L’automne est cruel : plusieurs grands de la littérature nous quittent ces jours-ci. Ce 22 octobre, nous apprenons avec grand chagrin que Lori Saint-Martin est décédée subitement, à Paris. Sa maison d’édition, Boréal, a confirmé et transmis l’information, mais ne pouvait donner plus de détails pour le moment.

Née à Kitchener, en Ontario, Lori Saint-Martin était une amoureuse de la langue française. Ayant grandi aux frontières des cultures anglophones et francophones, elle a fait le choix de consacrer sa vie aux mots, de traduire de l’anglais vers le français de grands textes. Maintes et maintes fois récompensée pour son travail, notamment avec Paul Gagné, son mari et fidèle collaborateur aux traductions, Lori Saint-Martin est une traductrice qui aura grandement marqué la littérature canadienne. Quatre Prix littéraires du Gouverneur général en traduction en main, mais aussi un ouvrage, très personnel, sur son parcours, son rapport aux langues, à l’identité, à la patrie maternelle : Pour qui je me prends. Née au sein d’une famille unilingue anglophone, dans une langue où elle ne se sentait pas chez elle, Lori Saint-Martin – qui a aussi changé son nom de naissance – a décidé d’apprendre le français; d’en faire sa deuxième langue maternelle; de devenir francophone. Elle s’est réinventée : « Je raconte, ici, l’histoire d’une femme qui a appris à respirer dans une autre langue », écrit-elle. Dans ce récit fascinant d’une quête identitaire hors du commun, elle aborde son parcours, sa renaissance et son amour du français, en plus de rendre hommage aux idiomes qui nous forgent.

En mars dernier, elle faisait paraître un éloge de la traduction littéraire intitulé Un bien nécessaire. Elle y remet en perspective des idées reçues sur ce qu’est la traduction – une trahison, en sommes-nous certains? Pas Lori Saint-Marin en tout cas.

Le 3 octobre dernier paraissait Ta mère est une sorcière de Rivka Galchen, traduit par Lori Saint-Martin et Paul Gagné.

Fait moins connu : elle était une spécialiste de Gabrielle Roy. Elle avait également une importante activité d’enseignement et ses recherches portaient principalement sur les questions féministes en littérature. De plus, elle était membre et coordonnatrice de la recherche à l’Institut de recherches et d’études féministes de l’UQAM, membre de la Société royale du Canada et venait d’être admise à l’Académie des lettres du Québec.

Nos plus sincères condoléances à tous ses proches, amis, lecteurs.

Pour lire une entrevue qu’elle nous a accordée en 2014, c’est par ici.

Photo : © Boréal

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