Le père Benoît Lacroix n’est plus

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« Ma plus grande joie? Hier, aujourd’hui, toujours : aimer. Non pas une personne en particulier ou en général, mais aimer d’amour toute personne qui frappe à la porte. »
Benoît Lacroix

Benoît Lacroix avait une voix forte, une foi inébranlable, une sagesse incontestable. Le père dominicain, un intellectuel de haut rang, un théologien reconnu, un humaniste inspirant, est décédé après une brève bataille contre la maladie. Il avait célébré son 100e anniversaire le 8 septembre dernier.

Né dans le village de Saint-Michel-de-Bellechasse, Benoît Lacroix poursuit de longues études universitaires (théologie à Ottawa, sciences médiévales à Toronto, études post-doctorales à Paris et Harvard). Ordonné prêtre dominicain en 1941, il enseigne dans plusieurs universités québécoises ou étrangères, particulièrement à l’Institut d’études médiévales de l’Université de Montréal, qu’il dirige d’ailleurs dans les années 60.

Sa contribution exceptionnelle à la société a été maintes fois saluée. En font foi ses nombreuses récompenses : Médaille Chauveau de la Société royale du Canada (1980), Officier de l’Ordre du Canada (1985), Grand officier de l’Ordre national du Québec (1996), etc.

Le passionné d’histoire laisse derrière lui plus de 50 ouvrages axés tantôt sur la spiritualité, tantôt sur la culture. Il a notamment écrit, en collaboration avec le poète Jacques Brault, une édition critique des œuvres de Saint-Denys Garneau. Il a fait de même pour les œuvres de Lionel Groulx. Cette passion pour les lettres l’a poussé à collaborer aux éditions Fides, où il travaillera au sein du comité de publication de la collection des « Classiques canadiens », aux Presses de l’Université Laval, où il dirigera la collection « Vie des lettres canadiennes », et aux Presses de l’Université de Montréal.

Ami de nombreux écrivains – Jacques Brault, Marie Uguay, Robert Élie, etc. –, Benoît Lacroix a été parmi les premiers à s’engager au sein de l’Union des écrivains du Québec, puis à participer aux premiers balbutiements de la maison d’édition Le Noroît.

Il a lui-même beaucoup écrit : d’abord, des contes – Le p’tit train, Les cloches, Quelque part en Bellechasse –, puis des ouvrages de spiritualité – Silence, Amour, Mort et survie des religions (Bellarmin). Il a aussi multiplié les collaborations avec d’autres penseurs : Nous, les vieux avec Marguerite Lescop, Dieu intervient-il dans l’histoire? avec Bruno Demers et Jacques Lison, Santé mentale, santé spirituelle avec Odette Bernazzani, etc. On gardera également un bon souvenir des livres de confidence, dont La mer récompense le fleuve, Que viennent les étoiles, et le récent Rumeurs à l’aube.

« Dans les moments difficiles, c’est là qu’on retrouve le meilleur de soi… », écrivait-il dans cet ultime dialogue. « Lâcher prise, ce n’est pas nécessairement une capitulation. Le jour cède à la nuit. Le corps cède au sommeil sans se culpabiliser. […] Lâcher prise ne représente-il pas une certaine obéissance à la nature? Et la nature est fondamentalement bonne. »

Merci, père Lacroix, vous aurez été inspirant jusqu’à la fin. 

Source : Radio-Canada

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