Avec une popularité en hausse — on parle d’une augmentation des ventes de 35,2% selon les plus récentes données —, le manga attire de plus en plus d’amateurs parmi les jeunes. Besoin d’aide pour vous y retrouver et faire des choix éclairés? Voici les astuces d’une libraire passionnée!

Il y a des mangas pour absolument tous les âges et ceux conçus pour les jeunes lecteurs sont parfaits pour stimuler le plaisir de lire. Vus de l’extérieur, ils ressemblent en tout point à ceux que dévorent les plus grands, mais ils explorent des thématiques plus adaptées à leur âge. Les histoires sont remplies de rebondissements, sont simples à suivre, et les illustrations ne sont pas trop chargées en plus d’être très expressives. Par contre, comme la quantité de mangas publiés ne cesse d’augmenter, beaucoup de parents, de grands-parents et d’enseignant.es viennent en librairie et se retrouvent un peu démuni.es devant la quantité et la diversité de l’offre qu’ils y retrouvent. Alors, comment fait-on la différence entre les centaines de titres qui paraissent chaque année pour savoir ce qui convient ou non aux jeunes? Eh bien, pour commencer, voici quelques séries que vous pouvez facilement mettre entre leurs mains sans crainte.

Les premiers mangas (6-8 ans)
Pour les premiers pas en manga, entre 6 et 8 ans, les séries animalières demeurent une valeur sûre. Elles sont drôles, touchantes et nous en apprennent autant sur le comportement animal que sur les relations interpersonnelles.

Choubi-Choubi : Mon chat tout petit (Soleil), par exemple, est écrite par l’autrice de la série très connue Chi, une vie de chat (Glénat). Elle présente le quotidien d’une petite chatonne énergique et têtue et de sa maîtresse âgée qui tente vainement de la discipliner, mais qui finit toujours par abandonner et succomber aux charmes félins.

Globule, une vie de lapin (Soleil) raconte l’histoire de l’auteur qui apprend à vivre avec son nouvel animal de compagnie, une lapine du nom de Globule. Écrite sous forme d’anecdotes comiques d’une à deux pages maximum, cette série est parfaite pour les courtes lectures des plus jeunes.

Pour les enfants qui préfèrent les histoires fantastiques, vous pouvez vous tourner vers Momo et le messager du Soleil (Ki-oon), Fukuneko, les chats du bonheur (nobi nobi!) ou Chocotan (nobi nobi!). Dans Momo et le messager du Soleil, un petit manchot rouge accompagné de ses amis part à la recherche du messager du Soleil afin que celui-ci exauce leurs souhaits. Dans Fukuneko, une petite fille qui déménage dans la ville de Fukuneko est choisie par un serviteur du dieu des chats pour lui apporter du bonheur. Alors que dans Chocotan, une teckel naine communique avec sa maîtresse après avoir mangé une plante magique et l’encourage dans les défis de tous les jours.

Pour les préadolescents
Adressées aux 8 à 10 ans, quelques collections s’inspirent de jeux vidéo populaires et peuvent ainsi rallier un large public. Ce jumelage entre jeux vidéo et littérature en rebutera sûrement certains, mais l’enfant qui redoute la lecture en temps normal a plus de chance de se tourner vers quelque chose qui l’intéresse déjà dans sa vie de tous les jours. Et, s’il prend un manga (qui compte normalement environ 200 pages), il aura lu plus qu’à son habitude et commencera à construire l’habitude de se tourner vers un livre pour se divertir.

Pokémon (Kurokawa), qui existe aussi en jeu de cartes et en émission de télévision, attire facilement l’attention des jeunes, même ceux qui n’aiment pas trop les livres. C’est une collection avec une quantité impressionnante de titres qui a l’avantage d’être séparée en plusieurs sous-séries. On peut donc offrir une histoire complète en seulement quelques volumes, tout en ayant l’occasion de profiter d’une vaste série de titres à laquelle se référer si l’enfant en redemande.

Dans Power Gamer Adventure (nobi nobi!), une courte série en quatre volumes, le jeune héros spécialiste de jeux vidéo se voit confier la mission de sauver notre monde contre l’invasion de boss (des monstres très puissants) venus tout droit de la mystérieuse cartouche de jeu qu’il a introduite dans sa console par curiosité.

