L'initiative Les libraires conseillent répond à la demande des lecteurs avides de suggestions. Chaque mois, un comité formé d’une quinzaine de libraires établit, après moult discussions passionnées et passionnantes, une sélection de cinq livres. Essais, BD, romans jeunesse ou pour adultes, d’ici comme d’ailleurs, ces cinq livres sont mis de l’avant dans les librairies membres de notre réseau. Cette initiative est une belle occasion de promouvoir des livres jugés particulièrement remarquables, ainsi que de valoriser le rôle primordial de votre libraire. Voici la sélection d'octobre.


Les pires moments de l’Histoire
Charles Beauchesne et Xavier Cadieux (Front Froid)

Précédée par l’aura du balado du même nom, cette bande dessinée tord à nouveau le cou à la façon classique de présenter l’histoire et ses moments les moins reluisants, qui sont souvent les plus intéressants. Reprenant le style incisif, l’humour irrévérencieux et l’érudition truffée de références à la culture populaire ayant fait le succès du projet initial de Charles Beauchesne, cette version enluminée du talent graphique de Xavier Cadieux devrait assurément ravir les inconditionnels et susciter un intérêt potentiellement maladif pour ces abracadabrantes miscellanées dont l’histoire avec un grand H regorge, pour le plus grand bonheur des archivistes de l’étrange et de tous ceux pour qui la déambulation saccadée des époques s’apparente à un buffet mandarin aussi hétéroclite que surprenant.
Philippe Fortin, Librairie Marie-Laura (Jonquière)

 


Cariacou : Manuel de chasse à l’usage des poètes
Olivier Lussier (Ta Mère)

Récit d’anecdotes de chasse, guide de la faune et de la flore, poésie de la bronâte, Cariacou est la lecture parfaite pour accompagner votre automne. Olivier Lussier propose un livre qui se démarque des catégories habituelles dans un amalgame de textes qui montrent l’étendue de son talent de conteur et de poète, avec une sensibilité et une intelligence qui déplient la complexité de la chasse et des gens qui la pratiquent. Comme il l’écrit si bien, « tirer un chevreuil, c’est pas mal plus facile dans les livres que dans la vie », ou bien encore « Oli tu peux pas tirer sur une femelle avec un p’tit, on fait pas ça ». Suivre la voix d’Olivier Lussier est peut-être la plus belle façon de se perdre dans le bois.
Marc-Étienne Brien, Librairie Les Deux Sœurs (Sherbrooke)

 


Je pense que j’en aurai pas
Catherine Gauthier (XYZ)

Un seul coup d’œil à la couverture de ce roman graphique suffit à piquer notre curiosité, d’abord par le talent manifeste de l’illustratrice, mais aussi pour le contenu promis par le titre. C’est dans celui-ci qu’il faut noter la distinction : on ne parle pas de ne pas vouloir, mais plus largement de ne pas avoir d’enfants. Dès les premières pages, j’avoue m’être sentie percutée. Catherine Gauthier aborde sous divers angles et coutures la perception de la maternité et entrecoupe son récit de témoignages de femmes n’ayant pas d’enfants. Ne pas désirer en avoir, problèmes de fertilité, mauvais timing. On ne peut également passer outre la pression de l’entourage, les questions constantes, les attentes qui pèsent sur les femmes. Le coup de crayon de l’artiste vous fait chavirer le cœur un peu plus à chaque page, comme un cri qui résonne jusqu’en nous. Une œuvre puissante qui mérite de se retrouver entre toutes les mains.
Émilie Carpentier, Librairie La maison des feuilles (Montréal)

 


La version qui n’intéresse personne
Emmanuelle Pierrot (Le Quartanier)

La version qui n’intéresse personne est le livre qui vous mettra sur le tapis en quelques uppercuts bien placés. Je n’ai pu m’empêcher de le lire en une journée et je ne m’en suis toujours pas remis. Mais quel livre! Bien que la descente aux enfers de Sacha, dans un coin du Yukon qu’elle croyait être un coin de paradis, vous brassera au plus profond de votre être, le premier roman d’Emmanuelle Pierrot est un livre exceptionnel aux qualités indéniables qui trône désormais dans les incontournables de notre librairie.
Shannon Desbiens, Librairie Les Bouquinistes (Chicoutimi)

 


Ça aurait pu être un film
Martine Delvaux (Héliotrope)

N’eût été le plus récent ouvrage de Martine Delvaux, Ça aurait pu être un film, Hollis Jeffcoat n’aurait sûrement jamais croisé notre route. L’autrice lève le voile sur cette peintre américaine méconnue qui a partagé le quotidien de monstres sacrés : Joan Mitchell et Jean Paul Riopelle. Mettant de côté un projet cinématographique, Delvaux saute à pieds joints dans une recherche fouillée et passionnante pour sortir cette femme de l’ombre. Une enquête foisonnante qui nous obsède au-delà de la dernière page!
Cassandre Sioui, Librairie Hannenorak (Wendake)