En 2018, la collection Quai no 5, sous le label de la maison d’édition XYZ, célèbre ses cinq ans. En cette demi-décennie, plusieurs auteurs ont joint le bateau (certains en sont même à leur seconde publication dans la maison) et on a pu voir le caractère propre de cette collection s’affiner. Mais ces cinq bougies sont également l’occasion d’ouvrir la porte à un talent supplémentaire : Elsa Pépin – critique, auteure et chroniqueuse pour la revue Les libraires – devient coéditrice, aux côtés de Tristan Malavoy-Racine. On lui a posé trois questions pour cerner son rôle et son intérêt dans ses nouveaux souliers qu’elle doit dorénavant chausser.

 

Qu’est-ce qui t’anime particulièrement dans cette nouvelle collaboration, qu’aimes-tu de cette collection?
J’ai attrapé la piqûre de l’édition lorsque j’ai fait la direction littéraire du collectif Amour et libertinage par les trentenaires d’aujourd’hui (Les 400 coups, 2011). J’ai adoré travailler avec les auteurs pour aller au bout de leurs textes, approfondir la recherche avec eux. Ce dialogue avec les auteurs me nourrit énormément et si j’ai depuis fait plusieurs piges à titre de directrice littéraire (notamment pour le recueil de chroniques d’Émilie Dubreuil (L’humanité, ça sent fort!) et la réédition de l’œuvre théâtrale de Michel Garneau chez Somme toute, j’espérais en secret qu’on m’offre un vrai poste d’éditrice littéraire. Je me réjouis de pouvoir dénicher des auteurs et de travailler avec eux sur leurs livres, du début à la fin. 

Quai no 5, ça veut dire beaucoup pour moi. C’est là où j’ai publié mon premier livre, le recueil de nouvelles Quand j’étais l’Amérique (2014). C’est aussi un espace créatif ouvert à des expériences littéraires nouvelles et parfois risquées (je pense au très beau Matricide de Katherine Raymond), à des jeunes voix, à des premières œuvres, mais aussi maintenant à quelques noms qui construisent une œuvre solide (Éléonore Létourneau, Miléna Babin).

 

Que comptes-tu apporter à Quai no 5 en tant que coéditrice?
Je suis ravie de collaborer avec Tristan Malavoy avec qui je partage une grande complicité depuis notre collaboration au Voir, mais aussi parce que nous pouvons certainement nous compléter. Bien que nous ayons beaucoup en commun dans notre vision littéraire, nous avons certainement des sensibilités et des goûts personnels différents. J’ai une attirance pour les démarches proches de l’autofiction et pour les textes à dimension philosophique, mais aussi pour les formes novatrices, les ovnis littéraires, les livres hybrides, inclassables, qui sortent des cadres et des conventions. J’aime les discours hors normes et les auteurs qui travaillent la langue pour la faire sortir de ses ornières. À nous deux, nous ne pouvons qu’être mieux outillés pour accompagner un large spectre d’écritures.

Qu’est-ce qui te lie à la littérature québécoise?
Tant de choses! Dès ma sortie de l’université après une maîtrise en littérature française, j’ai travaillé comme recherchiste à Radio-Canada pour la défunte émission littéraire Vous m’en lirez tant. Pendant sept ans, j’ai suivi l’actualité littéraire québécoise et lu une grande partie de la production contemporaine, prenant connaissance d’une scène littéraire bouillonnante, diversifiée, que je n’ai cessé de suivre depuis. J’ai ensuite travaillé comme critique et animé une émission littéraire (Rature et lit), créée spécifiquement pour faire entendre les auteurs, dans un cadre leur permettant d’élaborer leur pensée. Je crois que nous avons une production littéraire de grande qualité, vivante et qui jouit d’une belle liberté, mais qu’il manque d’espaces critiques et de débats autour d’elle. Depuis presque quinze ans, je me fais une mission de déterrer les trésors de notre littérature québécoise. J’aime imaginer que je vais maintenant moi-même contribuer à leur création.

 

En complément :
Pour lire les chroniques d’Elsa Pépin dans Les libraires
Entrevue avec l’éditeur Tristan Malavoy-Racine lors du lancement des premiers titres de
Quai no 5
Entrevue avec Tristan Malavoy-Racine, auteur, lors de la sortie de Feux de position

Crédit photo de Tristan Malavoy-Racine et Elsa Pépin : Matéo Richard Gosselin

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