À chaque édition de la revue Les libraires, nous vous proposons une sélection de livres qui se glissent facilement dans votre poche. Petit prix et petit format, certes, mais de grandes découvertes et de belles plumes!

Méfiez-vous des femmes qui marchent
Annabel Abbs (trad. Béatrice Vierne), Pocket, 426 p., 15,95$
L’autrice anglaise de romans biographiques à succès et marcheuse aguerrie part sur les traces de femmes artistes et écrivaines des XIXe et XXe siècles, parmi lesquelles on retrouve Frieda von Richthofen, Gwen John, Clara Vyvyan, Daphné du Maurier, Nan Shepherd, Simone de Beauvoir et Georgia O’Keeffe. Elle nous dévoile des pans de leur vie, dont le pouvoir bénéfique de la marche en pleine nature sur leurs créations et le moyen de s’affirmer et de s’émanciper. Beauvoir marchait jusqu’à quarante kilomètres par jour dans les Alpes. Au fil du récit, nous sommes surpris par l’audace de ces femmes à une époque où voyager seule n’avait rien d’évident. Un livre captivant qui donne le goût de marcher.
Michèle Roy, Le Fureteur (Saint-Lambert)

Ravir : les lieux suivi de Le hublot des heures
Hélène Dorion, Typo, 208 p., 19,95$
Ce recueil regroupe deux précédentes publications de l’auteure. Ravir : les lieux offre un style plus déconstruit que Le hublot des heures, mais les thèmes se complètent à merveille. Hélène Dorion nous fait réfléchir sur l’importance du présent, de voir les lieux, les gens, et de ne pas perdre notre temps sur des futilités. Sa plume acérée peut dépeindre la réalité crue et dure, mais aussi s’envoler dans le rêve et les souvenirs. Dans un style très fluide, Le hublot des heures nous fait voyager en nous-mêmes en décrivant ce qui se voit à travers les différents hublots, ces petites fenêtres sur notre passé et ce présent parfois apeurant qui nous freine dans notre élan, qui meublent nos vies. Le tout est cohérent et enveloppé d’espoir.
Marianne Duguay, Martin (Laval)

Le silence des repentis
Kimi Cunningham Grant (trad. Alice Delarbre), 10/18, 332 p., 15,95$
Ce roman rempli de secrets, de mystère, mais aussi de tendresse vous gardera sous tension. Au centre de la nature sauvage du nord des Appalaches, on suit Cooper et Finch, sa fille de 8 ans, vivant isolés du monde dans une cabane en pleine forêt. Du plus loin qu’elle se souvienne, Finch a grandi seule avec son père dans cet habitat. Tout ce qu’elle connaît, elle le connaît grâce à lui. Ce qui se trouve au-delà des bois l’intrigue, mais lui est interdit. Pourquoi? Ce sont les lois de Cooper. C’est ce qui leur permet de rester en sécurité. Leurs seules interactions sont avec un voisin solitaire nommé Scotland et un ami de la famille qui leur livre une fois par année des vivres, sauf cette année.
Chloé Larouche, Harvey (Alma)

L’inconduite
Emma Becker, J’ai lu, 412 p., 15,95$
Après le succès de son livre La Maison, une autofiction dans laquelle elle racontait son expérience positive de prostitution dans une maison close à Berlin, Emma Becker poursuit son exploration du désir, du sexe, de l’intimité et de l’amour avec une plume libre, assumée et acérée. Elle est maintenant devenue mère d’un petit garçon et vit en couple. Mais elle n’est pas comblée pour autant et fréquente d’autres hommes. Elle se questionne sur la maternité et les différentes facettes de la femme qu’elle est : « Peut-on rester femme en devenant mère? Qu’advient-il du couple lorsque l’on devient parent? Peut-on rester soi dans le désir des hommes? » Pourquoi faudrait-il que les femmes soient confinées dans un seul rôle? Une lecture saisissante.

Quand tu écouteras cette chanson
Lola Lafon, Le Livre de Poche, 208 p., 13,95$
Décoré du Grand Prix des lectrices de Elle, du prix Les Inrockuptibles et du prix Décembre, ce texte original raconte la nuit que la romancière a passé dans la Maison Anne Frank, à Amsterdam. Elle soulève le fait que tous connaissent la diariste de nom, mais que peu se souviennent du contenu de ses journaux. Elle raconte son sentiment, dans cet appartement vide. Elle fait résonner, de façon tout à fait adroite, le passé de la jeune fille avec le sien. Elle parle de ce qu’évoque le « je » utilisé par Anne, autant ce qu’elle est que ce à quoi elle a dû renoncer. « Peut-être commence-t-on parfois à écrire pour faire suite à ce qu’on a perdu, pour inventer une suite à ce qui n’est plus. Pour dire, comme le petit rond rouge sur un plan, que nous sommes ici, vivants. Si la mémoire s’étiole, les mots, eux, restent intacts, ils sont notre géographie du temps », y lit-on.

La reconstruction du paradis
Robert Lalonde, Boréal, 184 p., 14,95$
Dans la nuit du 26 décembre 2018, la maison de Robert Lalonde a complètement brûlé, détruisant notamment ses livres. Pendant un an, alors que sa compagne et lui attendent de pouvoir vivre dans leur nouvelle demeure, l’écrivain entreprend de traduire Walt Whitman pour s’occuper. Après ce chamboulement, c’est le temps de la reconstruction, du recommencement… Et quoi de mieux que de se tourner vers la littérature pour saisir le monde : « Je réapprends à vivre en poète et à écrire de même, à regarder pour faire voir, à écouter pour faire entendre ». Encore une fois, comme il l’a fait dans ses autres carnets (Le monde sur le flanc de la truite, Le vacarmeur, Le seul instant, entre autres), l’écrivain nous convie à ses réflexions sur ses lectures, aux mots qu’il traduit, à la nature et à l’écriture. Un renouveau apaisant au cœur de la beauté.

Fille de fer
Isabelle Grégoire, Québec Amérique, 240 p., 15,95$
L’hiver s’abat sur la Côte-Nord et Marie, conductrice de train minier dans le Nord québécois, voit son camion tomber en panne. Voulant résoudre le problème, elle se blesse en plein cœur de la nuit. Un homme, un mystérieux ermite, viendra à son secours, non sans décupler chez elle les questions : pourquoi personne ne la cherche? A-t-elle basculé dans le rêve? Qui est cet homme? Avec cette histoire haletante, Isabelle Grégoire offre un roman noir puissant qui explore les relations homme-femme, mais également celles qui unissent la nature à l’humain, ainsi que les Autochtones aux allochtones.

Riley tente l’impossible
Jeff Lindsay (trad. Julie Sibony), Folio, 480 p., 18,75$
On n’irait pas jusqu’à dire que Riley Wolfe est un Robin des Bois des temps modernes, mais le fait que ce cambrioleur ne vole que ceux qui font partie du 0,1% de la population la plus riche nous le rend drôlement sympathique. Ainsi, lorsqu’il apprend que les joyaux de la Couronne iranienne seront exposés dans un musée de New York, d’une valeur estimée à plusieurs milliards de dollars, rien ne le fait davantage saliver, lui, le meilleur voleur de monde. En élaborant son plan, il réalise qu’il devra, en plus de déjouer les astucieux systèmes de protection électroniques et user de son talent de déguisement, opérer à l’abri des regards de l’agent du FBI qui le traque depuis des années et des équipes de mercenaires loin d’être doux… Riley aime le défi, ça, il n’y a aucun doute là-dessus!

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