome des aventures de Babette, cette petite reine culottée (c’est le cas de le dire!) et attachante. Après avoir vécu la disparition de la moitié de son père et été prise en chasse par son diabolique demi-frère dans le premier opus, notre héroïne fait une étrange découverte. Des trous inexpliqués semblent se multiplier autour d’elle. Elle découvrira alors que de terribles créatures se nourrissent de ce qui compose sa planète : de la laine! Une BD à l’univers complètement déjanté où les détails absurdes foisonnent. Un livre qui plaira à tout coup aux enfants, mais qui charmera certainement plusieurs adultes au passage!
Jacinthe Crête, Librairie Monet (Montréal)
Ma laideur n’influence personne
Ariane Michaud (L’intant même)
Le corps : on le triture, on le scrute sous tous les angles, on le compare… Certaines parties de cette enveloppe charnelle peuvent amener leur lot de frustrations, de déceptions, surtout au moment de la puberté. Se replongeant dans ses souvenirs d’adolescente, Ariane Michaud propose un florilège d’anecdotes empreintes d’humour autour de ses mal-aimés corporels. L’autrice se dévoile sans filtre dans Ma laideur n’influence personne, avec une généreuse dose d’autodérision et une rafraîchissante liberté. En résulte un joyeux réquisitoire contre les diktats de la beauté qui se trouvent aujourd’hui exacerbés par l’omniprésence des réseaux sociaux. À lire d’une traite pour évacuer ses complexes et célébrer son unicité!
Cassandre Sioui, Librairie Hannenorak (Wendake)
Cochoncetés
Etienne Goudreau-Lajeunesse (Boréal)
Comme une mise en bouche, la première nouvelle éponyme du recueil Cochoncetés annonce un univers où la vie agricole prend tout son sens. À travers les yeux d’une fillette, on assiste au nécessaire geste de tuer Isis, la truie dont c’est le tour d’assurer le repas de la maisonnée. Pas effrayée pour autant, elle voudrait d’ailleurs y participer pleinement. Etienne Goudreau-Lajeunesse propose dans son recueil une galerie de personnages intenses, épris d’absolu, solitaires dans leur désir d’idéal. Sa plume rapide, essoufflée, mais précise permet une grande intimité au cœur de l’esprit des gens qui peuplent ce livre. Tel un rituel, un deuxième service de Cochoncetés clôt ce recueil où les textes surprennent, nous ravissent et font sourire.
Chantal Fontaine, Librairie Moderne (Saint-Jean-sur-Richelieu)
Le marché aux fleurs coupées
Sarah-Louise Pelletier-Morin (La Peuplade)
Le marché aux fleurs coupées est une investigation du vivant. Dans une observation consciencieuse des détails de la vie, la poétesse se distingue par sa capacité à rester à la fois présente et détachée. Elle réussit à saisir la sensibilité de l’éphémère dans une écriture qui semble pourtant transcender le temps. La poésie de Sarah-Louise Pelletier-Morin est une manifestation intuitive où les fleurs, vestiges fugaces, incarnent des concepts profonds liés à l’expérience de vivre.
Susie Lévesque, Librairie Point de suspension (Chicoutimi)