Pour les amateurs de jeux d’énigmes, L’agence de détective Layton : Katrielle et les enquêtes mystérieuses (nobi nobi!) est le titre parfait. La jeune enquêtrice Katrielle y résout des problèmes étranges tels que la disparition d’une aiguille de Big Ben ou d’un superhéros, avec l’aide de son assistant Olivier et de son chien parlant Sherl.

Deux autres séries pour cette tranche d’âge méritent assurément notre attention : Mon amie des ténèbres (nobi nobi!) et À l’assaut du roi (Kana). Dans la première, un jeune garçon débarque dans une classe où une fille est surnommée « la sorcière des ténèbres » à cause de son allure naturellement lugubre. Loin d’avoir peur de ses supposés pouvoirs occultes, le garçon se rapproche d’elle parce qu’il la trouve cool et finit par désamorcer, sans s’en rendre compte, toutes les situations où elle est victime d’intimidation.

À l’assaut du roi, quant à elle, présente un garçon qui développe une passion pour les échecs lorsqu’une amie lui montre les bases de ce jeu. Au cours des quatre volumes qui composent l’histoire, il en apprendra de plus en plus sur les diverses stratégies pour devenir aussi talentueux que son amie et l’affronter de nouveau à armes égales.

Pour les passionnés
Une quantité impressionnante de titres existent pour les amateurs de sports âgés de plus de 11 ans. En plus de mettre en scène un sujet qui les captive, ces séries permettent aux lecteurs d’en apprendre davantage sur leur sport favori à travers les techniques, les stratégies de jeu et la terminologie qui sont utilisées dans le récit. Les valeurs qui sont véhiculées par ce type de mangas sont toujours très positives. La persévérance, le travail d’équipe et le dépassement de soi rythment les récits.

Avis aux passionnés de soccer, deux séries en particulier retiennent l’attention : Ao Ashi Playmaker (Mangetsu) et Blue Lock (Pika). La première présente un jeune surdoué qui tente d’intégrer une grande équipe de Tokyo, alors que la seconde met en scène une compétition extrême entre les meilleurs attaquants de tout le Japon pour déterminer lequel est le meilleur.

Les amateurs de basketball pourront se tourner vers Dream Team (Glénat), dans lequel Sora développe ses talents malgré sa petite taille; Deep 3 (Mangetsu), qui présente les défis du talentueux Damian en proie à des troubles moteurs aux bras; ou Blue Box (Delcourt), à travers Taiki qui désire briller dans son sport (le badminton) autant que la joueuse vedette de l’équipe de basket. Pour des sports un peu moins connus, mais non moins appréciés, les lecteurs peuvent intégrer l’univers du volleyball dans Haikyu!! Les as du volley (Kazé) ou celui du karaté dans Karate Heat (Pika).

Si votre jeune adolescent se fascine plutôt pour les arts, il trouvera lui aussi son compte dans la BD japonaise. Lorsqu’il est question d’une passion, quelle qu’elle soit, les mangakas (auteurs et autrices de mangas) réussissent toujours avec brio à nous faire ressentir toute l’énergie, l’émerveillement et aussi les déceptions que vivent leurs personnages. Le dévouement et l’exaltation des danseurs et danseuses sont particulièrement bien mis en scène dans Welcome to the Ballroom (Noeve Grafx) (danse sportive), En scène! (Kurokawa) (ballet classique) et Wandance (Noeve Grafx) (hip-hop). Pour un intérêt vers la musique, les lecteurs peuvent se tourner vers PPPPPP (nobi nobi!) (piano), The Sound of my Soul (Akata) (violon) ou Nos c(h)œurs évanescents (Akata) (chant choral). Et si on veut allier un peu tout ça, la série Kageki-shojo (Noeve Grafx) nous fait entrer dans une école de formation pour les comédies musicales où les jeunes filles doivent apprendre à incarner aussi bien des personnages masculins que féminins.

Un peu de connaissances cachées
Vous aimeriez que votre ado de 12-14 ans s’instruise un peu plus? Plusieurs mangas sont écrits à partir de recherches très poussées de leur créateur sur des sujets les plus divers. Il en résulte des récits originaux qui renseignent leurs lecteurs autant que des documentaires tout en les divertissant adroitement.

