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Olivier Bernard est pharmacien, mais il est surtout connu pour son alter ego, le Pharmachien. Animateur et vulgarisateur scientifique reconnu, il a également écrit deux albums pour la jeunesse aux éditions Les Malins. Nous lui avons donc demandé une consultation, afin de discuter de vulgarisation scientifique, de méthode scientifique et de fausses nouvelles.

Avant d’être le pharmacien le plus connu des médias québécois, Olivier Bernard faisait de la vulgarisation scientifique sous forme de bandes dessinées Web, publiées sur le blogue Le Pharmachien. Il y déboulonnait déjà des mythes liés à la santé, remettait en question les promesses irréalistes des produits « miracles » et s’efforçait d’informer le grand public sur des enjeux scientifiques. Cette approche aussi décapante qu’éclairante de la science médicale a propulsé le Pharmachien sur nos petits écrans… mais aussi dans l’édition jeunesse.

La science à hauteur d’enfants
Pourquoi Olivier Bernard s’est-il lancé dans des albums pour enfants? « Quand j’ai écrit Le petit garçon qui posait trop de questions en 2018, je faisais de la vulgarisation scientifique depuis six ans, et j’avais constaté à quel point il était difficile de changer les perceptions et croyances, ainsi que d’inculquer la pensée critique chez le public adulte, répond-il. Donc je me suis dit que je devrais aussi investir des efforts dans la future génération! S’il y a un espoir de changer les choses pour l’avenir, il est là. »

Au-delà de la vulgarisation, les albums du Pharmachien mettent aussi de l’avant la méthode scientifique. Nous avons évidemment voulu savoir pourquoi il trouvait important de l’inculquer aux enfants. « On perçoit souvent la science comme quelque chose de très complexe et de réservée aux scientifiques, dit-il. Pourtant, penser de manière scientifique, tout le monde peut faire ça! Essentiellement, c’est de reconnaître que quand on se pose une question, il y a une manière de vérifier et de tester nos idées de manière structurée et objective, pour garder finalement celles qui sont les plus solides, plutôt que de simplement se fier uniquement à nos impressions et opinions. »

Olivier Bernard s’est d’ailleurs aussi intéressé à la question des fausses nouvelles dans son plus récent album. « Plusieurs parents m’ont mentionné, dans les dernières années qu’iels trouvaient difficile d’aborder avec leurs enfants certains sujets d’actualité, notamment la désinformation, mais aussi la polarisation et la violence. Ce sont des sujets délicats, et si les enfants posent des questions dessus, on doit pouvoir répondre quelque chose. Je me suis donc inspiré des recommandations de spécialistes pour construire mon histoire et des outils d’accompagnement. »

On ne naît pas vulgarisateur scientifique, on le devient
Puisque la vulgarisation scientifique est au cœur du parcours éclectique d’Olivier Bernard, nous lui avons demandé ce qui l’avait amené à faire ce choix. Il répond qu’à ses débuts comme pharmacien en 2004, il constatait déjà lors de ses consultations « que plein de croyances persistaient alors qu’on savait qu’elles étaient complètement fausses. Par exemple, l’idée que la vitamine C guérit plein de maladies, ou encore qu’avoir froid donne le rhume! ». Il ajoute : « Je pense que j’ai toujours été fasciné par les fausses croyances sur la science, donc j’ai utilisé cet angle dans ma vulgarisation. »

C’est une chose de faire de la vulgarisation auprès des adultes. Mais l’approche est sensiblement différente quand on réalise des albums pour enfants, non? Eh bien non, estime le Pharmachien. « En fait, je m’accorde plus de libertés dans mes albums pour enfants, ce qui est une bonne chose! Par exemple, dans Le mystère de la pyramide, j’ai décidé, sur un coup de tête, de faire rimer toutes les phrases. C’est une contrainte que je me suis imposée pour rendre le texte plus amusant et le vocabulaire plus varié. Alors que chez les adultes, ce serait perçu comme trop bizarre et superflu. »

Les sciences, c’est pour tout le monde!
Quand on lui demande s’il a des conseils pour les enfants qui voudraient devenir scientifiques plus tard, Olivier Bernard se montre enthousiaste : « Étudiez dans n’importe quel domaine des sciences, car ils sont tous passionnants! Et j’inclus les sciences humaines là-dedans. Il ne faut pas trop se mettre de pression pour faire “le bon choix” d’emblée, et plutôt se laisser la liberté d’explorer différentes choses qui nous intéressent, quitte à changer de direction. Il ne faut pas non plus imaginer qu’une carrière scientifique doit se limiter à une seule chose, ou n’avoir qu’une seule forme. Bref, gardez-vous autant de portes ouvertes que possible! »

Ce qui n’est pas sans rappeler le propre parcours professionnel du Pharmachien. « Oui, c’est vrai. J’adorais les émissions scientifiques quand j’étais jeune. Et au secondaire, je disais que je voulais devenir coroner, plus précisément un coroner médical. Par contre, mon choix d’étudier en pharmacie est vraiment dû au hasard, car les deux autres choix sur mon formulaire d’admission à l’université étaient “droit” et “génie alimentaire”. »

D’ailleurs, Olivier Bernard se garde une porte ouverte lorsqu’on l’interroge sur les autres sujets qu’il aimerait aborder dans de futurs albums jeunesse. « J’ai une idée pour un troisième album, que j’écrirai peut-être éventuellement… ou pas! Il traiterait de la biodiversité et de l’éthique animale, et des raisons qui expliquent pourquoi la santé et la survie des humains dépendent directement de celles des autres êtres vivants sur Terre. C’est un sujet qui me préoccupe quotidiennement. »

Le Pharmachien n’a donc pas fini de faire des siennes (ni des sciences!), pour le plus grand plaisir des enfants… et de leurs parents!

Article tiré du magazine
CJ, qu’est-ce qu’on lit?
Édition la plus récente :
Le numéro automne 2023
« Sciences et livre jeunesse,
un mélange explosif! »

 

 

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Illustration : © Sophie Benmouyal

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