À l’occasion de la Journée des librairies indépendantes, c'est avec grand plaisir que nous vous donnons la parole. C’est grâce à vous, lecteurs et lectrices, que les librairies indépendantes fleurissent, que nous prenons plaisir à travailler. Merci de nous faire confiance et de nous choisir.

Par Christian Bouchard, client de l’Exèdre et professeur à la retraite, Collège Laflèche

Mon histoire d’amour avec l’Exèdre remonte à sa fondation en 1981. Au centre-ville de Trois-Rivières, rue Saint-Georges, Benoît St-Aubin avait alors ouvert une librairie d’occasion où le choix judicieux du jeune libraire comblait mes attentes de lecteur impénitent, bien qu’infortuné.

À telle enseigne que depuis, la fortune m’ayant souri davantage, une carrière de professeur ayant fait croître mon profit, et l’Exèdre ayant ajouté les livres neufs aux livres d’occasion, je revendique fièrement le titre de premier actionnaire, même si mes actions se résument à l’achat de très nombreux livres, comme quoi l’intérêt d’un lecteur et celui d’un libraire relèvent d’une économie à visage humain, d’une conversation ininterrompue, parfois animée, toujours fructueuse, entre amoureux du livre.

Maintenant située au 910, boulevard du Saint-Maurice, l’Exèdre demeure cet espace de conversation où dans l’Antiquité, dit-on, se réunissaient philosophes et rhéteurs. En ce sens, Benoît St-Aubin a trouvé une relève exemplaire en ayant depuis peu comme copropriétaires Éliane Ste-Marie ainsi qu’Audrey Martel. Les deux jeunes femmes, appuyées par le travail inlassable de Gwenaëlle et d’Ann-Frédérick, multiplient les rencontres philosophiques, culturelles et littéraires, prouvant ainsi que de bonnes libraires nourrissent les passionnés du livre avec autre chose que du réchauffé ou de la malbouffe.

Par ailleurs, je crois qu’une vraie librairie indépendante est au monde du livre ce que l’épicerie fine est au grand bazar. On n’y trouve pas tout, mais presque tout ce que l’on y trouve nous met en appétit. C’est une question de bon goût. Par conséquent, de savoir-faire. D’art de vivre.

Je fréquente l’Exèdre comme d’autres, du temps des Lumières, se rendaient au salon de Madame du Deffand ou de Mlle de Lespinasse. Peu importe le jour de la semaine, le matin ou l’après-midi, le jeudi ou le vendredi soir, je sais que les dames de l’Exèdre seront là pour m’accueillir et m’inviter aussitôt à parler des livres comme on parle de la vie en général puisque lire c’est vivre.

Les frères Goncourt disaient de Mlle de Lespinasse qu’elle avait racheté « toutes les sécheresses du siècle ». La chaleur humaine que l’on trouve à l’Exèdre nous fait sentir avec raison que les plus grands livres favorisent les échanges de vues, et qu’une petite, mais grande librairie provoque le dialogue, nécessaire à une franche camaraderie, indispensable au bien commun.

J’aime l’Exèdre. J’y suis toujours en bonne compagnie. J’en ressors chaque fois avec un plaisir ou des pensées. Les radins n’y ont pas leur place, étant donné que seuls les cœurs généreux savent faire d’une simple transaction la promesse certaine d’un mieux-être.

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