Dans Les brigades immunitaires (Pika), on suit l’aventure d’un globule rouge (sous la forme d’une jeune fille) qui perd constamment son chemin lors de ses livraisons d’oxygène à travers le corps. Il rencontre un tas d’autres types de cellules (toutes sous forme humaine) et comprend leurs rôles lorsqu’il les voit réagir à diverses crises comme une réaction allergique, une grippe ou une intoxication alimentaire. Pour faire une incursion dans le monde de la peinture et des jeux de pouvoir à l’époque de la Renaissance, Arte (Komikku) est un titre sans pareil et pour bien comprendre l’importance du libre accès à l’information, Library Wars : Love & War (Glénat) donne une bonne idée des ravages possibles de la censure.

Le manga Silver Spoon : La cuillère d’argent (Kurokawa) est, quant à lui, une mine d’informations sur l’agriculture et les divers types d’élevages sans pour autant devenir une lecture assommante. L’humour, les personnages originaux ainsi que la curiosité du sujet en font un incontournable pour bien comprendre tout le travail derrière chacun des aliments qui composent nos repas.

Et si votre adolescent est déjà un lecteur invétéré de mangas et qu’il rêve d’en créer lui-même, Bakuman (Kana) saura assurément le séduire. Toutes les étapes de la création d’un manga y sont exposées avec détails par deux personnages adolescents qui rêvent d’écrire une série assez populaire pour être adaptée en dessin animé.

Bien sûr, cette liste est loin d’être complète. Il existe bon nombre d’autres séries intéressantes pour ces groupes d’âge et particulièrement pour les 10-12 ans et les 12-14 ans. Si c’est ce public que vous visez, voici quelques trucs qui pourraient vous aider à vous y retrouver.

À chaque public son genre précis
Premier point d’intérêt pour faire une sélection éclairée : les illustrations des couvertures. La majorité du temps, les couvertures pour les jeunes lecteurs sont colorées, les personnages ont l’air d’avoir l’âge de l’enfant auquel le manga s’adresse et les dessins sont simples, peu détaillés. Ensuite, la classification du genre par l’éditeur. Sur plusieurs mangas, on peut observer celle-ci inscrite sur le dos du livre. On retrouve surtout les trois plus grands classements des mangas (mais il en existe beaucoup d’autres) : le shonen, le shojo et le seinen. Le shonen s’adresse normalement aux jeunes garçons. Le personnage principal est un garçon et l’histoire est pleine d’action. Le shojo s’adresse principalement aux filles. Les thématiques tournent davantage autour de l’amour et des relations entre ami.es. Le seinen, lui, s’adresse aux adolescents plus âgés (15 ans et plus) et aux adultes. Les dessins y sont beaucoup plus détaillés et les thématiques sont souvent plus matures (comme la survie de l’humanité en contexte postapocalyptique par exemple), mais parfois l’histoire a simplement un rythme trop lent, contemplatif, pour plaire à un public plus jeune. Dans cette catégorie, sur les volumes qui sont particulièrement violents ou contiennent des passages explicites, il est généralement inscrit « pour un public averti » sur la quatrième de couverture.

Prenez le temps de feuilleter ceux qui attirent votre attention et vous pourrez plus facilement décider si le titre que vous avez entre les mains est adéquat pour l’enfant ou l’adolescent à qui vous voulez l’offrir. Et si après avoir vérifié tout ça vous avez encore des doutes, demandez conseil à votre libraire, il est là pour ça. Vos deux meilleurs outils sont votre instinct et votre libraire!

 

Le manga est un genre à part entière au sein de la grande famille de la bande dessinée. Dans sa définition la plus stricte, il regroupe les bandes dessinées venues du Japon. Le plus souvent, il est en noir et blanc, publié dans le sens de lecture original (c’est-à-dire de droite à gauche) et disponible en format de poche. Dans une définition beaucoup plus large, il regroupe plutôt un style graphique particulier venu du manga japonais, un format beaucoup plus petit que celui de la bande dessinée occidentale et un plus grand nombre de pages (autour de 180 pages).

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