Un livre qui fait l’objet d’une réédition porte nécessairement une parole qui a suscité assez d’échos pour qu’on veuille la réentendre. Nous avons donc décidé de mettre en lumière certains de ces ouvrages qu’il est impératif de revisiter.

Publié pour la première fois en 2013, Les filles en série de la romancière et essayiste Martine Delvaux nous revient dans une édition revue et augmentée. Dès sa sortie originale, ce livre a tôt fait d’attirer l’attention et de devenir un document de référence pour toute personne qui s’intéresse au sujet de la représentation des femmes. Le texte d’origine réunit déjà plusieurs exemples de ces images de femmes multipliées qui renvoient à une masse de corps sans véritable identité. En parallèle, Delvaux juxtaposait des modèles de filles qui ont repris le concept de la série, mais cette fois-ci en guise de contestation.

À l’édition présente s’ajoutent une nouvelle préface et trois chapitres qui abordent l’univers des ballerines qui s’opposent aux lieux communs, à l’engagement féministe de Beyoncé et aux femmes entre elles qui se rassemblent ici pour se soutenir contre les violences qui leur sont perpétrées. Delvaux fait aussi une place importante à la lutte contre la discrimination raciale qui est la première raison de cette réédition. Car si hommes et femmes font souvent face à un double standard, il en va de même en ce qui concerne les couleurs de peau. Martine Delvaux nous invite à déconstruire l’image de ces filles en série identiques et idéalisées qui ne font que perpétuer un modèle unique et galvaudé reproduisant ad nauseam le culte de la minceur et de la jeunesse, et critique aussi au passage celui de la blancheur qui s’incarne comme le paradigme dominant. À lui seul, ce segment mérite la (re)lecture du livre. Delvaux ébouriffe les idées reçues et pour ça, toutes les rééditions sont permises.

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