Roald Dahl: Celui qui croit en la jeunesse

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On dit que le goût de la lecture doit se développer le plus tôt possible. Malheureusement, pour certains jeunes, la lecture c’est comme le chou de Bruxelles, ce n’est pas très attirant. C’est pourquoi il est important de trouver des livres qui sauront les intéresser. Si on arrive à leur trouver une série ou un auteur qu’ils vont avoir envie de suivre, une bonne partie du travail est fait. Personnellement, Roald Dahl est l’auteur qui a consolidé mon désir de lire. Il me faisait rire, rêver et me venger. Avec lui, je vivais des aventures extraordinaires et jamais je ne m’ennuyais.

Dès mon premier Roald Dahl, j’ai eu envie de m’approprier cet auteur. Je voulais lire toute son œuvre et en savoir plus sur sa vie. Je me souviens encore de mon émerveillement en découvrant l’invraisemblable variété de bonbons dans Charlie et la chocolaterie (je me souviens également de ma mère qui m’a répondu « Tu vas te réveiller les cheveux tout collants », après que je lui ai dit que ce serait super d’avoir un oreiller en guimauve). D’ailleurs, j’ai depuis longtemps placé Charlie et la chocolaterie dans le top 5 de mes livres préférés à vie. Certains titres y entrent et en sortent, mais ce classique y occupe une place privilégiée. Je me souviens également du plaisir extrême que j’ai eu à voyager en compagnie de James et d’insectes géants dans une pêche tirée dans les airs par des oiseaux. Mon premier travail de libraire, c’est avec Fantastique maître renard que je l’ai fait. Persuadée que mon père adorerait l’esprit rusé du renard, je l’ai convaincu de lire ce roman jeunesse.

Il faut souligner que les dessins de Quentin Blake, illustrateur qui a collaboré avec Roald Dahl sur plusieurs de ses titres pour les enfants, m’ont aidée à apprécier mes lectures. Ces illustrations rendaient bien l’univers de mon auteur fétiche tout en y rajoutant une dose supplémentaire d’humour et d’irrévérence.

En vieillissant, j’ai pu continuer à admirer Roald Dahl, entre autres en lisant Moi, boy,un récit autobiographique sur son enfance dans l’entre-deux-guerres, en Angleterre, en suivant la série télé « Bizarre, bizarre », où il présentait des histoires étranges un peu épeurantes dans un style qu’on retrouve dans Kiss kiss, un de ses recueils de nouvelles, ou en regardant On ne meurt que deux fois, célèbre film de James Bond qu’il a scénarisé.

Je me suis également beaucoup intéressée à sa vision de notre société. Il critiquait énormément les parents qu’il trouvait trop contrôlants. Il avait envie d’avoir un contact avec ses lecteurs, mais souvent les adultes l’en empêchaient. Par exemple, il aurait aimé que les enfants de son voisinage viennent cueillir des pommes dans son verger, malheureusement leurs parents leur en interdisaient l’accès. Ce n’est probablement pas pour rien que dans ses livres pour les jeunes, ceux-ci ont souvent le beau rôle alors que plusieurs adultes sont des êtres secs, sévères et acariâtres.

Il dérange encore certains adultes et ce n’est pas pour rien que régulièrement certains de ses livres sont interdits dans les bibliothèques scolaires. On ne sait jamais, Matilda pourrait donner des idées à ceux qui veulent se venger. Mais en y réfléchissant bien, les romans de Roald Dahl peuvent surtout donner aux enfants une confiance et une autonomie dont ils ont bien besoin. Ils leur prouvent qu’ils peuvent se débrouiller dans toutes sortes de situations et que, finalement, ils ont le droit de ne pas aimer tous les adultes qui les entourent. Ce n’est pas parce qu’on est un enfant qu’on n’a pas de jugement! Aujourd’hui, plus de vingt ans après la mort de Roald Dahl, son œuvre continue de rayonner pour le plus grand bien de plusieurs jeunes qui – en entrant dans son monde imaginaire en lisant Les minuscules, Le bon gros géant, Sacrées sorcières ou tout autre titre de cet auteur prolifique – ont également la chance de s’ouvrir aux plaisirs de la lecture.

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