Depuis le printemps 2023, le palmarès des ventes que vous pouvez consulter sur leslibraires.ca est celui des ventes réalisées dans les librairies de notre réseau.

La nécessité de demander à la Banque de titres de langue française (BTLF) de compiler isolément les ventes de nos librairies membres est venue du fait qu’on ne retrouvait pas nécessairement l’ADN de ces dernières dans le palmarès Gaspard général, tous marchés confondus (incluant les grandes surfaces, les chaînes et les coopératives scolaires). Et le palmarès des meilleures ventes enregistrées sur leslibraires.ca comportait aussi certains biais possiblement dus au type de lecteurs qui achètent en ligne ou à la rareté des stocks de certains titres.

Si nous célébrons ce nouveau palmarès Gaspard des indépendants sur leslibraires.ca, c’est parce qu’on y voit manifestement le reflet du travail de prescription de nos libraires au quotidien. Le même enthousiasme nous soulève lorsque nous soulignons que les recommandations des libraires de chaque librairie, issues de la rubrique « Les libraires craquent » de la revue Les libraires, sont maintenant bien mises en évidence sur les sites personnalisés de nos membres tels que pantoute.leslibraires.ca ou bouquinistes.leslibraires.ca. Ce sont, parmi d’autres, des moyens qui nous sont propres pour vous relayer les choix et les contenus de nos libraires sans être à la merci d’intermédiaires.

Cet été, conséquence du bras de fer entre le gouvernement canadien et les géants du Web autour de la loi C-18, Meta a commencé à bloquer l’affichage des contenus journalistiques des médias canadiens sur ses plateformes, dont Facebook au premier chef. Depuis, nos médias multiplient les appels à s’abonner à leur infolettre ou à télécharger leur application pour consommer leurs nouvelles sans qu’elles aient à être exposées sur un réseau social.

Je me souviens d’un jour de 2009 où un dirigeant d’agence de marketing vantait la visibilité « gratuite » sur Facebook en comparaison avec les milliers de dollars que coûtaient les publicités imprimées dans les journaux, alors encore très populaires. Il n’y a pas de géant qui fasse de cadeaux. Ni à des particuliers, ni à des entreprises, ni à nos gouvernements.

Dans son édition du 18 juillet dernier, sous la plume de Catherine Lalonde, le journal Le Devoir s’est attardé au fait que les livres se raréfient dans les magasins d’un autre grand joueur, Costco, ici comme aux États-Unis (à Hawaï et en Alaska, on a même mis fin à la vente de livres), conséquence de la chute des ventes de livres décrite par les éditeurs québécois interviewés. Parmi ceux-ci, Jean Paré, directeur général chez Saint-Jean Éditeur, observe que les gains enregistrés dans le marché de la librairie au cours des dernières années ont plus que compensé une diminution de plus de 60% des ventes de sa maison d’édition chez Costco au cours de la dernière décennie.

Nous venons de vivre la 10e édition de la journée Le 12 août, j’achète un livre québécois!, qui nous a permis de réaliser toutes les répercussions du mouvement lancé par les auteurs Patrice Cazeault et Amélie Dubé : la demande pour les livres d’ici en librairie se perpétue toute l’année grâce à une extraordinaire prise de conscience collective de la qualité et de la diversité de la production éditoriale québécoise, intervenue dès l’an 1 de l’événement.

Parce que cet événement s’inscrit aussi dans un grand mouvement d’achat local, les librairies indépendantes reçoivent également beaucoup d’amour, sans que cela ait été l’intention des organisateurs. Le côté citoyen et spontané de cette journée toute simple, qu’on souhaite tous voir demeurer ainsi, ajoute un caractère incomparable à la grande fête qu’elle est devenue. Nous ne remercierons jamais assez les deux instigateurs pour ce qu’ils ont réalisé pour le livre québécois, à eux seuls, sans grosse structure. Pas de géant.

Nous remercions la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) pour son soutien à la réalisation du projet Gaspard des librairies indépendantes.

Photo : © Gabriel Germain

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