Dans un monde où tout coûte aujourd’hui plus cher, est-ce que ce qui est offert gratuitement a encore plus de prix?

Depuis vingt-cinq ans, vos libraires sont fiers de vous offrir encore gracieusement la revue que vous tenez dans vos mains, alors que l’inflation est sur toutes les lèvres. Et au-delà du bimestriel lui-même, il y a les conseils dont ils vous font l’offrande, en ces pages ou en librairie. Nos libraires nous rendent depuis longtemps la vie plus abordable en nous permettant de l’approcher à l’aide des œuvres dont on ne peut faire l’économie.

Les libraires, collectivement, se chargent de lire ce que personne d’entre nous ne peut parvenir à lire individuellement. Partant de là, ils deviennent dépositaires, je dirais même fiduciaires, d’un grand pan de notre culture. Leur tour de force est d’arriver à la fois à mettre cette culture en lieu sûr et à en assurer sa transmission et sa démocratisation.

Chaque saison littéraire, des milliers de titres s’ajoutent à leur capital de connaissances, mais les libraires y portent un intérêt composé : tout ce qui s’est accumulé dans leur fonds continue de porter fruit. Dans une ère où une story dure 24 heures, s’investir à retransmettre des contenus pendant de longues années devrait garantir une place à nos libraires dans notre réseau social.

Sur le plan personnel, j’en suis venu à la conclusion que c’est le fait de fréquenter toute cette diversité littéraire qui les rend si ouverts d’esprits. Dans un monde qui clive de plus en plus, il nous faudrait plus de libraires. Je vous souhaite tous d’avoir un.e ami.e libraire. C’est nécessairement avoir un.e ami.e exigeant.e, oui, mais surtout plein de finesse (et d’humour) et tourné.e vers l’Autre. Il nous faut toujours plus d’amis comme ceux-là.

Le coût de la vie intérieure est galopant. Et Le cœur est une valeur mobilière1 quand nos valeurs, comme société, fluctuent. Alors si C’est le cœur qui meurt en dernier2, gardez vos libraires près du vôtre.

Joyeux anniversaire et merci, Les libraires.

La revue Les libraires a été fondée en 1998 par les librairies Pantoute, Monet, Clément-Morin, Les Bouquinistes et Le Fureteur.

Photo : © Gabriel Germain

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1. Le cœur est une valeur mobilière, David Desjardins, Somme toute, 2013.
2. C’est le cœur qui meurt en dernier, Robert Lalonde, Boréal, 2014.

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