« En passant, je viens de perdre mon père, donc pas d’histoires de ce genre-là, s’il te plaît », m’a mentionné une cliente à la recherche d’un livre offrant réconfort et espoir. Si le réflexe de vouloir se protéger des larmes est tout à fait naturel, je me permets néanmoins d’insister sur un fait : certaines lectures, en nous faisant traverser des chemins certes difficiles, peuvent justement nous aider à surmonter de grandes épreuves comme celles du deuil ou de la rupture.

Avec une écriture pleine de lumière et de compassion, les auteurs et auteures ont la capacité de mettre en scène des personnages qui se débattent, s’abîment et se noient dans la douleur, mais qui remontent ensuite la pente après être allés au plus bas. Là réside tout le talent des écrivains qui réussissent à faire apparaître peu à peu une porte entrouverte vers laquelle nous nous rendons avec le personnage principal et son ou ses anges gardiens. Une fois le livre terminé, nous ne pouvons que pousser un soupir de soulagement et de bien-être. La magie a opéré.

Parmi ces livres qui redonnent espoir, commençons par J’ai choisi janvier de Nathalie Roy (Libre Expression), en partie l’histoire vraie de l’auteure qui a dû faire face à la décision de son père de faire appel à l’aide médicale à mourir. Dans un refus total de cette situation, Lili tente de convaincre son paternel de changer d’idée et de rester avec les membres de sa famille le plus longtemps possible. Son fils adolescent, triste mais respectant le choix de son grand-père, aidera sa mère à surmonter ce déni de l’évidence et à en sortir plus forte. Une histoire d’actualité qui touche et fait réfléchir.

Chercher Sam de Sophie Bienvenu (Le Cheval d’août) nous amène dans la traque du fameux Sam, le chien du personnage principal, Mathieu. L’intense désespoir de Mathieu nous donne carrément envie d’entrer dans le roman pour l’aider à récupérer cet être aussi précieux à ses yeux. En parallèle, l’auteure raconte le passé qui a mené le jeune homme à tenir autant à Sam. La route est sombre et semble parfois sans issue, mais la lumière filtre à travers les interstices et nous laisse avec un sourire aux lèvres. Une lecture qui frappe par moments, mais qui apporte aussi un sentiment d’espoir en l’être humain.

L’auteure française à succès Mélissa Da Costa a écrit plusieurs romans remplis de vie, dont Les lendemains (Le Livre de Poche). Amande vient de perdre son mari et se réfugie dans une petite maison en Auvergne, isolée de tout et de tous. Anéantie, elle tente de survivre à son deuil déchirant sans en avoir la volonté, jusqu’à ce qu’elle découvre les vieux calendriers horticoles de la propriétaire précédente. En se plongeant dans le jardinage de tout acabit, elle recommence à voir les couleurs et la beauté de son environnement, sort de son cocon funèbre et s’ouvre au monde extérieur. D’une plume douce et pleine de compassion, l’auteure peint un arc-en-ciel d’émotions dans une noirceur opaque.

Restons dans la thématique funèbre avec le roman Changer l’eau des fleurs de Valérie Perrin (Le Livre de Poche) où nous faisons la rencontre de Violette, une garde-cimetière qui prend soin des familles endeuillées en les écoutant et en entretenant les lieux avec les deux fossoyeurs. Cependant, personne ne sait ce qui a poussé cette jeune femme à prendre ce type de travail et à habiter un endroit que les gens tentent habituellement d’éviter. L’auteure nous dévoile avec transparence et humour les différentes strates de la vie parfois douloureuse de Violette. Un pur bonbon de lecture qui fait du bien.

Dans son œuvre La délicatesse (Folio), adaptée au cinéma en 2011, David Foenkinos nous tricote une histoire d’amour entre Nathalie, qui se perd dans son travail depuis des années pour oublier le décès accidentel de son mari, et son collègue quelque peu particulier Markus. À travers le combat de la jeune femme avec ses sentiments et l’évolution de sa relation avec un homme autre que son époux, le patron des tourtereaux fera des siennes par jalousie. Touchant, intelligent et marqué d’une touche d’humour, ce roman vous donnera envie de lire toute l’œuvre de David Foenkinos.

Tellement de merveilleuses lectures qui redonnent espoir dans les moments difficiles et si peu de place pour vous les présenter! Je vous offre tout de même quelques perles supplémentaires. Marie-Christine Bernard, dans le roman Matisiwin (Stanké), nous fait suivre Sarah, une Atikamekw, à travers les moments difficiles de sa vie par la voix de sa grand-mère décédée, sa kokom. Un beau chant d’amour et de possibles. Ensuite, avec Marie qui s’est enfuie loin des antiquités québécoises de son père pour vivre dans l’ère moderne avec un conjoint très techno, Obsolète d’Alexandra Gilbert (Stanké) montre le chemin à parcourir pour faire la paix avec son passé et apprendre à mieux se connaître. C’est ce que la protagoniste devra faire lors du décès de son paternel, élucidant également comment se débarrasser de toutes ses vieilleries de manière respectable. Dans un ton plus léger, Marie-Renée Lavoie, dans Autopsie d’une femme plate (BQ), nous fait découvrir Diane, une femme d’âge moyen, qui vient de se faire larguer pour la jeunesse par son mari. Entourée de personnages attachants, elle se relèvera avec une masse et une bonne dose d’humour. Pour terminer, Au pays du désespoir tranquille de Marie-Pierre Duval (Stanké) touche un sujet d’actualité : l’épuisement professionnel. Marie a une carrière florissante et envahissante en télévision, un mari attentionné et un fils adorable, mais elle ne fournit plus à la demande. Elle devra s’arrêter et se retrouver pour revoir la beauté de ce qu’elle possède en dehors du boulot.

Voilà! Permettez-vous un moment de lecture pour affronter vos zones d’ombre afin d’en ressortir grandi, les yeux pétillants d’espoir en vos possibilités.

Publicité