Martine Le Coz connaît bien les Témoins de Jéhovah puisqu’elle a, de son plein gré faut-il préciser, rejoint leurs rangs entre l’âge de 18 et de 23 ans. Elle s’est même mariée parmi eux. Lorsqu’elle les a quittés, ils l’ont exclue pour hérésie, et ce, « pour être sûrs que je ne reviendrais pas avec des idées de travers », précise l’écrivaine. S’ensuit une période de réflexion et de recherche spirituelle dont elle sort aujourd’hui grandie : « Je me suis écartée des tous les systèmes religieux, mais je veux garder la beauté des intentions de paix et de fraternité. À travers mes écrits, j’aimerais bien être au service de la fraternité », explique Le Coz de sa voix menue. Dans un même élan, afin de mieux aborder les problématiques au cœur de Nos lointains et nos proches, la romancière a accompagné des médecins et des aides-soignants aux soins palliatifs d’un hôpital de sa région. À partir de cette expérience, elle a cherché à soulever des questions graves l’ayant longtemps taraudée, notamment celle de la responsabilité individuelle : « Si on a la foi, peu importe laquelle, je crois qu’il est vain d’abandonner la question de son salut à un système, quel qu’il soit », précise-t-elle.
Pas question, toutefois, de défendre une morale quelconque ; Martine Le Coz, qui voulait par-dessus tout s’éloigner du pamphlet, a préféré raconter une histoire à la fois intime et universelle. L’intérêt de Nos lointains et nos proches ne réside donc pas dans la dénonciation, même si le livre contient sa part de récriminations envers le despotisme religieux : « Je suis consciente de manquer beaucoup d’objectivité. C’est ce qui m’avait retenue de parler des Témoins plus tôt ; j’aurais eu peur d’être injuste, commente Martine Le Coz. Mon intention était de parler de la libération des personnages de mon roman, et non pas d’attaquer les Témoins, même si c’est le cas en même temps. Le but, c’est de montrer que les Témoins sont cernés dans un système qui dit la peur, le manque de confiance. La confiance, la liberté et la joie sont les signes de l’authenticité des êtres. C’est de ça que je voulais parler. »