La fin de semaine dernière, Simon Roy est décédé, emporté par un cancer. Il a témoigné, dans un livre paru ce printemps, de cette prise de conscience à l’approche de sa fin. Portrait d’un auteur qui a su imprégner son œuvre d’une approche aussi originale que fascinante.

Son livre Ma vie rouge Kubrick, publié en 2014 dans la collection « Liberté grande » chez Boréal, s’est distingué dès sa sortie et a remporté un vif succès auprès de la critique et des lecteurs. Il a d’ailleurs été couronné du Prix des libraires l’année suivante. Par une analyse assez pointue du film Shining, de Stanley Kubrick, Simon Roy dévoile l’histoire tragique de sa propre famille, s’interrogeant sur les traces que laisse cet héritage dans son parcours. L’auteur savait marier les genres avec finesse. Alternant entre fiction et autofiction, il racontait avec une certaine candeur cette réalité façonnée et amenait le lecteur dans un univers déstabilisant, bouleversant de lucidité. De Ma vie rouge Kubrick, Marie-Ève Blais, alors libraire chez Monet, en avait dit ceci : « Il y a de ces livres où les mots, les idées s’inscrivent dans nos pensées. Ma vie rouge Kubrick est de ceux-là. Entre expérience personnelle et réflexion sociale autour de l’analyse du film Shining, c’est un regard sensible sur la folie, la dépression et le malaise humain qui nous est présenté. Un roman qui a quelque chose de troublant, d’attirant. »

Son œuvre, tout autant que cette façon bien particulière qu’il avait de franchir les frontières entre l’illusion et la réalité, s’est poursuivie avec Owen Hopkins, Esquire, Fait par un autre et son ultime ouvrage, Ma fin du monde, dans lequel il témoignait de ses cheminements, les confrontant à la fiction ainsi qu’aux chemins de traverse de la littérature.

Simon Roy, né en 1968, se savait atteint d’un cancer du cerveau depuis quelques années. Ayant choisi l’aide médicale à mourir, il s’est éteint, entouré de son amoureuse Marianne Marquis-Gravel et de ses deux enfants, le samedi 15 octobre dernier. Toutes nos condoléances à sa famille et à ses proches.

Photo : © Laurent Theillet

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