Grande secousse que celle du départ du plus secret de nos écrivains. Gallimard, l’éditeur de Réjean Ducharme, a en effet annoncé ce midi son décès, survenu hier. Il avait soixante-seize ans.

« Qu’est-ce qu’on a fait de notre temps? On en a tué le plus qu’on a pu. On ne peut plus et il nous en reste autant. Puis il nous saute à la gorge puis il nous serre pour se venger. » (Réjean Ducharme, L’hiver de force)

Ce géant aux traits d’homme nous a donné les romans L’avalée des avalés (dont la publication en 1966 est maintenant inscrite comme événement historique dans le Registre du patrimoine culturel du Québec), L’hiver de force et Va savoir, la pièce Ines Pérée et Inat Tendu, le scénario des Bons débarras. Il a écrit des chansons pour ses amis Robert Charlebois et Pauline Julien. Il était aussi sculpteur sous le pseudonyme de Roch Plante. Oui, tout ceci, et plus encore. Mais il vivait dans l’anonymat et fuyait les médias depuis plusieurs décennies. Il était pour son public une rumeur plus qu’un être de chair, mais une rumeur dont l’œuvre élève et émeut.

Très mince consolation, en septembre, nous découvrirons des dessins de Ducharme, avec la parution du livre Le Lactume : inédit de Réjean Ducharme présenté par Rolf Puls, aux éditions du Passage.

Doux adieux à l’un de nos plus grands…

 

 

(Photo : Ducharme photographié dans les années 1980 par sa compagne, feu Claire Richard. Source : Gallimard Limitée / Édito, Le Devoir.)

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