Les Éditions de l'Écrou, véritables pionnières de la poésie contemporaine au Québec, ont annoncé sur leur page Facebook qu'elles se voient dans l'obligation de cesser leurs activités par « manque de souffle ». Les témoignages de gratitude à leur égard pleuvaient sur les réseaux sociaux dès l'annonce de leur fermeture.

Sur leur page Facebook, la maison d’édition fondée en 2009 par Carl Bessette et Jean-Sébastien Larouche a tenu à remercier ses nombreux fans :

« Aux fans, un mot pour vous annoncer que les deux recueils sur lesquels nous sommes en train de travailler seront les derniers publiés par la maison. Les Éditions de l’Écrou manquent cruellement de souffle afin de poursuivre leurs activités et doivent assumer cette fatalité. Nous espérons avoir un brin bousculé nos pairs et le milieu poético-littéraire québécois avec nos façons de faire au fil des ans. Nous insérons graduellement la clé dans le verrou de la porte que nous avions ouverte chaleureusement. Mais non sans vous remercier mille fois, vous, les fans, les aficionados, les c’est-la-première-fois-que-j’aime-la-poésie, qui ont su nous submerger de bonheur depuis nos tout premiers balbutiements jusqu’à hier encore. Merci à vous, lectrices et lecteurs, vous serez et pour toujours un de nos souvenirs les plus précieux. »

Il va sans dire que les Éditions de l’Écrou auront bousculé le milieu de la poésie au Québec et marqué leur époque par leur audace et leur avant-gardisme. Jouant avec l’oralité et la parole franche et fulgurante, les recueils publiés à l’Écrou ont rendu la poésie accessible à celles et ceux qui croyaient ne pas l’aimer. Elles ont publié de nombreux recueils phares de la poésie contemporaine d’ici, tels que Fourrer le feu de Marjolaine Beauchamp, Les choses de l’amour à marde de Maude Veilleux ou encore Je suis célèbre dans le noir de Frédéric Dumont. Elles ont également faire renaître le recueil Mourir m’arrive de Fernand Durepos, « de loin le plus poignant, le plus tendre, le plus grisant, le plus intraitable de ses recueils ».

L’auteur Jean-Philippe Tremblay, ayant publié le recueil Carnavals divers à l’Écrou, a commenté leur fermeture sur les réseaux sociaux : « C’est toujours la frange la plus jeune, audacieuse et essentielle de la culture indépendante qui perd au jeu du marché […]. Il y a beaucoup d’endroits au monde où on pense qu’il est vital que la relève soit entendue. De pays qui accordent de l’importance et du soutien à l’art, où on croit que la culture d’un peuple est une richesse collective et humaine qui mérite d’être défendue. On n’est visiblement pas rendus là. »

 

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