Depuis vingt ans, le Prix littéraire des collégiens offre aux étudiants et aux étudiantes l’occasion de participer à ce grand mouvement de lecture, en leur confiant cinq titres à lire afin d’exercer leur jugement et de déterminer éventuellement le meilleur.

Comment ça fonctionne ce prix? Tout d’abord, les enseignants et les enseignantes des collèges participants présentent leurs coups de cœur, à raison de trois ouvrages par établissement. De cette liste, les dix à quinze livres les plus populaires sont présentés à un jury, composé cette année de Mélikah Abdelmoumen, de Josée Boileau et de Louise-Maude Rioux Soucy. Le trio doit ensuite déterminer les cinq livres les plus pertinents. Ces cinq titres sont ensuite soumis aux étudiants et aux étudiantes qui devront, à leur tour, choisir leur lauréat et le confronter aux autres favoris. Nul doute que les débats seront rafraîchissants! C’est en avril 2023 que le livre gagnant sera connu.

D’ici là, savourons ces cinq livres finalistes :

Morel, Maxime Raymond-Bock (Le Cheval d’août)
Découvrez une entrevue ici.
« Roman social, roman historique, roman de mœurs, voire roman d’une certaine lutte des classes : les qualificatifs abondent pour ce livre d’une belle densité où le lecteur est amené à suivre le parcours de Jean-Claude Morel, ouvrier montréalais ayant participé à tous les grands chantiers qui ont transformé la ville dans la deuxième moitié du XXe siècle. Par le truchement d’une habileté narrative dont il convient de souligner la beauté et la fluidité, les époques s’imbriquent et s’entremêlent, des scènes de l’une semblant se prolonger tout en se coulant subrepticement au sein des autres, le tout finissant par dresser un portrait aussi total que touchant. Une lecture où la dureté de la vie est heureusement tempérée par la douceur de ceux qui la vivent. » – Philippe Fortin, Librairie Marie-Laura (Jonquière)

Mélasse de fantaisie, Francis Ouellette (La Mèche)
« Ce qui frappe d’abord quand on lit Mélasse de fantaisie, c’est la langue de son auteur à la fois fleurie et lyrique, crue et viscérale. On pourrait le lire des heures, Francis Ouellette, pour son joual poétique, son sens de l’image et du style. Les personnages qu’il nous raconte sont tous faits de la matière des légendes; Frigo, Chantale Choquette, Ti-criss, Raymonde, Mike et les autres, sous sa plume leurs vies deviennent épiques, leurs histoires, mythiques. Il nous promène dans les rues du Faubourg avec son guide, Frigo, sorte de fantôme des Noëls passés. L’auteur rend ainsi un vibrant hommage à cet homme, considéré par beaucoup comme l’âme du Centre-Sud dans les années de sa jeunesse. Mélasse de fantaisie, enfin, est un premier roman d’une grande puissance, plein de vie et d’émotions qui vous donnent les larmes aux yeux de joie et de révolte. Et on en aurait bien pris 200 pages de plus. » – Guilaine Spagnol, Librairie La maison des feuilles (Montréal)

Les marins ne savent pas nager, Dominique Scali (La Peuplade)
« Les marins ne savent pas nager explore un XVIIIe siècle alternatif situé sur la mythique île bretonne d’Ys qui selon la légende aurait fini par disparaître sous les flots. Scali en fait ici une république méritocratique qui confine le commun et les déshérités à une vie de parias naufrageurs ayant le choix entre rebâtir perpétuellement ce que les grandes marées balaieront bientôt comme châteaux de sable ou grappiller ce que les nombreuses tombes marines de la prospérité élective laissent entre de tranchants récifs. Sur plus de sept cents pages, l’élégance du style et la densité du propos ne faiblissent jamais, gonflant la grand-voile de cette caravelle aventurière, manœuvrant avec grâce entre les hauts-fonds et évitant les écueils narratifs. On lit avec la fièvre que seuls les maîtres du feuilleton savent inspirer et on s’émerveille de découvrir en Scali une bâtisseuse de monde, qualité prisée entre toutes des adeptes des littératures de l’imaginaire. Avec Les marins ne savent pas nager, elle fait la preuve de l’immense versatilité de son talent, révélant l’endurance de ceux qui sauront faire œuvre et l’unicité de sa voix. Larguez les amarres! » – Thomas Dupont-Buist, Librairie Gallimard (Montréal)

Le fil du vivant, Elsa Pepin (Alto)
Pour en savoir plus, lisez une entrevue ici.
« Dans un Québec inondé, proche du cataclysme, Iona lutte entre ses instincts de mère louve fusionnelle et sa soif d’évasion. Elle se remémore son intense jeunesse dopée alors que Nils, son époux, se réfugie dans un pragmatisme forcené pour les mettre à l’abri avec quelques proches dans le manoir familial, en plein bois. Les visions s’affrontent et les liens s’effritent quand la rivière monte, bouleversant les corps, les certitudes et les éléments. Il est alors ténu, ce « fil du vivant » sur lequel marchent Iona et son entourage, équilibristes d’un quotidien sans filet. Avec une redoutable lucidité, le nouveau roman d’Elsa Pépin fait se toucher nos extrêmes, se lit dans l’urgence, se vit comme une déflagration. Du genre qui résonne longtemps. » – Kareen Guillaume, Librairie Bertrand (Montréal)

Enlève la nuit, Monique Proulx (Boréal)
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On peut venir au monde à tout âge. Pour Markus, cela se passe au début de la vingtaine, quand il s’enfuit de la communauté fermée qui l’a vu naître et qui l’étouffe. Le voici donc plongé dans le « Frais Monde », dans la jungle urbaine, au risque de se noyer. [Résumé de l’éditeur]

Place à la lecture! On ne peut que souhaiter à ces jeunes des débats aussi instructifs que passionnants.

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