Héliotrope : 10 ans de voix singulières

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La fleur d’héliotrope comprend plus de 250 variétés possédant toutes leurs propres formes, couleurs et particularités.

Leur point commun est qu’elles tournent leurs feuilles vers le soleil, attirées qu’elles sont par l’incandescence qui la nourrit en même temps qu’elle la caractérise.

En décidant un beau jour de 2006 de fonder sa propre maison d’édition, Florence Noyer a voulu donner lieu sans compromis à des voix d’auteurs fortes et singulières. Un pari qui, dix ans plus tard, se prend toujours, un livre à la fois. Nous avons posé quelques questions à Olga Duhamel, directrice littéraire, qui ne s’est pas trop fait prier pour entrer dès le début de plain-pied dans l’aventure. Une aventure derrière laquelle se trouve également une histoire d’amour puisque les deux femmes forment un couple dans la vie. Pour tout dire, elles ont même un fils qui est plus vieux que la maison et qui se prénomme… Hélio! C’était écrit.

 

Parlez-nous de l’histoire de la création des éditions Héliotrope. 
Au départ, Florence Noyer, qui travaillait déjà depuis pas mal d’années dans l’édition, a souhaité monter sa propre structure. Comme elle l’entendait. Publier ses choix. Je me suis laissée convaincre assez rapidement de me joindre au projet.  

On a commencé en publiant deux romans très littéraires et un livre de photo hors de prix pour nous. Bref, mi têtes brûlées, mi idéalistes, on a foncé.

Pourquoi avoir choisi l’édition? 
L’édition est une malédiction qui peut s’abattre, c’est un risque, sur ceux et celles qui ont le livre pour obsession (rires). Et puis, plus sérieusement, nous faisons partie de ces gens qui croient vraiment en une force politique irrémédiable du livre.  

Comment s’est constituée votre équipe actuelle? Qui la compose et quelles fonctions occupe chacune des personnes? 
L’équipe de départ est restée la même chez nous et nous tirons une certaine fierté de ça. Avec Yolande Martel au montage des livres, Laurence Jourde à l’édition et Antoine Fortin, à la direction artistique. Avec Antoine, nous entretenons une forme de télépathie depuis dix ans. La maison a pris le parti de la photographie dès le départ sans avoir jamais recours aux banques d’image. Chaque nouvelle couverture demande donc une nouvelle recherche photographique, qui peut inclure, comme récemment pour Sans terre, le voyage à l’île d’Orléans pour être sûr d’avoir la bonne image. Outre cette équipe de départ, nous avons embauché Cyrille Batalla il y a quelques années. Il s’occupe principalement de la promotion et de la production d’Héliotrope. Plus récemment, nous avons aussi engagé Annie Goulet à l’édition et notamment pour Héliotrope noir.  

Qu’est-ce qui vous a guidé et qui vous aiguille encore dans le choix des manuscrits que vous décidez de publier? 
Proust disait « Les beaux livres sont écrits dans une sorte de langue étrangère » et, d’une certaine manière, c’est cette « sorte de langue étrangère » que nous guettons dans les manuscrits qui nous sont envoyés.

Qu’est-ce qui vous rend le plus fier de ces 10 dernières années? 
Voir mûrir les talents et en voir éclore de nouveaux. 

Quels sont les plus grands défis auxquels doit faire face une maison d’édition comme la vôtre? 
Rester nouveau, à l’affût, et ne pas succomber aux sirènes du conformisme. Rester vraiment nouveau : ne pas courir après la dernière saveur du mois.  

Pouvez-vous nous confier un ou deux moments qui font partie de vos plus beaux souvenirs? 
En dix ans, il y en a eu plusieurs. Pour ne garder que le plus récent : voir des centaines de personnes affluer à la soirée de nos dix ans à la maison Notman a été un moment vraiment fort. Il y avait là à l’œuvre la force centrifuge de la littérature! 

Aussi, j’aimerais parler de votre collection noire. Qu’est-ce qui vous a mené à créer cette collection? Héliotrope noir nous permet de lier chaque titre à un endroit spécifique du Québec, puisque c’est la contrainte de chacun des polars de cette collection. Parce que nous avons, c’est vrai, l’ambition de cartographier avec le crime tout le territoire : ça avance… Et puis il y a dans le polar un décalage, effrayant ou drôle, qui comble des littéraires pur jus que nous sommes.  

 

Florence Noyer et Olga Duhamel
Crédit photo : HHno

Sur les vignettes, quelques-uns des auteurs de la maison Héliotrope. De gauche à droite : Louise Dupré, Martine Delvaux, Patrice Lessard, David Clerson, Catherine Mavrikakis.

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