Hier, l’éditeur Penguin House, faisait une funeste annonce : le maestro du roman d’espionnage de la guerre froide, John le Carré, est décédé d’une pneumonie à l’âge de 89 ans.

L’écrivain britannique, s’inspirant des détails de sa brève carrière d’agent secret, avait participé à faire du roman d’espionnage un genre littéraire crédible et respecté. Son sujet de prédilection était les ambiguïtés politiques et sociales de la guerre froide; son esthétique se résumait en un phrasé précis et compendieux ainsi que des trames narratives soucieuses de la psychologie humaine et des nuances de gris du réel. Parmi ses plus grands succès comptent L’espion qui venait du froid, La taupe et La petite fille au tambour. Son antagoniste le plus notoire, George Smiley, figure qu’on pourrait considérer comme antithétique à celle de l’espion à la James Bond, a marqué son lectorat avec son flegme, sa rigidité et sa frénésie du détail.

Son dernier roman, Retour de service, restituait, avec ce même style désabusé et limpide qu’on lui connaissait, l’opacité de la condition humaine.

Des hommages d’anciens collègues et amis fusent de toute part, qualifiant John le Carré de géant de la littérature, de mentor, d’inspiration et d’esprit empreint d’humanité. Son œuvre, quant à elle, est décrite comme une des clés pouvant nous permettre de mieux sonder le XXe siècle de l’après-guerre et de la mondialisation.

Il avait eu l’obligeance de léguer, il y a neuf ans, l’ensemble de ses archives à la bibliothèque de Bodley, la plus prestigieuse des bibliothèques de l’université d’Oxford.

Il laisse dans son sillage un succès planétaire indéniable, plus d’une vingtaine de romans vendus à près de 60 millions d’exemplaires, une poignée d’adaptations à l’écran de ses œuvres et un arsenal de lecteurs endeuillés.

Photo : © Anton Corbijn 

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