La Librairie du Portage, située au Centre commercial Rivière-du-Loup dans le Bas-Saint-Laurent, apparaît comme une alcôve à toute personne qui franchit ses portes. Un espace où le temps semble s’arrêter, permettant à l’esprit d’explorer, de découvrir, de rêver. Sa propriétaire et directrice générale, Valérie Lavoie, n’avait pourtant pas a priori misé sur le domaine du livre. Mais quand l’opportunité d’acquérir une librairie s’est résentée, elle a su d’instinct que c’était une affaire pour elle et qu’il lui fallait saisir sa chance. Sept ans plus tard, elle y est encore, plus persuadée que jamais que cette occasion n’était pas qu’un simple hasard.

Valérie Lavoie a en poche un baccalauréat en communication et elle travaillait comme directrice aux ventes et au marketing pour la salle Albert-Rousseau à Québec lorsque la crise de la quarantaine a sonné. Comme l’ambition d’être entrepreneure la tenaillait depuis longtemps, elle a commencé à lorgner du côté de ceux et celles qui cherchaient de la relève, y compris à Rivière-du-Loup, sa ville natale. Elle entend dire que la Librairie du Portage souhaite passer le flambeau. Même si elle n’avait jamais envisagé ce type de commerce par le passé, elle était déjà très attirée par la lecture. « Et là, les planètes se sont alignées, déclare-t-elle. Six mois plus tard, j’achetais la librairie. » Après, c’est sur le terrain qu’elle fera connaissance avec son nouveau métier. Elle aime raconter le moment de son premier rendez-vous avec une représentante. Celle-ci discute d’office, de mise en place, de consignation, un jargon élémentaire pour tout gestionnaire de librairie. « Là, je l’ai regardée… Je ne comprenais rien! se souvient-elle. Elle a été très gentille, elle m’a tout expliqué ce que ça voulait dire. Avec le recul, je me dis : “Oh my God! Je me suis lancée là-dedans et je ne connaissais même pas la base!” » Aujourd’hui, elle se rend compte qu’elle avait tout à apprendre, mais qu’à cela ne tienne, elle était partante pour la grande aventure.

S’impliquer de près
Les origines de la Librairie du Portage remontent à quelques dizaines d’années. Elle a occupé plusieurs endroits et reçu plus d’un nom. L’actuelle propriétaire l’a reprise de Monsieur Georges Fraser et s’applique dès lors à la faire aimer. Chaque jour, Valérie Lavoie bâtit et entretient auprès des lecteurs la confiance qu’elle et ses collègues ont pour credo. Gestion de l’inventaire et du personnel, relation avec la clientèle, élaboration et mise en pratique de la vision de l’entreprise, la DG ne ménage pas ses efforts pour offrir l’excellence dans le service et faire de sa librairie un lieu accessible qui propose une grande variété de styles et de genres. « Pour moi, ce qui est important, c’est que les gens aient un livre entre les mains, peu importe lequel, exprime-t-elle. À partir de là commence un cheminement qui les amènera à lire autre chose, puis à en découvrir encore plus. » La librairie abrite également une belle et vaste sélection de papeterie et de jeux pour qui voudrait profiter de sa visite et satisfaire aussi son côté ludique.

Selon notre interlocutrice, outre les aptitudes en management, il faut beaucoup aimer les livres et la culture pour avoir une librairie. « Le livre, ce n’est pas juste un objet de consommation, c’est plus que ça, précise-t-elle. Ça porte un message. » Le rapport aux livres est en effet différent que celui tenu avec un produit utilitaire. Il comporte une dimension humaine et sociale et endosse la mission de répondre à un besoin d’évasion, d’enrichissement ou d’émancipation, ce qui peut difficilement s’identifier et se qualifier. Complexe à circonscrire, le livre n’en demeure pas moins fascinant à conseiller et à explorer puisqu’il fait appel à notre part de rêverie, de soif de connaissances et d’imagination. Un de ses plus grands paris reste de faire partie d’un environnement qui sait s’actualiser et ne craint pas d’emboîter le pas aux élans novateurs. « Sans perdre l’essence de ce qu’est une librairie, elle profiterait d’être plus à l’avant-garde dans les façons de faire, de vendre, de promouvoir, pense Valérie Lavoie. Toute la chaîne du livre pourrait mieux s’adapter à l’évolution des marchés. » Pour ce faire, la participation d’acteurs et d’actrices enthousiastes et prêts à s’investir dans sa mise en valeur est primordiale.

L’engagement de Valérie Lavoie se poursuit hors les murs: en plus d’être collaboratrice littéraire pour la télévision régionale et d’enregistrer elle-même des capsules vidéo qui sont par la suite diffusées sur les réseaux sociaux, elle tient le rôle de secrétaire dans le conseil d’administration de la coopérative des Librairies indépendantes du Québec. « J’aime beaucoup l’industrie du livre et comme je n’étais pas de ce milieu-là, j’avais le goût d’en connaître plus, explique-t-elle. Venant d’autres groupes, je me disais que je pourrais aussi amener de nouvelles idées. » Ouverture et contribution engendrent le meilleur des mondes dans lequel la principale intéressée évolue avec grand plaisir. Car si le saut dans l’univers entrepreneurial et le roulement d’une librairie supposent temps et énergie, le regret ne s’est jamais pointé à la porte.

Le vent souffle
Étant donné que la Librairie du Portage peut compter sur la présence de libraires dévoués, Valérie Lavoie se considère comme bien entourée. Personne ne peut évidemment tout savoir, le nombre de publications, ne serait-ce qu’au cours d’une seule année, est si important qu’on ne peut pas prétendre en embrasser l’entièreté. Ce qui importe, d’après l’interviewée, c’est d’abord la passion pour les livres, de sorte qu’ignorant certaines informations, un libraire enhardi par la curiosité aura toujours envie de fouiller et d’approfondir ses connaissances. Et qualité également importante, il faut aimer, en tant qu’ambassadeur des livres, le contact avec les clients. À l’évidence, la propriétaire tire une grande fierté de son équipe. « Certains sont avec moi depuis le début, ils ont embarqué dans mes projets, m’ont apporté des idées qu’on a pu réaliser », dit-elle. Un espace a notamment été prévu lors du dernier déménagement pour que puissent se déployer des activités, séances de signature, discussions, lancements, faisant de la librairie une place dynamique de choix. Une autre initiative qui doit bientôt prendre forme est la création d’un balado qui abordera les livres marquants dans nos vies. « Ce que je souhaite à la librairie pour les prochaines années, c’est qu’elle continue à être vivante et vibrante », conclut Valérie Lavoie. Avec tout l’entrain et l’expertise dont la Librairie du Portage fait preuve, il n’y a pas de raison pour qu’il en soit autrement.

 

Les suggestions de Valérie Lavoie

La femme qui fuit
Anaïs Barbeau-Lavalette (Marchand de feuilles)

La grâce de l’imperfection
Brené Brown (Béliveau)

La griffe du chien
Don Winslow (Points)

Libérez votre créativité
Julia Cameron (J’ai lu)

L’allégorie des truites arc-en-ciel
Marie-Christine Chartier (Hurtubise)


Librairie du Portage

Centre commercial
298, boul. Armand-Thériault
Rivière-du-Loup

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