La revanche des bibliothécaires
Tom Gauld (Alto)
Y a-t-il quelque chose de plus formidable que quelqu’un réussissant à faire à la fois appel à notre intelligence, à notre niaiserie, à notre culture générale, à nos plus beaux comme à nos plus mesquins sentiments, à notre soif de divertissement, d’inventivité, de beauté, d’humour et de poésie, le tout sans cabotinage, de façon originale et variée et dans un format qui se glisse formidablement bien dans un bas de Noël? Poser la question, c’est un peu y répondre. Si vous avez aimé Vous êtes tous jaloux de mon jetpack, En cuisine avec Kafka ou encore Le département des théories fumeuses, vous savez déjà que vous aimerez aussi celui-ci. Dans le cas contraire, c’est probablement parce que vous ne les avez pas encore lus, mais rassurez-vous : il n’est jamais trop tard pour bien faire!
Philippe Fortin, Librairie Marie-Laura (Jonquière)
De remarquables oubliés T.3 : Ils étaient l’Amérique
Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque (Lux)
Il y a quelque chose de profondément émouvant à lire ce dernier tome des Remarquables oubliés. Non seulement cet ouvrage est-il le chant du cygne de Marie-Christine Lévesque (qui, comme nous le rappelle l’éditeur dans sa préface, s’est impliquée jusqu’au bout dans le processus d’écriture du manuscrit), mais chacune des pages de ce livre respire d’un amour et d’une admiration sans bornes pour les premiers peuples d’Amérique. Serge Bouchard ayant consacré une partie de sa vie à nous faire connaître la culture et l’histoire de ces grandes nations, il était tout naturel de clore l’aventure sur les faits d’armes de Donnacona, Anadabijou, Membertou, Tesswehas, Élisabeth Montour, Pontiac, Kondiaronk et bien d’autres encore.
Émotion également de constater à quel point Serge Bouchard marche dans les pas du grand Eduardo Galeano. Librement inspiré dans sa forme par Mémoire du feu, Ils étaient l’Amérique pourrait s’insérer entre les pages de ce chef-d’œuvre de littérature uruguayenne qu’on y verrait que du feu. Un hommage littéraire qui ravit sans bon sens le fan de Galeano que je suis.
Et comme si on manquait de raisons d’aimer ce livre, celui-ci est amplement illustré par l’artiste Terry Randy Awashish, atikamekw nehirowisiw natif d’Opitciwan. (À découvrir ici.)
Bien plus qu’un appel à remettre au centre de notre histoire nationale ces peuples sans pareil, Ils étaient l’Amérique est un rappel que les Premières Nations ont façonné le Québec et le façonneront encore dans les années à venir.
Gabriel Guérin, Librairie Pantoute (Québec)
Arboreta
Collectif (MultiMondes)
Comment peut-on définir un arbre? C’est ce à quoi Arboreta tente de répondre. Ce livre riche en photographies et en images de toutes sortes se révèle sous la forme d’un index en présentant des espèces d’arbres selon la composition d’une forêt et aussi des écosystèmes dans lesquels ils évoluent. Le livre s’attarde sur la présentation de certaines variétés en examinant avec attention les différentes caractéristiques présentées. Outre les notions de botanique, on y intègre également des concepts liés à la géographie et à l’histoire. Arboreta est un ouvrage somptueux qui aide à penser la forêt.
Susie Lévesque, Librairie Point de suspension (Chicoutimi)
Le garçon aux pieds à l’envers
François Blais (Fides)
À Saint-Sévère, il ne se passe jamais grand-chose et Adrienne, 14 ans, aimerait beaucoup plus être à Trois-Rivières avec sa nouvelle amie Léonie plutôt que de perdre son temps au fond d’un rang avec une petite voisine un peu envahissante de 11 ans. Mais, lorsque Joey, ladite voisine, disparaît un matin d’été, Adi s’inquiète, surtout qu’elle reçoit des textos pas du tout rassurants d’un être anonyme qui dit savoir où elle se trouve, et qui dit la connaître, elle. Léonie venue la rejoindre, les deux filles partent à la recherche de Joey, et peu à peu, Adi se souvient d’un ancien ami imaginaire plutôt malveillant avec qui elle jouait alors qu’elle était âgée de 8 ans. Serait-il de retour pour se venger? Le roman posthume de François Blais est fait de tout ce que ses lecteurs aiment de lui. Intelligent et très bien construit, ce livre pour ados est aussi agréable (et épeurant!) à lire pour les adultes. Le paranormal y côtoie les réalités plus terre à terre de l’adolescence, que l’auteur comprend très bien. Un excellent roman, à savourer en prenant son temps, puisque ce sera le dernier.
Véronique Tremblay, Librairie Vaugeois (Québec)
Domaine du Repos
Emmanuelle Riendeau (Le Noroît)
« Demain est un projet à long terme / Quand on sait ce que vivre / Contient d’arrachement » Avec Domaine du Repos, Emmanuelle Riendeau s’ouvre sur les sentiments contradictoires que lui a procurés le décès de son père, un homme s’étant laissé dépérir après de nombreuses années d’abus. Si l’hérédité de son alcoolisme la guette, elle refuse tout de même d’utiliser ce recueil pour faire le procès de son paternel. L’autrice lui rend en quelque sorte hommage en prenant un dernier verre avec lui, faisant un pied de nez à la société qui nous dicte ce qu’on devrait ou ne devrait pas faire : « One more shot / À la santé des morts / Un shot de plus / À la santé / De ce qui ne nous a pas encore tués »
Jacinthe Crête, Librairie Monet (Montréal)
